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Chefs-d’œuvre volés : notre patrimoine sacré en voie de disparition

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Caroline Becker - publié le 11/02/16
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À la découverte de quelques unes des plus belles pièces d’art sacré dérobées et jamais retrouvées.

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Plus que les musées, qui demeurent une exception, les châteaux et surtout les édifices religieux restent les endroits les plus touchés par le vol. Meubles, objets de culte, tableaux, sculptures, vêtements liturgiques, tout y passe. Ceci est alarmant lorsque l’on sait que les églises possèdent la plus grande partie du Patrimoine protégé au titre des Monuments historiques. Il faut dire que les édifices religieux présentent de sérieuses faiblesses concernant la sécurité. Il est souvent impossible pour une petite commune de payer une équipe de gardiennage 24h/24. Ne nous étonnons donc pas de trouver, bien souvent, dans les petites églises de campagnes, les portes closes.

Il y a quelques années, Nathaniel Herzberg a publié un ouvrage regroupant les vols les plus significatifs toutes époques et lieux confondus : Le musée invisible, les chefs d’œuvres volésdition du Toucan, 2009). C’est ce musée invisible que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui en sélectionnant quelques objets sacrés issus de cette “collection”.

Cathédrale de Tournai (Belgique) – 18 février 2008

Munis d’une masse et d’une batte de base-ball, deux hommes font irruption dans la cathédrale et font sauter les vitres blindées qui protègent le trésor. En quelques minutes, ils dévalisent le tout et s’enfuient dans une Audi noire. Total du butin : huit calices, deux bagues et deux croix épiscopales, mais surtout une croix byzantine, pièce maîtresse du trésor. Rapportée de Constantinople et offerte à la cathédrale en 1205, elle était devenue l’un des symboles de la ville. Façonnée en bois et couverte de feuilles d’or, elle est ornée de pâtes de verre et de pierre précieuses et semi-précieuses. Elle présente un cristal de roche qui permet d’entrevoir un supposé fragment de la vraie croix.

Presbytère de Saint-Victurnien (Haute-Vienne), 2 novembre 2003

Réalisée au XIIIe, la châsse dite “de l’Évêché” avait été conservée pendant longtemps à Limoges avant de disparaître en 1890. Elle fut finalement retrouvée un siècle plus tard au presbytère Saint-Victurnien, à 20 km, dans le trésor de l’église. Cette pièce magnifique, en cuivre repoussé, doré et en émail champlevé a de nouveau disparu en 2003. La nuit, un groupe de voleurs a profité de la déconnexion temporaire de l’alarme volumétrique pour pénétrer dans l’église. Lorsque les voleurs découpèrent la vitre, un autre signal retentit, alertant l’entreprise chargée de la sécurité. Mais il était déjà trop tard, les voleurs avaient quitté les lieux, emportant avec eux cette magnifique châsse.

Couvent franciscain de Palerme (Italie) – 17 octobre 1969

Comment ne pas évoquer la disparition de ce magnifique tableau représentant la Nativité, chef-d’œuvre de Caravage ? Disparue dans la nuit du 17 au 18 octobre 1969, cette toile fut découpée grossièrement au couteau. Ce vol laissa l’Italie sous le choc et la piste la plus privilégiée aujourd’hui met en scène la Mafia qui voyait dans ce tableau une juteuse manne financière. L’œuvre n’a toujours pas reparue sur le marché en 47 ans et les enquêteurs pensent qu’elle a sans doute été détruite… Afin de palier cette tragique disparition, une réplique a été accrochée dans l’Oratoire le samedi 12 décembre 2015 et réalisée par Factum Arte, une société italo-espagnole spécialisée dans la reproduction d’œuvres d’art.

Le retable de la Passion du XVIe siècle de Maignelay-Montigny, l’Ostensoir citronnier de Samuel Grove de 1723, le trésor de l’église de Béhuard, etc. de nombreuses œuvres sont encore de nos jours perdues… pour un temps ou à jamais. Que ce genre de phénomène criminel majeur, véritable fléau pour nos églises aujourd’hui, pousse tous les amoureux du Patrimoine à le combattre pour que ce “musée invisible” ne devienne pas, un jour, le plus grand musée du monde.

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