Algérie, nuit du 26 au 27 mars : sept moines trappistes sont enlevés au monastère de Notre-Dame de l’Atlas.
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Christian, Luc, Célestin, Michel, Christophe, Paul et Bruno, moines de l’Ordre cistercien de la stricte observance, sont kidnappés. Leur monastère est situé dans le bastion d’organisations terroristes. Le Groupe Islamiste Armé (GIA) revendique deux mois plus tard la mort des moines, le 23 mai 1996, après les avoir égorgés deux jours auparavant. Leurs têtes sont retrouvées le 30, et leurs corps, disparus, en cet anniversaire qui tombe lors du week-end pascal, pourraient bien être ressuscités.
Deux décennies ont passé et le doute plane toujours sur l’auteur du crime, entre les services secrets algériens et le GIA. En effet, l’autopsie effectuée sur les crânes à l’automne 2014 aurait permis d’identifier la date exacte de la mort et avec elle son responsable. Hors, les résultats qui devaient être transmis par le désormais célèbre juge Marc Trévidic, n’ont pas pu être divulgués à cause de l’interdiction des autorités algériennes. Cela aurait notamment permis de savoir si “la décapitation avait eu lieu ante ou post mortem”. Cependant, une autre thèse vient contredire la date réelle des décès Ils se savaient menacés et ont choisi de rester, de manière irrévocable, en Algérie. Voici sans doute la déclaration la plus importante à retenir : la fermeté de leur vocation.
Vingt ans après, et comme le titre qui fait suite aux intrigues des Trois Mousquetaires, le sens de cette histoire demeure une énigme aussi bien qu’un rappel. Les martyrs du monastère cistercien s’étaient en effet donné pour mission de “chercher Dieu avec l’islam”. Quoi de plus actuel dans le désir de paix tant convoité par la communauté internationale entre les deux parties.
Les critiques portées par l’ancien directeur du contre-espionnage français, Yves Bonnet, à l’encontre des conflits d’intérêt entre les différents services de renseignement français de l’époque, rappellent celles des affaires terroristes récentes.
Le frère trappiste Thomas Georgeon, postulateur de la cause de béatification des 19 martyrs d’Algérie, apporte ainsi sa vision sur le message des moines de Tibhirine pour le temps présent. Il évoque une “mystérieuse influence qui leur a permis de faire l’expérience du mystère pascal jusqu’à devenir feu, lumière et message d’évangile pour l’Église” et souligne que “l’important pour eux était d’être là, présence du Christ dans des lieux de souffrance, dans des lieux d’abandon, dans des lieux de mort”. Le moine déclare ensuite que l’anniversaire de leur mort le jour du triduum pascal “donne une grande note de vie et d’espérance”.
La petite communauté, fondée en 1938, souhaitait vivre la charité monastique et le partage en terre musulmane. Et revoir le film de Xavier Beauvois, Des hommes et des dieux, est encore le meilleur moyen de les revoir en vie.