Alors que sont fêtés les bienheureux époux Martin, bientôt canonisés, Jacques Gauthier fait part de son compagnonnage avec leur fille, la « petite » Thérèse.
Cette année, Alençon et Lisieux fêtent les bienheureux Louis et Zélie Martin les 11 et 12 juillet. Cette fête revêt un sens inattendu puisque le pape François a annoncé la canonisation des époux Martin, parents de la petite Thérèse, le dimanche 18 octobre 2015 à Rome durant le synode sur la famille. Ce sera le dimanche des missions; petit clin d’œil à leur fille, patronne des missions avec François Xavier.
Je vous partage ce témoignage qu’on m’a demandé pour la chronique Grand témoin de la revue Thérèse de Lisieux et qui porte sur la présence de Thérèse dans ma vie. C’est paru dans le no 966, juin 2015, p 10-11.
"Comment raconter en quelques mots ma relation si féconde avec Thérèse ? En vous partageant sa présence toute simple dans ma vie.
"Marche des roses" au Québec
Né le 4 décembre 1951 à Grand-Mère au Québec, je me souviens du calendrier des missions des Capucins de Montréal, "Marche des roses", où nous insérions à la maison des dix sous autour d’une image de Thérèse. Ce fut mon premier contact avec la patronne des missions.
J’ai lu pour la première fois les Manuscrits autobiographiques en 1972. Je me suis un peu ennuyé au début, puis j’ai été saisi par l’élévation mystique des manuscrits B et C. Quelques mois plus tard, j’étais à l’Arche de Jean Vanier, à Trosly-Breuil en France. Le Père Thomas Philippe, alors mon directeur spirituel, me parla souvent de la petite Thérèse qui était si proche des blessés de l’Arche. Mais c’est Jean de la Croix qui m’attira à ce moment-là et me guida dans l’attention amoureuse à Dieu.
Lors de mon passage à l’Arche, j’ai pu participer à une retraite au Foyer de charité de Châteauneuf-de-Galaure et rencontrer Marthe Robin, si proche de Thérèse. J’ai pris conscience de mon néant et de la miséricorde divine. Grâce typiquement thérésienne, tellement décapante et libératrice, qui reviendra souvent dans ma vie.
En 1978, j’épousai Anne-Marie qui avait un peu le même cheminement que moi. Elle apporta dans notre foyer les "Derniers entretiens" de Thérèse qui me fit grande impression. Nous eûmes quatre enfants. Je devins professeur de théologie à l’Université Saint-Paul d’Ottawa, suite à ma thèse de doctorat sur la théopoésie de Patrice de La Tour du Pin.
Là, Thérèse m’attendait
En 1990, je présentai la vie de Thérèse à l’émission de télévision "Second Regard" de Radio Canada. Puis arriva ce que j’ai appelé "la crise la quarantaine". J’ai enduré pendant des années une sorte de désert intérieur, une nuit obscure, tellement chantée par Jean de la Croix. Au plus fort de ce passage existentiel du mitan de la vie, j’ai relu un livre que j’avais aimé jadis : "Conseils et souvenirs" de sœur Geneviève, sœur et novice de Thérèse. Je terminai la lecture juste avant d’être gravement malade. Là, Thérèse m’attendait. Je lui ouvris la porte et elle prit toute la place. On ne résiste pas facilement à son envahissement. Elle m’a fait prendre tout un tournant, celui de l’abandon en Jésus. Elle me fit comprendre de l’intérieur que l’amour infini du Dieu Père, Fils et Esprit se complaît surtout dans ce qui est petit, faible, délaissé, éprouvé.
Pour remercier ma petite sœur, je ne lui ai pas offert des fleurs, mais je lui ai écrit "Toi l’amour, Thérèse de Lisieux". Ce livre a été le déclencheur d’une dizaine d’autres jusqu’à ce jour. Je m’efforce de la faire connaître par les conférences, neuvaines, retraites. Rassurez-vous, mon épouse n’est pas jalouse. Au contraire, nous cheminons ensemble sur sa petite voie d’amour et de confiance qui est bien faite pour nous. Nous sommes allés plusieurs fois à Lisieux.