Il y a 42 ans, un jeune canadien prenait la route de Californie, comme tant d’autres de ses contemporains. Mais dans ce road movie, c’est le Christ qui l’attendait. Il se souvient.
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02/06/2014
Il ne m’est pas difficile de bien tenir la route lorsque j’ai comme carte routière l’année liturgique qui rythme mes jours et mes nuits. Par exemple, chaque matin je prends l’antienne d’ouverture de la messe pour commencer mon temps d’oraison matinale, et ça tombe toujours pile. Ainsi en est-il de l’antienne de ce 2 juin 2014, où la force de l’Esprit est promise aux témoins: "Vous allez recevoir une force, celle du Saint-Esprit qui viendra sur vous. Alors vous serez mes témoins jusqu’aux extrémités de la terre, Alléluia" (Ac 1, 8). Et pour être certain que cette force sera donnée, nous demandons au Seigneur dans l’oraison de la messe : "Que descende sur nous la force de l’Esprit Saint, pour que nous puissions discerner ta volonté et l’accomplir tout au long de notre vie".
Ce 2 juin marque le 42e anniversaire de ma rencontre avec le Christ à Drummondville en 1972. Je me souviens d’avoir demandé au Seigneur, comme par défi : "Si tu existes, révèle-toi à moi". J’avais décidé d’aller en Californie "sur le pouce" avec un ami pour mieux connaître des Jesus peoples vus à la télévision ; ils étaient présents au Québec sans que je ne le sache.
Au début du voyage, la police américaine nous arrête : interdit de faire de pouce. Nous remontons au Québec et le soir nous sommes à Drummondville. Il y a plein de jeunes qui rayonnent de Jésus. Ils se nomment "Les apôtres de Jésus par Marie". Nous prions avec certains d’entre eux. Trois « je vous salue Marie » me font basculer dans la joie du Ressuscité. Depuis ce jour, la joie est pour moi la couleur de Dieu, l’essence même du christianisme, avec l’amour.
L’Esprit m’a donné sa force durant la semaine qui a suivi cette rencontre décisive. J’ai pleuré des larmes de joie et de repentir. C’était le début du Renouveau charismatique. On expérimentait ce que saint Paul avait vécu en imposant les mains aux disciples d’Éphèse : "Le Saint Esprit vint sur eux et ils se mirent à dire des paroles mystérieuses et à parler comme des prophètes" (Ac 19, 6). Que de Pentecôtes depuis, et aussi que de déserts ! Comment le monde pourrait-il me satisfaire depuis que la brûlure de cette rencontre de Dieu est gravée dans l’intime de ma chair, lieu de sa présence? Plus je vieillis, plus Dieu me manque ; sa blessure en moi est tendresse.
Ressuscité avec le Christ
"Vous êtes ressuscités avec le Christ. Recherchez les réalités d’en haut", nous dit saint Paul (Col 3, 1). La recherche avait maintenant un nom et un visage : Jésus. Je cherchai ces réalités d’en haut à l’Arche de Jean Vanier en France, à l’abbaye cistercienne d’Oka près de Montréal, dans un Café chrétien où j’étais responsable, dans une communauté nouvelle avec mon épouse et nos deux premiers enfants, dans des études doctorales en théologie, comme professeur et auteur à l’Université Saint Paul d’Ottawa.
La foi se greffe à ma vie qui est en constante évolution. Ce processus de croissance m’a amené à descendre au fond de moi-même où se révèle l’image de Dieu. J’ai ainsi passé de la surface à la profondeur, de la relation d’un Dieu extérieur à un Dieu intérieur, de ce que je veux à ce que Dieu veut. Maintenant, la quête se poursuit, surtout comme animateur de retraites et comme prédicateur un peu partout. Je reçois Dieu gratuitement, pour ce qu’il est, l’amour qui veut se répandre, se donner. Je m’ouvre à la joie du Christ ressuscité et je veux étancher sa soif d’amour, surtout par la prière contemplative et l’amour du plus petit auquel il s’identifie.
Pourquoi vous raconter cela? Je ne sais pas. Peut-être parce que je suis présentement à Saint-Boniface au Manitoba, où je donne la retraite annuelle à des religieux et religieuses sur le don de l’oraison, et que je trouve cela beau et bon. Deux semaines auparavant, c’était la retraite des prêtres francophones à Bathurst au Nouveau-Brunswick. Où ce ministère de la prédication me mènera-t-il si ce n’est plus profondément dans le cœur du Christ? Je lui rends grâce pour sa fidélité depuis ce 2 juin où il m’a inondé des flots de sa miséricorde infinie.
"Les cieux sont à moi et la terre est à moi. À moi les nations, à moi les justes, à moi les pécheurs. Les anges sont à moi et la Mère de Dieu est à moi. Tout est à moi. Dieu est à moi et pour moi, puisque le Christ est à moi et tout entier pour moi". (Jean de la Croix, Œuvres complètes, Paris, Cerf, 1990, p. 273).
Pour aller plus loin, voir mon Petit dictionnaire de Dieu (Novalis).
Artice issu du blogue de Jacques Gauthier