Le Pakistan a totalement levé son moratoire sur la peine de mort. Tous les condamnés peuvent donc être exécutés et plus seulement les terroristes – exceptés ceux qui disposent d’appuis puissants !
Après le carnage provoqué dans une école de Peshawar par des talibans le 17 décembre – 153 morts, surtout des élèves (Aleteia), les autorités pakistanaises avaient partiellement levé le moratoire sur la peine de mort en vigueur depuis 2008. Les pendaisons pouvaient reprendre mais pour les seuls condamnés à mort pour terrorisme (24 d’entre eux ont déjà été exécutés). Mais le moratoire est à présent totalement levé : « Le ministère de l’intérieur a ordonné aux autorités provinciales d’exécuter tous les prisonniers condamnés à mort dont les demandes de grâce ont été rejetées » (Le Monde). Au total, près de 8 000 condamnés à mort croupissent dans les geôles de diverses prisons du Pakistan selon Amnesty International ! Dont Asia Bibi (Aleteia).
Que va faire l’Union européenne ?
Les Nations unies, l’Union européenne, les ONG et les organisations de défense des droits de l’homme, sont vent debout contre cette mesure. Mais après avoir protesté, que va faire l’Union européenne ? Le moratoire sur la peine de mort était une des clés de l’autorisation qu’elle a récemment accordée au Pakistan d’exporter de nombreux produits, notamment des textiles, sans barrière douanière … « Avec une main-d’œuvre payée l’équivalent de 80 € par mois, le textile fournit plus de la moitié des exportations pakistanaises, avec des ventes évaluées à environ dix milliards d’euros l’an dernier et destinées principalement à l’Europe » (Le Figaro).
Deux poids, deux mesures
La peine de mort régresse dans le monde, rappelle La Croix : « Aujourd’hui, 140 États n’y ont plus recours, soit presque les deux tiers des nations que compte le monde. La peine de mort a notamment disparu en Europe à l’exception de la Biélorussie. Elle n’est plus appliquée en Amérique latine et centrale, dans l’ancien bloc soviétique et sur une large partie du continent africain. Les tribunaux du Moyen-Orient et de nombreux pays d’Asie continuent d’y avoir recours, à commencer par la Chine, l’Iran, l’Irak, l’Arabie saoudite ou encore le Bangladesh. Pratiquée avant tout dans les régimes dictatoriaux, la peine de mort reste malgré tout en usage dans de grandes démocraties comme les États-Unis, le Japon et l’Inde ».
Dans le cas du Pakistan, le plus révoltant est sans doute le « deux poids, deux mesures ». Alors que l’on tremble plus que jamais pour le sort d’Asia Bibi, l’assassin de l’un de ses défenseurs (Aleteia), vient de voir sa peine requalifiée par un tour de passe-passe sous la pression des islamistes qui en ont fait un héros (Le Point). Lundi, il n’était plus un « terroriste » et ne pouvait donc pas être exécuté. Le moratoire ayant été levé mardi, on peut parier qu’un nouveau jugement fera en sorte qu’il ne soit plus un assassin.