Ce sera donc à la Cour Suprême d’Afghanistan de statuer sur le cas de Farkhunda Malikzada, musulmane de 27 ans lynchée à mort par la foule 19 mars dernier, accusée à tort d’avoir brûlé un exemplaire du Coran. Les avocats et la famille de la jeune femme ont décidé de faire appel à la troisième instance du pays, après que la Cour d’appel de Kaboul a annulé la condamnation à mort des responsables de l’assassinat de l’Afghane.
Haine et colère à l’œuvre
Le tribunal a en effet décidé, à huis clos, de commuer en 20 ans de prison la peine de mort prononcée pour trois des meurtriers et en 10 ans de prison celle d’un autre accusé. Farkhunda a été surnommée l'”Asia Bibi afghane”, tant son cas rappelle celui de la chrétienne condamnée à mort au Pakistan voisin. Dans chacune de ces deux histoires figure une fausse accusation de blasphème, mais celle de Farkhunda peut sembler plus extrême encore, dans la mesure où celle-ci a perdu la vie.
Tout est parti d’une dispute avec un mollah qui a ensuite appelé la foule pour s’en prendre à elle. La haine et la colère aveugles ont alors fait le reste : la jeune femme a été battue à mort à coups de pierres et de bâtons. Après son lynchage, des individus ont mis le feu à sa dépouille et l’ont jetée dans une rivière de Kaboul, tandis que les policiers présents sont restés inactifs.
Pour Kimberley Motley, avocate internationale travaillant en Afghanistan depuis sept ans et qui a suivi l’affaire de près, Farkhunda “se joint à une longue liste de cas qui démontrent la corruption du système judiciaire afghan”. Au-delà de la simple question juridique, le cas de Farkhunda, tout comme celui d’Asia Bibi au Pakistan, révèle plus que jamais le niveau d’extrême fragilité des droits humains en Afghanistan.