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Vigée Le Brun au Grand Palais : une femme artiste au destin exceptionnel

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Maëlys Delvolvé - publié le 12/10/15
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Une rétrospective inédite autour d’une remarquable artiste encore trop méconnue.Née en 1755 et morte en 1842, Élisabeth Vigée Le Brun a connu une longue vie, à cheval sur deux siècles particulièrement mouvementés. L’artiste a en effet été témoin de la splendeur de la vie d’Ancien Régime, des heures sombres de la Révolution, et de la naissance d’une nouvelle société sous l’Empire. Autant d’événements qui marqueront l’évolution de son propre style.

En octobre 1789, victime de virulentes critiques du fait de sa clientèle royale, Vigée le Brun est contrainte de quitter Paris pour rejoindre l’Italie, avec sa fille et sa gouvernante. Son exil durera plus de 12 ans, et sera l’occasion d’effectuer de nombreux voyages à travers l’Europe. La portraitiste ira jusqu’en Russie, où elle exporte l’esprit français qui fascine tout le continent. Forte de sa renommée, elle n’hésite pas à user de sa propre image et à offrir de ses autoportraits aux plus grands des cours européennes.

Le peintre officiel de Marie-Antoinette

En 1778, Élisabeth Vigée Le Brun livre son premier grand portrait officiel de la reine. Le succès est immédiat et Marie-Antoinette lui commande plusieurs autres œuvres. Les deux femmes s’entendent bien et partagent beaucoup. Cela se ressent lorsque l’on observe, par exemple, le Portrait de la reine en chemise. Si la légèreté de la tenue de la reine a fait couler beaucoup d’encre à l’époque, l’intimité entre les deux femmes qui transparaît ici est très touchante.

Vigée Le Brun respecte parfaitement la tradition des portraits de cour : elle n’hésite pas à embellir ses modèles et à les flatter, tout en cherchant à leur rester le plus fidèle possible. Ses portraits sont empreints d’une grande sincérité qui fera sa fortune. En 1783, grâce à l’appui de la reine, l’artiste est admise à l’Académie royale de peinture et de sculpture, signe de son talent et de sa réputation. Rares sont alors les femmes qui peuvent faire carrière dans la peinture, et cette distinction est d’autant plus honorifique pour la portraitiste.

Portrait de l’artiste avec sa fille, dit La Tendresse maternelle, Élisabeth Louise Vigée Le Brun, 1786 ©RMN-Grand Palais (musée du Louvre) / Franck Raux

Une artiste de “la joie de vivre”

Si Vigée Le Brun ne délaisse pas la peinture d’histoire ni les paysages, c’est dans les portraits de femmes qu’elle brille le plus. D’une extraordinaire technique, ses huiles sur toile, mais aussi ses pastels, sont le signe du raffinement avec lequel elle représente ses modèles.

Ses charmantes jeunes filles sont toujours dépeintes avec un souci de véracité ; en témoignent la transparence et la sincérité de leurs regards. Le spectateur ne peut que se délecter de leurs petites bouches distinguées et sensuelles, qui laissent souvent entrevoir de jolies dents blanches. L’artiste excelle à représenter les carnations fraîches et rosées. L’élégance et la délicatesse des gestes manifestent toute la douceur de l’art de Vigée Le Brun, profondément féminin.

“C’est l’artiste de la joie vivre, dans une période troublée”, explique Xavier Salmon, commissaire de l’exposition et directeur du département des arts graphiques du Louvre. Les modèles sont souriants chez Vigée Le Brun ; elle est un des rares artistes à introduire le sourire en peinture à l’époque. L’exposition, riche de plus de 130 œuvres de l’artiste, montre de manière efficace la tendresse désarmante avec laquelle Vigée Le Brun traite ses sujets. Une sélection savoureuse et très dense, à l’image de la vie de l’artiste.

“Élisabeth Vigée Le Brun” au Grand Palais, jusqu’au 11 janvier 2016. Plein tarif : 13 euros ; tarif réduit : 9 euros.

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