Le scoutisme aime les couleurs, a rappelé dans son homélie le frère Olivier de Saint-Martin (OP), conseiller religieux de province des Scouts et guides d’Europe, à Toulouse, lors d’une messe inter-scoute.
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Le scoutisme aime les couleurs. Celles des foulards, celles des branches manifestées par les chemises ou les barrettes, celles des flots. Oui, le scoutisme aime la couleur. Aux avant-postes, il y a le marron qui nous dit que le scout (cela vaut aussi pour la guide) a les pieds sur terre, parfois même dans la gadoue. Il a les pieds sur terre pour habiter le monde et le rendre meilleur. Mais il lui arrive, parfois, de succomber à la tentation, en revenant de camp ou d’une activité, de ranger son uniforme et avec lui sa vie scoute, comme on ferme une parenthèse. Et le scout reprend sa petite vie comme si rien n’avait changé.
Les disciples d’Emmaüs auraient sans doute appartenu à cette catégorie. Ils ont eu trois ans d’activité avec Jésus, ils ont marché, campé, vécu en groupe. Ils ont sans doute eu moins de grands jeux que de temps spi. Normal car leur chef d’unité était le même que leur aumônier ! C’était Jésus ! Et voilà que cela se termine mal. La mort de Jésus, le tombeau vide, c’est un échec alors ils laissent tout tomber. Ils retournent chez eux, à Emmaüs. Ils ont rêvé pendant trois ans et c’est fini. Heureusement, le Christ va redonner un peu de couleur à leur existence car la vraie vie, c’est celle avec Jésus. C’est celle que le scoutisme te propose.
Première couleur
Les yeux des disciples étaient empêchés de reconnaître Jésus parce qu’ils avaient perdu confiance en Lui : ils se disaient : non cette mort, ce n’est pas Lui ! Et puis la Résurrection, Il serait forcément entourés d’anges avec fanfares ! Patiemment, Jésus souffle sur les braises de leur foi : Il leur explique les Écritures, leur apprend à comprendre de l’intérieur le mystère de Dieu. Il ranime leur foi qui fait d’eux des enfants de Dieu qui ont confiance et remettent leur vie entre les mains du Père. Cette foi éclaire dans les difficultés de la vie, elle réchauffe, elle rassemble comme nous le sommes dans la cathédrale. La foi est jaune comme le feu qui nous rassemble en des veillées joyeuses et priantes. La foi est jaune comme le feu qui cuit nos aliments pour nous donner la force de cheminer, de témoigner. Comme le feu, la foi ne diminue pas quand on la partage, au contraire ! Sa couleur est le jaune, le jaune des louveteaux, des louvettes et des jeannettes et le flot de ceux qui gardent de l’enfant la simplicité, la transparence la confiance et la foi.
Deuxième couleur
Les disciples d’Emmaüs sont déçus, désespérés même ! On les comprend si leurs critères étaient ceux du monde : argent, diplômes, influence… Pour Jésus, c’est l’échec total. Tout le monde ou presque L’a retiré de sa liste d’amis, Il est mort, enseveli et Il n’est même plus dans le tombeau. Plus rien ! Nada ! L’échec total. Mais voilà, Jésus leur ouvre un horizon nouveau : son absence n’est pas un manque mais une ouverture sur un autre monde. Le chemin qui y mène s’apparente à un jeu de piste divin. Il faut en découvrir les signes, apprendre à les voir et les déchiffrer. Jésus dit qu’ils sont aussi visibles que les bourgeons du printemps ! Ils nous disent que toute chose, toute personne, trouve sa place dans le plan de Dieu. Cette branche est tordue ? Si je ne peux pas l’utiliser pour la table, elle peut servir pour un dossier. Cet homme est tordu par le péché ? Avec l’aide de Dieu et la mienne, il peut se relever ! Le Seigneur fait toujours renaître ce qui semblait perdu aux yeux du monde ! Voilà notre espérance qui annonce la venue du règne de Dieu. Sa couleur est le vert, le vert des guides, des éclaireurs, des compagnons et du flot de ceux qui ne s’arrêtent jamais sur le chemin. Ils savent voir les signes qui les conduisent d’étape en étape vers ce camp de repos et de joie où Dieu a dressé sa tente et la nôtre pour toute l’éternité.
Troisième couleur
Les disciples ne voient dans la mort de Jésus qu’un assassinat. Le sang a coulé de manière injuste. Il sont écrasés par cette mort ! Encore une fois, Jésus ne les juge pas mais les accompagne. Il leur explique : Il a été mis à mort mais surtout Il a fait ce qu’Il avait dit : il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime. Quand on aime vraiment, on engage sa vie, on accepte de la risquer : dans le scoutisme, dans le mariage, dans la vie religieuse, dans la prêtrise… La couleur de l’amour c’est le rouge. Rouge comme l’amour quand il a tout donné, rouge comme le sang de Jésus qui ne crie pas vengeance, mais appelle à aimer comme Lui, à servir et sauver notre prochain. Rouge quand on aime jusqu’à engager sa vie pour l’autre et pour Dieu. C’est le rouge des pionniers, des caravelles, des aînés et du flot de ceux qui veulent aimer jusqu’au bout, de ceux qui deviennent consanguin du Christ, de celui qui a le même sang que Jésus ! De ceux qui laissent vivre le Christ en eux !
Enfin, il y a le bleu
Le bleu qui n’est pas juste celui de l’horizon mais qui est la couleur de la Vierge Marie et de l’Église. Ce bleu nous dit que, comme elle, nous sommes faits pour le Ciel. Il nous dit : dans la joie comme dans l’épreuve, regarde le Ciel, regarde Marie, regarde l’Église ! Choisis-la comme Mère. Alors tu connaîtras sans doute l’épreuve mais pas la déception. Tu connaîtras aussi et surtout la joie de la foi, de l’espérance et de l’amour. Marie et l’Église te porteront, te donneront Jésus dans les sacrements. Alors, tu reconnaîtras Jésus comme les disciples d’Emmaüs L’ont reconnu. Ils avaient Jésus et pas toi ? Mais toi, tu as le scoutisme qui te permet de le découvrir et de vivre avec Lui ! Tu vas recevoir le corps ressuscité du Christ. Par Lui tu recevras la foi, avec Lui tu regarderas vers le Ciel, en Lui tu apprendras à aimer. Jaune, rouge, vert et bleu. N’oublie aucune de ces couleurs. Si tu les mélanges, tu retrouveras le marron, pas un marron terne mais le marron qui fera de toi une semence du Royaume dans le monde.
La messe était celle du mercredi de l’Octave de Pâques avec comme Évangile celui des disciples d’Emmaüs.