C’est sous son nom de carmélite que l’Eglise fête l’entrée dans la vie éternelle d’Edith Stein, le 9 août, jour anniversaire de son assassinat par les nazis dans la chambre à gaz d’Auschwitz-Birkenau en 1942.
Du blogue de Jacques Gauthier :
Honorer les membres du corps du Christ que sont les saints et les saintes, c’est rendre gloire à la Tête de l’Église, le Crucifié ressuscité. C’est donc le mystère pascal que nous célébrons dans le martyre de la philosophe et carmélite Édith Stein, canonisée à Rome par Jean-Paul II le 11 octobre 1998, déclarée copatronne de toute l’Europe le 1er octobre 1999, avec saints Benoît, Cyrille et Méthode, saintes Brigitte de Suède et Catherine de Sienne.
La quête de la vérité
Édith Stein naît le 12 octobre 1891 à Breslau, en Allemagne, au sein d’une famille juive de onze enfants. Enfant, elle est hypersensible, douée, assoiffée de savoir. Comme bien des saints, elle sent qu’elle est née pour la gloire, pour quelque chose de grand qui lui échappe et qui déborde le cadre bourgeois dans lequel elle est née. Vers l’âge de quatorze ans, elle traverse une grave crise d’adolescence et se déclare athée.
À vingt ans, elle obtient, avec l’aide de sa mère, la rare autorisation pour une femme d’entreprendre des études à l’université de Breslau. Elle cherche la vérité dans des études de psychologie, puis elle quitte sa ville natale pour s’inscrire en philosophie où elle rencontre le père de la phénoménologie, Edmund Husserl. La Première Guerre mondiale éclate; Édith interrompt ses études et sert comme infirmière à la Croix-Rouge. Elle reprend toutefois sa thèse de doctorat et la termine avec succès, ce qui lui vaut de devenir l’assistante privée de son professeur, Edmund Husserl. Déçue dans ses aspirations profondes, elle abandonne ce poste. Une question se fait de plus en plus persistante : y a-t-il une possibilité objective de la transcendance que l’on appelle Dieu?
La conversion au catholicisme
Durant l’été 1921, elle lit l’autobiographie de Thérèse d’Avila. C’est l’illumination. Elle vient de rencontrer une âme sœur qui lui brûle le cœur. « Voilà la vérité », s’exclame-t-elle. Cette vérité a un nom et un visage : Jésus Christ. Après une période d’athéisme qui dura huit ans, Édith est baptisée le 1ER janvier 1922. Le baptême lui permet de redécouvrir ses racines juives. Elle trouve le repos de l’âme en abandonnant tout à Dieu. Cet extrait d’un texte sur la Causalité psychique, paru l’année même de son baptême, montre ce chemin d’abandon que tant de nos contemporains cherchent désespérément.
"Je fais des plans pour l’avenir et j’organise en conséquence ma vie présente. Mais je suis au fond convaincue qu’il va se produire quelque événement qui va jeter par-dessus bord tous mes projets… Il existe un état de repos en Dieu, de totale suspension de toute activité de l’esprit, dans lequel on ne peut plus ni dresser des plans, ni prendre de décisions, ni même rien faire, mais où, ayant remis tout l’avenir au vouloir divin, on s’abandonne entièrement à son destin" (Élisabeth de Mirable, Édith Stein, Seuil).
Édith désire entrer au carmel, mais ses directeurs spirituels lui suggèrent de mettre ses talents au service de Dieu en devenant enseignante à Spire et conférencière. Elle donne des conférences en Allemagne et à l’étranger sur la vocation de la femme. Elle découvre aussi Thomas d’Aquin. Son action devient toujours plus féconde car elle jaillit de la contemplation, de ces heures d’amour où elle est engagée dans l’écoute et le silence, où elle est attirée en Dieu. Le 12 février 1928, elle écrit : « Il me semble que plus on est “attiré” en Dieu, plus on doit en ce sens “sortir de soi”, c’est-à-dire s’offrir au monde, pour y porter la vie divine. » Cette mission, elle la vivra au carmel.
La voie du Carmel
À 42 ans, Édith perd son poste d’enseignante pour la seule raison qu’elle est juive. Rien maintenant ne peut s’opposer à son désir d’entrer au carmel, ce qu’elle fait le 14 octobre 1933, à Cologne. Elle éprouve une grande joie. Elle choisit de porter le nom de Thérèse Bénédicte de la Croix, celle qui est bénie par la Croix. Elle écrit : « Qui entre au Carmel, loin d’être perdu pour les siens, vient d’être gagné à leur cause en réalité; car c’est notre vocation d’être présent pour tous devant Dieu » (Édith Stein, La folie de la Croix, Signe).