DOCUMENT. Mercredi matin, le n°2 du Vatican participait à Paris au Forum sur l’éducation organisé au siège de l’Unesco. Aleteia vous propose l’intégralité de son discours.
Mardi matin, Mgr Parolin était de passage à Paris, notamment pour prendre part au forum sur l’éducation organisé à l’Unesco à l’occasion du 70e anniversaire de sa fondation, à l’initiative de l’Observateur permanent du Saint Siège auprès de l’Unesco. L’occasion pour lui de prononcer un discours dense sur les rapports entre Eglise catholique et éducation, 50 ans après la Déclaration conciliaire Gravissimum educationis, et 25 ans après la Constitution apostolique Ex corde Ecclesiae. En voici le texte intégral :
L’Église catholique et l’éducation
Je suis heureux et honoré de m’adresser à vous tous réunis en ce prestigieux siège de l’Unesco. Tout d’abord, j’exprime ma plus sincère gratitude à Madame Irina Bokova, Directrice générale, à Monsieur Hao Ping, Président de la 37e Session de la Conférence générale et à Monsieur Tang Qian, Directeur général adjoint pour l’Éducation.
Je vous salue tous chaleureusement au nom de Sa Sainteté le Pape François, qui a voulu se rendre personnellement présent à cet important Forum, par l’envoi du message lu à l’instant par Mgr Francesco Follo. Avec le Pape, je souhaite ardemment que l’heureuse commémoration du 70e anniversaire de la fondation de l’Unesco soit une occasion propice pour consolider davantage son engagement en faveur de la protection du patrimoine culturel de l’humanité et de la promotion de l’éducation et des sciences.
Il s’agit d’une action de sensibilisation et d’appui, particulièrement nécessaire de nos jours, aussi bien pour transmettre aux nouvelles générations la mémoire inaltérée des civilisations qui les ont précédées, que pour diffuser les instruments indispensables de connaissance utiles pour éviter les erreurs du passé. Votre mission est alors un travail d’une grande noblesse culturelle, au service des droits humains et de la paix, qui tirent de la culture et de l’expansion de la connaissance les moyens essentiels pour vaincre la violence et la barbarie.
Mon intervention se situe dans le contexte du 50e anniversaire de la Déclaration conciliaire Gravissimum educationis, ainsi que du 25e anniversaire de la Constitution apostolique Ex corde Ecclesiae. J’entends offrir une vision concise sur l’histoire du service éducatif de l’Église catholique afin de mettre en exergues quelques défis et perspectives qui se présentent à nous, dans le but de raviver notre commune passion pour l’éducation.
Introduction
La culture et l’éducation n’ont jamais été considérées par l’Église catholique comme de simples instruments pour l’évangélisation mais comme des dimensions humaines dotées d’une haute valeur intrinsèque. L’investissement dans l’instruction des jeunes générations est une condition pour « le développement des peuples, tout particulièrement de ceux qui s’efforcent d’échapper à la faim, à la misère, aux maladies endémiques, à l’ignorance [et] qui cherchent une participation plus large aux fruits de la civilisation, une mise en valeur plus active de leurs qualités humaines » (1) – comme déclarait Paul VI dans l’encyclique Populorum progressio. L’Église partage les efforts pour un plus grand accès à l’alphabétisation, à l’éducation pour tous et à la formation permanente. Ces piliers sont rendus encore plus solides par l’engagement fondamental en faveur des minorités ethniques et religieuses et en soutien au génie féminin, si important pour une croissance harmonieuse de la société.
L’Église catholique, « experte en humanité » (2), a placé l’éducation au centre de sa mission et continue même de nos jours à la considérer comme sa priorité, spécialement dans un contexte « d’urgence globale pour l’éducation » provoquée aussi bien par des processus de changement que par une approche réductionniste qui tend à limiter la portée universelle de l’éducation à l’aspect purement économique. En effet, en y regardant de près, la récente crise financière globale est de genre entropique : elle a donné naissance à une perte de sens et en conséquence à une apathie sociale. Dans ce refus, on perd toute orientation vers le bien commun et on s’éloigne de la valeur propulsive de la relationnalité au nom de l’anthropologie minimaliste de l’homo oeconomicus, qui étouffe les relations interpersonnelles et prend les potentialités rationnelles au piège.