En faisant des victimes d’une dizaine de nationalités, c’est bien le monde entier qu’ont agressé les terroristes islamiques au musée national du Bardo. Mais le coup est terrible pour la Tunisie.
Même si la confusion règne encore sur le nombre des victimes (Le Figaro), on est sûr d’une chose : les terroristes islamiques ont une fois encore défié le monde entier en s’attaquant au musée national du Bardo, hier, à Tunis.
Deux Français, quatre Italiens, deux Colombiens, cinq Japonais, un Polonais, un Australien, une Espagnole, un Belge, deux Tunisiens… sans parler des 44 blessés, dont sept Français, certains gravement touchés : « C’était un bain de sang, indique un officiel qui s’est rendu sur les lieux quelques minutes seulement après la fusillade. Je n’avais jamais vu une scène pareille. Les corps étaient dans un espace réduit, trois ou quatre salles, au milieu des statues et des mosaïques. Les terroristes n’ont pas choisi leurs cibles, ils ont visé tout le monde, sans se poser de question » (Le Parisien).
Un pays menacé par l’incendie libyen
Cet attentat était-il prévisible ? Oui, la Tunisie était une cible évidente, d’autant que l’incendie libyen est à ses portes : « "La menace était présente, mais elle était renforcée depuis cet été”, avance Kader Abderrahim, chercheur spécialiste du Maghreb à l’Iris, notamment à cause des tensions dans le pays voisin, la Libye, où les combats entre milices ont pris de l’ampleur. “La Tunisie est aussi une base de redéploiement de groupes basés essentiellement en Libye”, ajoute Anne Giudicelli, spécialiste du monde arabe et musulman » (BFMTV).
Qui plus est, « la Tunisie avait tout pour déplaire au terrorisme international. Elle a initié la révolution arabe et elle a su la préserver du chaos ou de la dictature militaire. Elle s’attendait donc au pire » (Le Journal de la Haute-Marne). « C’est un coup terrible porté au seul pays arabe à avoir transformé l’essai des "printemps" politiques de 2011, adoptant une Constitution moderne et installant au pouvoir une coalition laïque après l’échec des islamistes "modérés" d’Ennahda », constate Le Figaro. Sans doute sous le coup de l’émotion, L’Humanité s’égare un peu dans l’histoire latine : « Comme jadis l’empereur Caton (NB. le patricien Caton, fut un brillant général… sous la République !) hanté par son obsession à détruire Carthage, les terroristes, d’Aqmi ou de Daesh, ont entrepris une offensive, contre ces Tunisiennes et ces Tunisiens qui ont rejeté à la fois le totalitarisme policier et le totalitarisme religieux ».
Si l’identité des deux terroristes, deux jeunes Tunisiens tués pendant l’assaut, a été révélée, on ignore encore qui sont les commanditaires, rapporte RTL. « Il s’agit de l’attentat le plus meurtrier commis contre des touristes en Tunisie depuis celui du 11 avril 2002 contre une synagogue de l’île de Djerba. Revendiqué par Al-Qaïda, il avait fait 21 morts, pour la plupart des touristes allemands et français », rappelle Le Monde.
La Tunisie paie le prix fort
Si le monde entier est visé, c’est tout de même la Tunisie qui va payer le prix fort avec la désertion des touristes : « … le tourisme est l’un des piliers de l’économie tunisienne, souligne L’Express. À lui seul il représente 7% du PIB et génère directement 400 000 emplois selon des données de l’office du tourisme tunisien. Un Tunisien sur 10 vit du tourisme dans un pays qui accueille 6 millions de personnes chaque année. Et chaque année, c’est près de 20% des devises étrangères qui entrent dans le pays grâce aux touristes. »
Déjà les compagnies MSC Croisières et Costa Croisières, qui déplorent respectivement neuf et treize victimes parmi leurs passagers, ont annoncé l’annulation de toutes leurs escales dans la capitale tunisienne (Les Échos).