Bonne nouvelle : Asia Bibi échappe à la pendaison… jusqu’à nouvel ordre. La procédure n’est que suspendue : "La Cour Suprême a accepté d’examiner l’appel de ma cliente contre la confirmation de sa peine de mort par la Haute Cour de Lahore", a annoncé à l’AFP l’un des avocats d’Asia Bibi, Saiful Malook, à la sortie de l’audience, tenue à Lahore (Europe 1). "La Cour va prochainement fixer une date pour le début de l’examen de l’appel", a ajouté l’avocat, qui dénonce des preuves contre sa cliente "fabriquées de toutes pièces" (Romandie).
Mais l’accusation ne désarme pas : "Le juge Saqib Nisar, à la tête du trio de magistrats de la Cour Suprême chargé de l’affaire, (…) a ajouté qu’il examinerait également la demande d’un avocat de l’accusation qui réclame l’annulation de l’appel, interjeté trop tard selon lui" (RTBF).
"Une excellente nouvelle"
Interviewée par RCF, Anne-Isabelle Tollet, ancienne correspondante de France 24 au Pakistan, auteur du livre La mort n’est pas une solution aux éditions du Rocher, et qui préside le comité de soutien à Asia Bibi en France, estime que la décision de la Cour Suprême est "une excellente nouvelle". Celle-ci, devant laquelle le procès va reprendre à zéro, comporte trois juges dont l’indépendance semble mieux assurée que celle du juge unique (et inique) de la Haute Cour de Lahore. Mais on peut craindre tout de même que les juges, dont l’inventivité est sans borne lorsqu’il s’agit de trouver une échappatoire, se hâtent lentement… d’autant qu’ils risquent leurs vies, tels le ministre catholique des minorités Shabbaz Batthi (Aleteia) et le gouverneur de la province du Pendjab Salman Taseer, abattus tous deux en 2011 pour s’être déclarés favorables à une révision de la loi sur le blasphème (Aleteia).
Combien de temps faudra-t-il encore pour que la Cour Suprême fasse droit aux arguments des courageux avocats d’Asia Bibi contre l’accusation absurde d’un "crime de blasphème" pour une querelle autour d’un puits ? Selon Anne-Isabelle Tollet, Asia Bibi a enfin reçu les soins que nécessitait son état de santé. Elle reste néanmoins menacée de mort jusque dans sa prison, les islamistes ayant offert une prime à qui l’assassinerait. Quand elle sera enfin libre, il restera à trouver un lieu où elle et sa famille pourront vivre en sécurité.
Ce n’est donc pas encore l’épilogue de la sinistre comédie qui se déroule depuis juin 2009 autour de cette mère de cinq enfants devenue le bouc émissaire des islamistes.
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