Mgr Jozef De Kesel lui succède à l’archevêché de Malines-Bruxelles. Désigné officiellement, il entrera en fonction le 12 décembre.Comme de coutume depuis Vatican II, Mgr André-Joseph Léonard a présenté sa démission au Pape le jour de ses 75 ans, le 6 mai 2015. Le pape François avait alors la liberté de choisir d’accepter ou de refuser cette démission. Dans le cas de Mgr Léonard, elle a été acceptée. L’archevêque encore en exercice a salué son successeur : “Je lui présente mes vœux et suis heureux qu’il prenne ma succession”. Mgr Josef de Kesel, 68 ans, jusqu’à présent évêque de Bruges (poste auquel l’avait nommé en 2010, le pape Benoît XVI), deviendra le 12 décembre à 15 h, lors de la prise de possession de la cathédrale, primat de Belgique et évêque des armées.
Encore un Flamand !
Les réactions des lecteurs du blog Belgicatho, francophones, sont assez tièdes devant cette nomination. “Depuis le cardinal Mercier, il y a plus de 90 ans, les catholiques francophones de ce pays n’ont eu droit comme archevêque qu’à un seul évêque francophone et ce, durant cinq petites années seulement…”, s’étonne “Baltus”. Cependant, plus que le problème Flamands/Wallons, ce sont les visions des deux évêques qui divisent les commentateurs.
Alors que Mgr Léonard est classé comme “conservateur”, Mgr de Kesel se voit coller une étiquette « progressiste », dans les mêmes tons que celle du prédécesseur de Mgr Léonard, Mgr Danneels. Il est notamment connu pour avoir dit qu’il fallait soulever la question du célibat des prêtres, estimant que “les personnes pour lesquelles le célibat est humainement impossible à respecter devraient aussi avoir la chance de devenir prêtre”.
Mais l’essentiel à ses yeux, comme à ceux de son prédécesseur, c’est l’évangélisation : “Le grand défi, c’est l’annonce de l’Évangile. Dans un monde sécularisé, cela ne va pas de soi. C’est là notre grand défi: la question de Dieu, la foi en Dieu, la personne du Christ et le message chrétien” (Cathobel).
Le bilan du Primat
Mgr Léonard avait reçu un accueil froid de plusieurs membres du parti socialiste Belge, qui l’avait enjoint à “respecter les décisions démocratiques prises par les institutions de notre pays”. La vice-Première ministre Laurette Onkelinx avait même estimé que ce nouveau primat “pourrait bien remettre en cause le compromis belge”. De fait, connu pour son franc-parler, l’archevêque avait choqué les médias par une phrase prononcée lors d’une interview : il avait considéré que l’homosexualité provenait “d’un blocage rencontré au cours du développement psychologique normal”. Cette déclaration avait été assorti d’une précision, “l’anormalité” ne qualifiait pas les personnes mais les comportements.
Agressé par les Femen
Ses positions sur l’homosexualité – conformes à la doctrine de l’Église – lui ont valu une agression par des Femen, en avril 2013, pendant une conférence. Son attitude d’impassibilité et de prière alors que les militantes l’aspergeaient d’eau et hurlaient des slogans “stop homophobia !”, avait été portée à son crédit.
Victime d’un entartrage quelques mois plus tard, il goûte la tarte qu’on lui a envoyée dans la figure. Bien qu’il ne s’en confie pas, les attaques qui ont dû le toucher le plus intimement sont celles de prêtres comme Gabriel Ringlet, qui appelaient publiquement à sa démission en raison de son “isolement”, dû à ses “prises de position polémiques depuis son entrée en fonction”.
“Eh bien, tu as dû porter tout cela !”
Dans un entretien à Paris Match, quand on lui demandait ce que l’enfant aurait pensé de l’homme de 75 ans, il répond : “Je regarde souvent une photo de mes trois frères et moi quand j’avais 8 ans (ces trois frères sont eux aussi devenus prêtres, ndlr). J’imagine que cet enfant de 8 ans me dirait : ‘Eh bien, tu as dû porter tout cela !'”.