Aleteia vous éclaire sur les terribles monstres des prophéties bibliques…La venue de l’Antéchrist sur terre, la prophétie de celui qui annihilera l’humanité ? C’est peut-être paradoxal mais… ce n’est pas exactement ce que nous dit le livre de l’Apocalypse, le terme “Antéchrist” n’y apparaissant même pas… Aleteia a rencontré l’un des plus grands experts du célèbre texte de Jean, le professeur Giancarlo Biguzzi, pour qu’il apporte son éclairage historique.
Les épîtres de Jean
L’Antéchrist, tel que l’explique Giancarlo Biguzzi, “n’est jamais cité dans les textes bibliques, sauf dans les épîtres de Jean, et au pluriel. Il fait ainsi allusion à ceux qui nient la venue du Christ en chair”.
L’Impie
Dans la deuxième épître aux Thessaloniciens de Paul, des liens ont été établis entre cette figure et l’ennemi des temps ultimes, appelé “l’Impie” par Paul. Ici, la figure existe, mais elle ne prend pas le nom d’Antéchrist.
Le Dragon
Concernant l’Apocalypse, Giancarlo Biguzzi commente : “Il est question d’une triade anti-divine qui parodie Dieu sous toutes ses facettes, mais aucunement d’une prophétie de fin du monde, encore moins d’Antéchrists”. La première bête est un dragon, clairement identifiée par l’auteur comme Satan. Il se livrera à trois batailles, desquelles Dieu sortira toujours vainqueur.
Monstre de la mer
La deuxième figure a treize diadèmes. Elle symbolise ainsi un immense pouvoir politique. Elle est nommée bête de la mer par l’Apocalypse, en référence à la Méditerranée. “La bête incarne l’énorme pouvoir politique de Rome et des romains, non pas à la fin mais au milieu des temps.”
Monstre de la terre
Puis surgit la troisième figure, celle qui vient de la terre. Il s’agit en l’occurrence de la Turquie, où était profondément ancré le culte du souverain depuis Alexandre le Grand. “C’est un message contre le pouvoir politique romain, et contre le culte de l’empereur en Anatolie. L’Apocalypse dénonce ainsi l’idolâtrie : il faut aimer Dieu, et non l’empereur.”
Un livre “déformé”
En tant que livre polémique et agressif, riche en images fortes, il a été utilisé à toutes sortes de fins au fil de l’Histoire. Aujourd’hui, ce livre “a été vulgarisé ; sans perspectives de transcendance, il se lit uniquement à l’aune d’une catastrophe finale à laquelle il faut tenter d’échapper”. D’où découle une filmographie (et une culture) dans laquelle l’Apocalypse s’inscrit uniquement “comme une anthropologie désespérée et obscure”.
L’histoire relue à l’aune de Dieu
Dans l’Apocalypse, Jean a voulu lancer un message très ample (et raffiné) sur la fin du monde. L’Apocalypse est une lecture de l’histoire, définie par Biguzzi comme “in spiritu”, c’est-à-dire dans un esprit prophétique, car le mystère est révélé par Dieu aux prophètes (10,7).
““En esprit”, Jean dit avoir vu l’état spirituel des sept Églises de la christophanie de Patmos (1, 10), et en pneuma il dit avoir subi le ciel pour contempler, depuis les hauteurs de Dieu, l’affrontement entre le Bien et le Mal (4, 2). Enfin il dit avoir entrevu deux voies finales vers lesquelles l’histoire s’achemine (17, 3 ; 21, 10) : depuis le désert, comme lieu de corruption et d’impureté, il a vu Babylone, la grande prostituée, et la fumée de son incendie à l’horizon. Alors que depuis la montagne haute et sublime, il a vu la nouvelle et sainte Jérusalem, l’épouse de l’Agneau, où il ne manque pas de temple, puisque Dieu y est tout. En voyant l’histoire “en esprit”, Jean voyait donc l’Histoire depuis les hauteurs de Dieu, avec ses yeux”.