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Retrouver le silence qui parle de Dieu

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Philippe Oswald - publié le 23/02/16
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Dans un monde de bruit, la messe doit laisser sa place au silence, explique Pascal Desthieux. Un silence sacré dont rayonnent les moines et les moniales photographiés par Bruno Rotival.Rencontrer Dieu, se tenir éveillé en sa présence, accueillir sa parole, l’adorer : autant d’actes quasiment impossibles dans le bruit et l’agitation. On le sait depuis la Bible : Dieu n’est pas dans l’ouragan (I Rois 19, 11). Extérieure ou intérieure, la tempête doit s’apaiser pour que je tienne “mon âme égale et silencieuse” (Ps 130, 2) “en louange pour Toi, ô Dieu” (Ps 64, 2). Chacun peut vérifier, positivement ou négativement, l’importance du silence dans sa prière personnelle mais aussi dans la liturgie eucharistique. Celle-ci prévoit qu’on observe à des moments précis un silence qui ne consiste pas simplement à se taire… ou à tenter d’imposer calme et silence aux enfants.

Les nombreuses modalités du silence sacré

Contrairement à ce que l’on se figure souvent, explique l’abbé Pascal Desthieux, curé de la paroisse Saint-Joseph de Genève, “le silence a toute sa place dans la messe de Vatican II”. Il est même prescrit, codifié, par le nouveau Missel Romain – alors que l’ancien le passe… sous silence. Un silence aux nombreuses modalités : silence de recueillement avant le début de la messe, puis au cours du rite pénitentiel, au cours de la prière d’ouverture, avant la liturgie de la Parole ; silence de méditation après chacune des lectures, après l’homélie, après chaque intention ou avant la conclusion de la prière universelle ; silence de recueillement au cours des rites de la préparation des dons ; silence de participation active lors de la prière eucharistique ; silence d’adoration pendant la consécration ; silence de préparation à la communion, silence de louange à son issue, silence d’action de grâces à la fin de la messe… autant d’harmoniques du silence sacré.

“Comme le sel dans un plat”

Ces silences ne doivent pas s’éterniser, pour ne pas casser le rythme de la liturgie, mais ils sont malheureusement souvent escamotés par le célébrant et par l’assemblée. Or, on peut appliquer à la liturgie ce que Sacha Guitry disait de la musique de Mozart : “Lorsqu’on vient d’entendre un morceau de Mozart, le silence qui lui succède est encore de lui”. Dans la liturgie, les moments de silence sont comme des “jardins de l’âme” (Arnaud Join-Lambert), des aires de repos et de rendez-vous avec l’Esprit Saint. En brève alternance avec les paroles, ils expriment la foi de l’Église puisque “la loi de la prière est la loi de la foi” (Lex orandi, lex credendi), souligne Pascal Desthieux qui conclut : “Le silence dans la messe, c’est finalement comme le sel dans un plat”. Alors, si nous trouvons plutôt fades nos eucharisties dominicales, commençons par nous demander quelle place nous y laissons au silence.

L’éternité retrouvée

Pour terminer cette réflexion, contemplons les fruits du silence chez ceux qui en ont fait une règle de vie. On peut certes voir ou revoir Le grand silence, ce film hors normes tourné (en 2006) dans le monastère de la Grande Chartreuse. Mais on peut aussi admirer les merveilleuses photos (en noir et blanc, bien sûr !) de Bruno Rotival dans l’album Le choix du silence que viennent de publier les célèbres éditions Zodiaque des bénédictins de la Pierre-qui-Vire. Florilège de 40 années passées à photographier les moines et les moniales dans 80 monastères, cet album nous arrache au temps pour nous introduire dans l’éternité.

Habiter le silence dans la liturgie, par Pascal Desthieux, préface d’Arnaud Join-Lambert, Salvator, 190 pages, 19 euros.

Le choix du silence, photographies de Bruno Rotival, textes de François-Xavier Verger, préface de Frédéric Mitterrand, Zodiaque, 34.50  

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