Le documentaire « Paroles de déserteurs » livre les témoignages d’anciens combattants de l’État islamique : ils ont vécu au cœur du sinistre « califat ».Le réseau clandestin Thuwwar Rakka exfiltre des membres de l’État islamique (Daesh en arabe), qui souhaitent se retirer de l’organisation. Un travail risqué : l’organisation terroriste a tenté de les piéger à de nombreuses reprises ! Ils constatent que les candidats au départ sont nombreux : « Nous sommes en contact avec 85-90 membres de l’État islamique qui souhaitent déserter, mais ils sont forcément beaucoup plus », explique l’un des responsables de Thuwwar Rakka devant la caméra d’Arte.
« Les civils avaient peur de moi »
Ils partaient en guerre contre le régime de Bachar Al Assad, et espéraient que l’État islamique résoudrait les problèmes de corruptions. Ils se voyaient comme des libérateurs, mais ils ont vite constaté qu’on les craignait. L’un d’entre eux témoigne : « Quand j’entrais dans un magasin, je passais la moitié de mon temps à rassurer les gens, à leur dire que je n’allais pas leur faire de mal. En m’engageant auprès de l’État islamique, je croyais qu’ils allaient m’aimer, mais ils étaient terrifiés. »
Quand les assassins font la police
Les civils ont de bonnes raisons de craindre les membres de Daesh, comme les déserteurs l’ont rapidement appris. Les prisons sont pleines d’innocents, arrêtés et torturés pour des raisons absurdes. L’un des repentis témoigne de l’histoire d’un couple exécuté le jour même de son mariage, parce que la future épouse portait du maquillage. Leurs corps ont été jetés dans « Al Ruta », un grand gouffre qui s’ouvre au milieu du désert, et qui sert de charnier à la « police » de l’État islamique. Ils agissent de la sorte pour que les corps ne puissent pas être retrouvés, ni identifiés. Ils effacent les traces de leurs crimes, comme s’ils craignaient leur chute. Thuwwar Rakka récolte donc autant de photos et vidéos que possible, espérant le jugement des assassins.
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Sur le chemin de la rédemption
Ces repentis ne sont pas des enfants de chœur, beaucoup ont probablement commis des crimes. Ils étaient et demeurent des musulmans radicaux : l’un d’entre eux témoigne qu’au début, l’État islamique lui convenait parce que la société était bien organisée et les femmes « correctement habillées ». Un autre justifie l’amputation des membres pour punir un vol. Mais ils ont refusé la machine de mort de Daesh, où les combattants sont achetés par l’argent et divers avantages, et où il faut obéir aveuglément au chef.
En route pour la France
Preuve qu’il faut rester prudent à l’égard des « déserteurs » : parmi eux, Thuwwar Rakka a interpellé un Français qui possédait sur son téléphone toute une série de vidéos expliquant comment fabriquer une bombe et comment diriger une voiture à distance. Le parfait « kit » du terroriste tentant d’exporter le djihad !