Étudier est un "privilège" a dit le pape François aux étudiants de Quito (Équateur). Non pas pour vous procurer plus d'argent ou de prestige social mais pour vous mettre au service de vos frères.
Au cours de l’Angélus dominical du 19 juillet, le pape François a confié les fruits de son récent voyage apostolique en Amérique latine à la Vierge Marie, en rendant grâce pour "la foi qui y anime la vie et la culture du Peuple de Dieu". Cette dimension culturelle, trop souvent négligée par les chrétiens, est pourtant cruciale pour leur rayonnement dans la société. Relisons à ce sujet le discours au monde universitaire que le Pape a tenu le 7 juillet à Quito (Équateur) pour appeler professeurs et étudiants à la "responsabilité" face au "défi, personnel et social" de l’éducation. L’exemple indépassable en cette matière comme dans les autres, c’est le Maître : "Jésus ne cherchait pas à ‘faire le docteur’. Au contraire, Il veut atteindre le cœur de l’homme, son intelligence, sa vie, pour que celle-ci porte du fruit".
Cultiver l’esprit pour cultiver la terre
Non seulement le Créateur nous a donné "la vie, la terre, la création" mais Il nous "invite à prendre part à son œuvre créatrice". À l’homme, Il a donné des mains pour cultiver la terre, comme "un don destiné à être partagé ". Pour la cultiver et la protéger, comme le dit la Genèse : "L’un va de pair avec l’autre. Ne cultive pas qui ne protège pas et ne protège pas qui ne cultive pas".
Aujourd’hui, a souligné le pape François, en citant son encyclique, cette invitation s’impose à nous comme une exigence "en raison des dégâts que nous lui causons par l’utilisation irresponsable et par l’abus des biens que Dieu a déposés en elle. Nous avons grandi en pensant que nous étions ses propriétaires et ses dominateurs, autorisés à l’exploiter…" (Laudato si’, n° 2), la dégradation écologique étant "en rapport avec la dégradation humaine et sociale" (Laudato si’, n° 48) et la "culture du déchet".
Aujourd’hui, "se pose toujours encore, avec force, cette question de Dieu à Caïn : ‘Où est ton frère ?’. (…) Je demande à l’Université catholique : où est ton frère ? Dans ce contexte universitaire, il serait bon de nous interroger sur notre éducation face à cette terre qui crie vers le ciel".
Un esprit critique et ouvert sur le monde
Pour que les nouvelles générations puissent "chercher de nouvelles réponses aux défis multiples que la société pose aujourd’hui à l’humanité", encore faut-il que leurs esprits y aient été préparés : "Je me pose des questions avec vous, éducateurs : veillez-vous sur vos étudiants, en les aidant à développer un esprit critique, un esprit libre" capable de s’intéresser à la réalité qui les entoure ? "Pour cela, il faut les sortir des salles de cours, leur esprit doit sortir des salles de cours, leur cœur doit sortir des salles de cours."
La question de l’éducation et de la culture n’est pas confinée au monde universitaire : elle "nous concerne tous : les familles, les centres éducatifs, les enseignants : comment aidons-nous nos jeunes à ne pas considérer un diplôme universitaire comme synonyme d’un statut supérieur, comme synonyme de plus d’argent ou de prestige social ? (…) Comment aidons-nous à considérer cette préparation comme signe de plus grande responsabilité face aux problèmes de nos jours, face à la protection du plus pauvre, face à la sauvegarde de l’environnement ? Et vous, chers jeunes (…) savez-vous que ce temps d’étude, n’est pas seulement un droit mais aussi un privilège que vous avez ? Combien d’amis, de personnes connues ou inconnues voudraient avoir un espace en ce lieu et qui pour diverses circonstances ne l’ont pas eu ? Dans quelle mesure nos études nous aident-elles et nous amènent-elles à nous solidariser avec eux ?".