Le père Mallon défend un projet audacieux et pratique pour un renouveau paroissial tourné vers l’évangélisation des croyants.
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Aucun doute, le père Mallon veut bouger les lignes. Il s’appuie sur son expérience de jeune prêtre pour tirer certaines conclusions à propos de la vie paroissiale et de la foi des catholiques. Selon lui, l’Église souffre avant tout d’une crise d’identité. Le pasteur explique que la plus grande part des catholiques se contente d’aller à l’église une fois par semaine et voit la mission réservée à un petit groupe d’élus.
Pour combattre ces incertitudes, James Mallon veut instaurer un parcours d’évangélisation, appelé “programme Alpha”. Il souhaite reconstruire la foi catholique sur de bases saines. La pratique de sacrements respectant les valeurs catholiques constitue le fondement de cette nouvelle Église. Elle impliquera davantage les paroissiens pour “transformer les paroisses catholiques endormies en lieux de rencontre dynamiques et de missions”.
Aleteia : D’après vous, le pape François va t-il réussir à réveiller la communauté des catholiques ?
James Mallon : Il dit assez de choses pour choquer et déranger chacun d’entre nous, des conservateurs jusqu’aux réformateurs. Tout le monde aurait une bonne raison de le détester car il ne cherche à rentrer dans aucune catégorie. Comme lui, Jésus était rejeté d’un point de vue humain car les gens se sont retournés contre lui. Et comme Jésus, le pape François dit qu’il est une mission. L’Église est missionnaire et nous sommes sa mission.
Avant lui, le pape Benoît XVI avait aussi dit qu’on rentrait dans une nouvelle ère et que tout devait servir à la mission. Mais il était plus timide, il n’avait pas de services média. Quand François est arrivé, il a commencé un processus inarrêtable. Il a bien dit que “la mission était plus importante que les coutumes médiévales”. Il a restauré un gouvernement et définitivement aboli la monarchie.
Si vous pouviez faire une prédiction, que pensez-vous qu’il va se passer dans les trente prochaines années au sein de l’Église ?
C’est difficile à prévoir. D’ailleurs, le soir de l’élection du pape François, jamais je n’aurais pensé qu’il serait élu. Mais il est certain que beaucoup de structures vont s’effondrer. Au Canada, ce serait le nier que de ne pas le voir. Nous sommes en crise, ce qui signifie que nous devons prendre une décision. Soit nous prenons des risques pour l’Église, soit nous la maintenons, soit nous lui administrons des soins palliatifs. L’option pour la vie, c’est le risque. Jésus disait : “Nous n’avons pas peur”. Désormais, l’Église doit s’adapter au contexte, nous ne sommes plus à Jérusalem mais à Babylone.
Propos recueillis par Camille Tronc
Manuel de survie pour les paroisses : pour une conversion pastorale de James Mallon. Éditions Artège, 2016, 314 pages, 19,90 euros.