Dans son testament spirituel, le célèbre exorciste italien nous dit comment mettre Satan hors d’état de nuire : en accourant vers “Dieu, plus beau que le diable”.Trop de chrétiens ne croient plus au diable, tel ce cardinal qui glaça un jour le père Gabriele Amorth, le célèbre exorciste et expert en mariologie, en lui disant : “Rien que de la superstition !” D’autres voient le diable partout, jusqu’à lui porter un intérêt malsain. Le père Amorth rétablit la juste perspective dans ce “testament spirituel” au soir de sa vie (il a 90 ans). La vérité, c’est que Dieu est infiniment “plus beau que le diable” et beaucoup plus attrayant, confie-t-il dans ce livre d’entretien avec son confrère Angelo De Simone. Dommage que trop de catholiques rendent ce Dieu Amour rebutant… ce qui fait bien entendu le jeu du diable.
Nous sommes enfants de Dieu : voilà la bonne nouvelle dont tout chrétien devrait rayonner. Comment évangéliser sans irradier l’Amour de Dieu ? Comment transmettre un tel feu sans être non simplement “religieux” (tout le monde, même l’athée le plus endurci, l’est d’une façon ou d’une autre !) mais blotti contre le cœur de Jésus ?
Se mettre sous la protection de Marie
Certes, le diable existe et “possède” certaines personnes, au demeurant peu nombreuses. Le père Amorth aura passé une grande partie de sa vie à les en délivrer. Il est aussi bien placé pour débusquer “les empreintes et les œuvres dévastatrices du diable” dans notre société. Pourtant, cet “expert” de Lucifer se garde d’en faire une obsession, et donne ce conseil de vie face aux inévitables tentations et chutes qui jalonnent la vie d’un chrétien : “S’il existe un moyen de détacher le diable de nous, c’est celui qui consiste à se laisser attirer par la bonté et la beauté qui émanent du bien et de notre Dieu-et-Père”. Se mettre à l’école et sous la protection de Marie est la voie royale que lui-même a adoptée.
Rien d’irénique chez ce disciple du Padre Pio : il ne minimise en rien le mal, le péché, l’Enfer. Mais il sait comme la “petite” Thérèse que nous serons jugés sur l’amour. Or, depuis la chute d’Adam et Eve, “la raison profonde qui empêche la communion avec Dieu est, encore et toujours, la peur de Dieu ; peur qui empêche de se sentir aimé comme un enfant”. Tel est le mensonge mortel de l’ange des ténèbres : “Dieu ne t’aime pas”. C’est là “le pire des maux” et la source de tous les autres : “Ne pas avoir connu le Père”. Sans l’Amour du Père, “la loi n’est qu’un pesant fardeau”.
Se remettre totalement à l’Amour du Père
Tout au long de sa vie, jusqu’au sommet du Golgotha, le Christ nous montre comment résister à Satan et être vainqueur du mal : en se remettant totalement au Père, en s’abonnant à son amour. Cela ne va pas sans participation de notre part, sans une mobilisation de chaque jour, tout au long de notre vie pour “transformer notre état de serviteur en gratifiante identité de fils”. Dans cet itinéraire, le diable porte pierre : “(…) Sa présence et son action dans le monde nous maintiennent en alerte afin que nous préparions au combat”. Le Fils veut en effet nous associer à sa lutte victorieuse contre Satan et ses œuvres pour être vainqueurs avec Lui entre les mains du Père.
Ce combat, le chrétien est donc appelé à le mener en autre Christ, non pas en rendant coup pour coup aux malfaisants, mais en témoin pacifique de la vérité : “Notre combat n’est pas dirigé contre des créatures de chair et de sang mais contre les esprits du mal qui habitent ce monde de ténèbres”. N’allons pas nous en prendre à des personnes qui “n’ont pas eu la chance de connaître le Père”, mais, obéissons au Christ et suivons les directives que saint Paul donnait aux chrétiens de Rome : soyons vainqueurs du mal par le bien car “la vengeance engendre la vengeance, elle ne rompt pas la chaîne du mal : elle la perpétue et l’aggrave”.
Humilité, foi et prière
En définitive, le piège diabolique le plus redoutable, c’est la tiédeur, l’indifférence, l’engourdissement spirituel qui nous plonge insensiblement dans les ténèbres. Comment y échapper ainsi qu’à la cohorte des tentations sataniques ? Les remèdes sont connus depuis deux mille ans : “(…) Humilité, foi, prière (le rosaire), fréquence des sacrements (messe, sacrement de réconciliation), vie chrétienne conforme à l’Évangile, œuvres de charité et pardon accordé aux ennemis”. Toujours à l’école et sous la protection de Marie.
Dieu plus beau que le diable, testament spirituel, Père Gabriele Amorth, Éditions Bénédictines, 160 pages, 15 euros