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Quand l’Église parle de méditation, elle se réfère surtout à une "rumination" de la parole de Dieu, à la lectio divina, expression monastique qui signifie une lecture priée du texte biblique. L’important est que la lecture se change en prière, en oraison. "Cherchez en lisant, et vous trouverez en méditant ; frappez en priant, et il vous sera ouvert par la contemplation" (Catéchisme de l’Église catholique, no 2654).
1L’accueil de la Parole
Il y a un lien essentiel entre chacun des quatre degrés, vus comme une progression de l’âme vers Dieu. Par la lecture de la parole de Dieu, nous cherchons Dieu. Par la méditation, nous "ruminons" cette parole afin de nous en imprégner le cœur. Nous exprimons le désir de goûter Dieu par la prière. Et par la contemplation, notre âme est ravie en Dieu, le savourant avec douceur.
Ainsi, dans la prière chrétienne, tout résulte de l’accueil de la parole de Dieu, "lumière de mes pas, lampe de ma route" (Ps 118, 105). Cette rumination de la Parole ne se vit pas seulement dans les monastères, elle se pratique aussi dans nos maisons. À nous de la lire, de la méditer, de la prier et de la contempler, comme l’écrit Guigues II le Chartreux :
"Bienheureux celui qui, appliqué au premier degré, attentif à chercher au second, fervent au troisième, élevé au-dessus de lui-même au quatrième, monte en se fortifiant de plus en plus par ces chemins que Dieu a disposés vers lui dans son cœur, jusqu’à ce qu’il voit Dieu lui-même en Sion" (L’échelle des moines, Cerf, 1970).
La lecture nourrit la méditation qui alimente notre prière. La prière frappe à la porte du cœur et le Seigneur nous ouvre dans sa grande miséricorde. La lecture de la Parole nous met Dieu en bouche, la méditation en scrute les sens, la prière nous la fait désirer et la contemplation nous refait de l’intérieur. C’est ainsi que la lecture méditée de la Bible nous prépare à la prière en nous mettant en présence de Dieu. Par la méditation, nous faisons attention à tel mot, nous établissons des correspondances avec d’autres textes bibliques, nous réfléchissons sur les bienfaits que Dieu nous donne.
2L’écoute de la Parole
La méditation permet une écoute attentive de l’Écriture, non seulement avec la tête, mais avec le cœur. La prière nous détache du texte et nous nous entretenons spontanément au Seigneur sous forme de demande, de louange, d’action de grâce, d’offrande de notre vie. Même si nous ne ressentons rien, Dieu passe quand même. Nous sommes là pour Lui et nous Lui offrons notre prière de pauvre. Nous communions à son silence et nous demeurons en son amour. Ainsi, nous laissons le Père nous aimer, le Fils nous parler, l’Esprit agir au plus profond de notre âme.
Saint Charles de Foucauld a vécu cette méditation priée de la parole de Dieu qu’il recommande à son ami Louis Massignon dans une lettre du 22 juillet 1914 :
"Tâchez de trouver le temps d’une lecture de quelques lignes des saints Évangiles, en prenant chaque jour à la suite, de manière qu’en un certain temps ils passent entièrement sous vos yeux, et après la lecture (qui ne doit pas être longue : dix, quinze, vingt lignes, un demi-chapitre au maximum), méditez pendant quelques minutes mentalement ou par écrit sur les enseignements contenus dans votre lecture. Il faut tâcher de vous imprégner de l’esprit de Jésus en lisant et relisant, méditant et reméditant sans cesse ses paroles et ses exemples : qu’ils fassent dans nos âmes comme la goutte d’eau qui tombe et retombe sur une dalle toujours à la même place". (L’expérience de Dieu avec Charles de Foucauld, Fides, 2004).
L’Esprit Saint souffle dans les Écritures. C’est en le laissant prier en nous que nous arrivons à la contemplation, car Dieu veut se donner et il est toujours libre de ses dons. La contemplation féconde l’action, purifie l’engagement, nous ouvre sur Dieu et le prochain.
3Prier la Parole avec le corps
La parole de Dieu précède notre prière, la soutient et la prolonge. Nous pouvons l’intégrer avec tout notre corps par ce que l’on appelle le récitatif biblique ou la rythmo-catéchèse, méthode inspirée du jésuite Marcel Jousse. Il s’agit d’apprendre un passage de la Bible en l’inscrivant dans le cœur par le balancement du corps, la mélodie et le geste.
Cette discipline allie la dimension corporelle et spirituelle de la personne en l’enracinant dans la tradition orale de la Bible. On s’abandonne au mouvement, à l’intérieur comme à l’extérieur, par le souffle vivant de la Parole qui agit comme la pluie abreuve et féconde la terre. "Ma parole, qui sort de ma bouche, ne me reviendra pas sans résultat, sans avoir fait ce qui me plaît, sans avoir accompli sa mission" (Is 55, 11).
Pour aimer en vérité le Dieu fait homme, nous écoutons sa parole avec tout notre être, nous le voyons dans une prière de foi, nous le touchons par le pardon, nous goûtons son pain descendu du ciel, nous sentons obscurément sa présence. Son amour s’unit à notre amour. Le silence est habité de sa présence. La Parole accomplit sa mission.