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“Vous nous avez sauvés” : des Ukrainiens réfugiés en France racontent

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AFP

Sylvain Dorient - publié le 03/03/16

Une famille entière a échappé à la guerre et reconstruit aujourd'hui sa vie en France grâce à la solidarité de ses nouveaux voisins.

“Ce qu’elle veut dire en premier à vos lecteurs, c’est qu’elle remercie tous ceux qui les ont aidés. Jamais nous n’aurions imaginé autant de générosité !” La sœur de cette mère de famille ukrainienne, exilée en France, traduit pour nous la reconnaissance qu’elle tient absolument à exprimer, en Russe et avec quelques mots de Français. Notre traductrice mérite elle aussi des remerciements : elle cohabite avec la famille de sa sœur dans son appartement depuis six mois ! Elle a elle-même deux enfants mais “ça va”, assure-t-elle “car mon mari est très gentil”.

Une maison sur la ligne de front

Ces Ukrainiens russophones détaillent comment leur ville est devenue un poste frontière, entre miliciens indépendantistes du Donbass et miliciens de Kiev. “Quand le président de l’Ukraine, Porochenko, a voulu interdire la langue russe, cela a été l’étincelle qui a mis le feu aux poudres. Des milices se sont levées, et l’Ukraine a voulu les mâter.” Mais l’Ukraine n’avait pas de vraie armée, elle a donc eu recours à des milices et à des jeunes qui n’avaient jamais fait l’armée, et n’a jamais réussi à reprendre les régions de l’Est. Une guerre d’usure a commencé, et cette famille s’est trouvée exactement sur la ligne de front. “Notre ville a été investie par les miliciens ukrainiens, juste après elle c’est la zone pro-russe. Les deux camps ont construit des barrages sur les routes. Ils sont tous les deux en tort pour cette guerre affreuse.”

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Les "panneaux de signalisations" installés par les miliciens pro-Russes pour encourager la délation © Free Use

Dénoncez les pro-Russes !

La mère de famille a pris un panneau en photo, elle n’y croyait pas : il ressemble à un avertissement gouvernemental contre la grippe, mais lorsqu’elle traduit, il s’agit d’un encouragement à la délation. Il y est écrit : “Si l’un de vos voisins parle le Russe ou présente des opinions politiques favorables à Poutine, appelez ce numéro, nous serons là tout de suite pour nous en occuper”. Et cette famille sait bien ce qu’ils entendent par s’en occuper. L’un de leurs amis a été arrêté par les miliciens, parce qu’il transportait de la nourriture d’un côté à l’autre de la frontière. Il a été torturé, emmené dans un champ et abattu.

Des sacs à vodka aux commandes des chars

Cette famille était attachée à son pays, mais elle n’en pouvait plus de devoir dire à leur enfant : “C’est un peu d’orage” à chaque nouveau tir d’artillerie. Elle était révoltée par ces miliciens qui faisaient la loi. Dans les deux camps, on donne des armes à des hommes sans formation, mal encadrés. Un jour, les miliciens ukrainiens ont écrasé une poussette avec un tank, la mère a été paralysée, la petite fille est morte. “Ils étaient souls… Après cela les affrontements ont failli reprendre dans le village, les russophones étaient prêts à écharper les miliciens.” Les parents voulaient que leur garçon grandisse loin de tout cela, dans un endroit où il pourrait quitter la route sans risquer de sauter sur une mine ou l’une de ses bombes à fragmentations, pourtant interdites.

Billets aller-retour pour la France

Pour que personne ne puisse soupçonner que la famille partait pour s’exiler, ils ont pris des billets aller-retour pour la France, comme s’ils allaient rendre visite à leur sœur pour les vacances. Sur place, ils ont demandé l’aide de la Croix-Rouge. Par bonheur, dans la ville où habite leur parente, toutes les associations se connaissent et communiquent entre elles. Le Secours catholique puis la paroisse voisine sont arrivés en renfort. Des appels aux dons ont été faits à la sortie des messes dominicales pour trouver un moyen de loger cette nouvelle famille.

Merci Pape François !

Les deux familles sont orthodoxes, mais elles remercient aussi le pape François pour son appel à ce que chaque paroisse accueille un migrant. Les bénévoles et les paroissiens ont fait un travail admirable. Le curé de la paroisse a trouvé un logement inoccupé, mais à l’abandon, pour eux et la famille. Six mois plus tard, ils pouvaient emménager grâce aux coups de mains du voisinage. Parmi eux, et pas des moindres, un artisan de la ville a accepté de leur installer gratuitement une cuisine toute neuve !

Tags:
ÉgliseGuerreRussie
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