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Les petits tuyaux d’Ingo, SDF à Senlis à la recherche d’un toit

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Violaine Plagnol - publié le 23/01/16
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Dormir dans la rue en plein hiver, faire la manche pour se nourrir et s’habiller, tel est son quotidien. Volontaire et sociable, il a réussi à tisser un petit réseau d’entraide. Tout le monde connaît Ingo à Senlis. Du moins de vue. Depuis le printemps dernier, il fait la manche dans les rues pavées de cette petite bourgade cossue. On le rencontre parfois devant la boulangerie assis sur son sac à dos. Les jours de marché, il s’installe en face de l’opticien. Le week-end, quand les fidèles affluent pour assister à la messe, il est posté aux pieds de la cathédrale.

Jovial et bavard, il attire la sympathie. Certains passent devant lui le nez baissé mais d’autres s’arrêtent pour déposer une pièce, un ticket restaurant ou quelques pilons de poulet fraîchement achetés sur le marché.

Pour seules richesses, quelques habits, un sac de couchage et son téléphone portable

C’est un coup du sort qui a stoppé net Ingo à Senlis fin mai 2015 quand son scooter tombe en panne. Parti d’Allemagne d’où il est originaire, ce globe-trotter parcourt l’Europe depuis plus de 15 ans. Pour seules richesses : quelques habits, un sac de couchage (“- 9° C”, précise-t-il) et son téléphone portable. Si “les renards ont des tanières et les oiseaux du ciel des nids” (Mt 8,20), lui n’a que son humble sac à dos pour reposer la tête. Père de trois enfants, il échange tous les jours avec sa mère sur WhatsApp et avec ses enfants via Facebook. “C’est super Facebook !”, s’exclame-t-il avec un grand sourire.

Depuis le début de l’hiver, pour passer la nuit à l’abri du vent, du froid et de la pluie, Ingo avait trouvé refuge dans les toilettes publiques. Un lavabo pour se laver, une prise pour charger son téléphone et l’appareil sèche-mains pour glaner un peu de chaleur avant de s’endormir. Mais suite à des dégradations récentes, les toilettes ont été fermées et Ingo dormait de nouveau dehors. Heureusement, grâce au 115, il est hébergé depuis quelques jours dans une chambre d’hôtel d’un village voisin.

Il a tissé un réseau d’entraide

Cet homme de bientôt 47 ans a tissé un petit réseau d’entraide. Une voisine lui apporte régulièrement une soupe chaude à la tombée de la nuit. Parfois on lui dépose une bouillote. Il passe de temps en temps chez un couple d’amis pour faire tourner une machine de linge, chez une autre pour prendre une douche. Il lui arrive même d’être invité à passer la nuit sur un canapé. “L’autre jour, j’ai regardé la télévision toute la nuit”, reconnaît-il, un brin coupable… Une connaissance l’a emmené faire des courses au centre commercial à quelques kilomètres de là pour acheter un nouveau pantalon.

“Je veux sortir de la rue”

Mais qui peut se satisfaire d’une telle vie ? Personne bien sûr. À l’instar de ses compagnons de rue, Ingo traîne lui aussi de lourdes blessures. « J’ai été coiffeur puis plâtrier. Et puis j’ai perdu mon travail en 1998, j’ai divorcé en 2002 et ensuite… la rue » avec son lot de galères. Quinze années d’errance ont creusé son visage. “Aujourd’hui j’en ai assez, je veux sortir de la rue”, explique-t-il la gorge serrée.

Ingo se débat avec les affres de l’administration pour obtenir la CMU et le RSA. Ses démarches entamées en juin n’ont pas encore abouti. “Les copains, eux, ils ont le RSA, ils ont même reçu la prime de Noël, moi rien…”, s’impatiente-t-il. Ce sésame tant attendu lui permettrait, espère-t-il, de louer une chambre dans un foyer et d’entamer dignement une recherche d’emploi. “J’aimerais m’installer à Senlis, j’ai des amis maintenant, j’aime bien ici…”

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