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Pourquoi le Pape François préfère voyager en Asie et en Amérique plutôt qu’en Europe

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Salvador Aragones - publié le 20/09/14
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L’Albanie est son premier déplacement en Europe. Peut-être parce qu’il préfère se rendre là où le message de l’Evangile est mieux entendu.
Ce dimanche, l’Albanie est la première destination européenne du pape François. Faut-il pour autant penser qu’il préfère aller en Asie et en Amérique plutôt qu’en Europe ? Que penser du succès de son voyage en Corée, de la foi forte des catholiques, alors qu’ils ne représentent qu’une infime partie de la population ? Comme l’a dit le Pape François lui-même, l’Eglise catholique n’est pas eurocentrique, et encore moins romanocentrique. L’Eglise catholique est par définition universelle, et l’attention du Pape va d’abord où le message évangélique est le mieux entendu, en Asie, en Afrique et en Amérique.

Une Europe qui tourne le dos à Dieu
Le pape François, qui se rendra en Amérique du Nord (y compris le Mexique) l’an prochain, ne va guère en Europe, parce que, malgré les efforts de Jean-Paul II et de Benoît XVI, l’intérêt pour la religion en Europe n’augmente pas, ni dans les médias, très critiques envers la doctrine catholique tout comme les lois des Etats, ni dans la culture et les coutumes européennes. Dans les pays européens, dans de larges secteurs de la société, on vit en tournant le dos à Dieu, si ce n’est pas contre Dieu. Cela n’empêche pas, au cours des dernières décennies, qu’aient vu le jour en Europe des institutions et mouvements catholiques, en particulier laïcs,  dont le prestige se répand non seulement dans le vieux continent, mais aussi dans le monde entier.

Le cas de l’Albanie
Certes, le pape François se rend en Albanie ; mais l’Albanie n’est pas «l’Europe», c’est un petit pays situé au sud des Balkans. Tout au long de la période de la guerre froide jusqu’à la chute des régimes communistes, l’Albanie était un pays communiste qui, sans être d’obédience soviétique, était constitutionnellement un Etat athée, le seul au monde, établi par Henver Hoxha, dictateur à vie. L’Albanie n’est pas membre de l’Union européenne, et vient seulement, le 24 juin 2014, d’obtenir le statut de candidat à l’adhésion à l’UE. Son économie laisse encore beaucoup à désirer, avec des déficits et pénuries importants vus d’Europe, ainsi que des problèmes ethniques et frontaliers avec la Serbie, la Macédoine et le Kosovo.

La joie de la foi catholique
En Corée, et en Asie, le Pape François se trouve particulièrement à l’unisson avec les habitants, qui découvrent dans la joie la foi catholique et y adhèrent facilement. Dans des pays communistes et ex-communistes, comme la Chine, le Vietnam, le Cambodge, le Laos et aussi la Birmanie, on observe un essor considérable des religions, malgré les régimes laïcs et athés de ces pays. Cette floraison est le fruit de ce qu’ont semé il y a des siècles des saints, parmi lesquels de nombreux jésuites et franciscains, tel Saint François- Xavier.
Le Pape François nourrit beaucoup d’espoir quant au fait que la Chine s’ouvre à la foi catholique. Les choses ont un peu évolué depuis le moment où Jean-Paul II a tenté de nouer le dialogue avec la Chine, de même que Benoît XVI, qui a adressé une longue et vibrante lettre au peuple chinois.
Dans d’autres pays asiatiques, il existe au sein du peuple un sentiment de religiosité qui se manifeste de différentes manières, et dans lequel s’enracine la foi catholique, parfois au prix du sang, comme au Pakistan et dans les pays islamiques. Les peuples asiatiques, africains et américains ne comprennent pas les philosophies européennes, ne sont pas relativistes, ni athées, et chez eux le marxisme n’a pas eu une présence significative.

Un pape pasteur et pas théologien
Les cardinaux de l’Eglise ont élu un pape argentin, avec des idées pastorales sui generis, qui conjugue les besoins de l’Eglise du temps présent et les nécessités de la foi dans le monde moderne. C’est un pape pasteur et pas théologien, comme il se définit souvent lui-même. Saint Jean-Paul II a été le Pape de la réunification de l’Europe à ses frontières et a fait tomber le rideau de fer qui séparait les deux Europe : l’Europe occidentale capitaliste de la communiste. Cependant, il n’a pas réussi à éradiquer l’athéisme implicite au sein des sociétés où le capitalisme avait triomphé, où la religion était rejetée. Un jour, un journaliste polonais Z. Morawski lui demanda s’il connaissait la différence entre le marxisme et le capitalisme. « Le capitalisme, dit-il, est l’exploitation de l’homme par l’homme et le communisme l’inverse ». En d’autres termes, les deux sont des sociétés matérialistes, même si le communisme est un matérialisme idéologique, un matérialisme scientifique dialectique et historique qui préconise la lutte des classes.

En ce qui concerne le fait religieux, le capitalisme comme le marxisme affichent des idées semblables, car tous deux refusent, de facto (le communisme va jusqu’à le combattre) la dimension transcendante de l’homme, la dimension de la foi, ayant une vision de l’homme étriquée, à deux dimensions, clairement opposée au sens chrétien de la personne.

Le Pape n’est pas culturellement européen
Bien que d’origine italienne, le pape François n’est pas culturellement européen, mais d’Amérique du Sud. Son activité pastorale, il l’a développée en tant que jésuite et en tant qu’évêque, en Argentine et en Amérique du Sud. Il connaît très peu l’anglais, ce qui ne l’a pas empêché d’atteindre rapidement une popularité et un leadership étonnants à travers le monde.
Il voit les Européens trop égocentriques, repliés sur eux-mêmes, jouissant d’un bien-être élevé qui empêche souvent de vivre détachés d’un grand nombre de “besoins” dont manque la grande majorité des plus de 6 milliards d’hommes sur la Terre, ceux qui dans de larges zones sont aussi exploités. L’Europe vit aujourd’hui avec une mentalité très individualiste, égocentrique, peu encline à la générosité, à se donner aux autres, très matérialiste, consumériste et hédoniste. 
C’est pourquoi, lors du conclave de 2013, les cardinaux ont choisi un cardinal aimant la pauvreté, et loin de l’Europe. L’Europe connaît une profonde crise économique et de l’identité. Elle ne veut pas reconnaître ses racines chrétiennes, ni qu’elle s’est forgée sur trois axes fondamentaux : le droit romain, la philosophie grecque, la religion judéo-chrétienne.

L’Europe doit se retrouver, dans ses racines et dans son histoire, pour redevenir ce qu’elle a été : un phare lumineux au sommet du monde.

Traduit de l’espagnol par Elisabeth de Lavigne

 

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