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Une soirée avec les Captifs

Sylvain Dorient - publié le 22/03/16

“Aux Captifs la Libération” rencontre et accompagne les “gens de la rue”, sans domicile ou prostitués.Pénétrer dans l’église Saint-Leu, à Paris, c’est basculer de la rue Saint-Denis, avec ses sex chop et son agitation nocturne à une assemblée joyeuse, qui prie et rend grâce. Dans les rangs, les cathos bien peignés côtoient les barbus broussailleux, aux visages tannés de ceux qui vivent dehors. C’est la vocation de cette association, rencontrer les “captifs de la rue” les intégrer dans la communauté, les libérer.

“J’étais captive, moi aussi”

Au micro, la jeune femme témoigne de ses cinq ans de bénévolat au service de l’association, et admet qu’elle a longtemps souhaité, sans oser, se rapprocher des gens de la rue. “Moi aussi, j’étais captive”, assure-t-elle, l’association lui a permis de participer aux Maraudes. Les Captifs en mènent 1 570 par an ! Il s’agit de rencontrer les gens de la rue “les mains nues”, sans apport matériel immédiat. L’idée est d’établir des relations personnelles, car ils souffrent en premier lieu de l’oubli et de l’isolement. Quand une relation s’installe, elle soigne les deux interlocuteurs, explique cette jeune femme : “Je vois ce que nos amis traversent, je vois la force qu’il leur faut pour se relever, et je leur dis : “Vous êtes nos maîtres !””

Devenir invisible

Un autre intervenant, cinquantenaire, prend la parole et raconte la relation qu’il a partagée avec un sans domicile qui vivait en bas de chez lui. “Un jour, il m’a confié ses affaires pour quelques minutes. J’étais heureux car c’était une marque de confiance. Puis j’ai fait l’expérience de voir les Parisiens passer devant sans me voir, ils me prenaient pour un SDF. J’étais devenu invisible ! Quand mon ami est revenu, il m’a dit qu’il n’était pas près de m’embaucher : je n’avais pas gagné une seule pièce !”

Trop de murs, pas assez de ponts

Puis la parole est donnée à un des “voix de la rue”, qui s’avance. Sa démarche, raidie par la maladie, ses cheveux longs décoiffés et son visage buriné lui donnent une aura impériale : c’est Sitting Bull – ou Jésus – qui cite Kippling “Les hommes ont construit trop de murs, pas assez de ponts”. Il rend hommage au fondateur, le père Patrick Giros. Dans son témoignage, il rappelle que les captifs ont été là, ont respecté sa liberté, pour l’aider à se sortir de la fosse dans laquelle il était tombé.

“La joie a toujours un effet de surprise”

On ne tombe pas dans la rue par plaisir, et le récit des souffrances endurées pourraient désespérer, mais il arrive souvent, contre toute attente, qu’une personne suivie par les captifs se relève, et parvienne à se libérer de la rue. L’aumônier de l’association, Emmanuel Schwab, assure : “La joie a toujours un effet de surprise”. Des récits de ces joies là, les bénévoles des Captifs pourront vous en parler : un SDF qui a renoué avec sa famille, a trouvé un travail, s’est mis en couple…

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