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Français et réfugiés sont dans le même bateau

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Jacqueline Picoche - publié le 09/06/16
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“Sauver notre prochain en péril est une nécessité existentielle.” Pour leur survie et… la nôtre.

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Georges-Paul Cuny, aujourd’hui octogénaire, issu de la famille nombreuse d’un industriel du Jura, a travaillé dans la presse, le tourisme, l’audit informatique, l’aménagement du territoire, au sein de la CEE en Belgique, puis comme chef de plusieurs entreprises.

Il a fait en 1984, à l’âge de 48 ans, la connaissance du P. Joseph Wresinski, fondateur d’ATD Quart-Monde, “L’homme qui déclara la guerre à la misère”, et cela a changé sa vie. Il est devenu son biographe, et a toujours soutenu son œuvre. C’est un patriote français qui s’adresse à ses compatriotes en s’indignant de voir “notre pays” suivre la pente du déclin de l’empire romain, nation d’assistés en voie de paupérisation en contraste avec d’énormes fortunes, de gens anesthésiés par des amuseurs, qui restreignent leur descendance, s’attachent à des chimères, manquent d’ambition nationale.

Il voudrait que les chrétiens remplissent leurs églises, que les Français soient conscients d’être héritiers de Jérusalem, d’Athènes et de Rome, qu’ils connaissent leur histoire et en soient fiers, qu’ils cultivent correctement leur langue. Oui, à ce prix ils pourraient intégrer un nombre considérable de “réfugiés” par une “acculturation maitrisée” sans trop craindre de perdre une “identité” faite d’habitudes de vie qui ont toujours évolué au cours des siècles.

Ouvrir les frontière aux migrants ? Une bonne action

Le “regain de puissance spirituelle et économique auquel la France doit aspirer si elle veut échapper au déclin”est-il possible ? Bien sûr, puisqu’il est nécessaire. “Nous sommes dans l’obligation de nous mettre en situation de pouvoir”. Pourquoi ? à cause de “la nécessité existentielle de sauver notre prochain”. Notre situation est comparable à celle du héros de la Chute d’Albert Camus qui n’arrive pas à surmonter le souvenir du jour où il n’a pas porté secours à une jeune femme qui s’est jetée à l’eau. “En ne la sauvant pas, il s’est suicidé avec elle”. Le sauveteur fait son propre salut en épargnant son semblable en danger de mort.

La grande migration d’aujourd’hui n’a rien d’exceptionnel. De tout temps les gens fuient les guerres pour échapper à la mort ; ils émigrent pour améliorer leur sort ; ils se forgent de nouvelles existences dans des pays étrangers : ils s’adaptent aux pires situations. Toute l’histoire de l’humanité est faite de telles migrations, et celle-ci nous donne l’occasion à la fois d’une bonne action et d’une bonne affaire. Car enfin, parmi les pays d’Europe la France est l’un de ceux qui comptent le moins d’habitants au km2. Si nous étions seulement au niveau de l’Italie, nous serions 130 millions d’habitants. Et, proportionnellement à l’importance de leur population, d’autres pays, beaucoup plus pauvres, accueillent bien davantage de réfugiés. Le Liban vient largement en tête avec 232 réfugiés pour 1 000 habitants ! Or, nous ne sommes guère que 66 millions. Si nous voulons ne pas rester une nation rabougrie et atteindre les 100 millions dans un délai raisonnable, nous pouvons relancer notre natalité et en absorber, des réfugiés !

Redresser la France

On voit que les positions de Georges-Paul Cuny coïncident avec celles d’Angela Merkel qu’il admire, et du pape François, qu’il ne cite pas. Il minimise le risque de terrorisme et ne parle pas du tout des problèmes particuliers que pose l’islam en matière d’ “acculturation”. Si l’on compare son petit livre au gros livre de Jean-Yves le Gallou Immigration : la catastrophe. Que faire ? (éditions Via Romana), on constate avec surprise que l’un comme l’autre sont d’accord, au moins en ceci qu’ils en appellent au courage et au redressement de la France.

Dompter les mots

Quoi qu’on pense des opinions de l’écrivain et des chiffres qu’il avance, on peut admirer son talent. Pourtant rien, dans sa formation et sa carrière ne le prédisposait à se faire écrivain. C’est à la demande du P. Wresinki qu’il a produit quatre romans ayant pour sujet des familles en grande misère. Il s’exprime ainsi dans une interview : “Écrire est l’acte qui me donne avec le moins d’incertitude le sentiment d’exister. En même temps, c’est difficile. Les mots ne se laissent pas sagement coucher sur la page : il faut les en arracher. Ils ne se laissent pas toujours “dompter” comme on le voudrait. Et lorsqu’on écrit un roman ou une biographie, il reste toujours certaines choses essentielles que l’on n’arrive pas à exprimer”. Eh ! bien, dans ce texte du moins, il les a bien domptés, les mots. Il s’y montre talentueux pamphlétaire et grand orateur. Ses métaphores coulent de source. En d’autres temps, il serait monté en chaire et aurait rivalisé avec Bossuet ! Stylistiquement, ses élans d’indignation sont proprement admirables.

 

100 millions de Français, les réfugiés et nous, de Georges-Paul Cuny. Éditions Salvator, 123 pages, 14,90 euros.

 

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