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Le pape François au Yad Vashem 70 ans après la shoah

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Isabelle Cousturié ✝ - aleteia - publié le 26/05/14
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Une visite significative, au lendemain de l’attentat contre le Musée juif de Bruxelles et alors que les actes antisémites se multiplient en Europe.26/05/14 (mise à jour)

« Le cœur douloureux, j’apprends l’attentat cruel survenu hier à Bruxelles et je déplore vivement cet acte de haine antisémite, recommandant à Dieu les victimes et en souhaitant la guérison des blessés », avait déclaré le pape François à son arrivée à Tel-Aviv dimanche après-midi.
 
Accueilli par le président Shimon Peres et le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, pour une visite d’un jour et demi sur le  sol israélien, il réagissait à l’attaque survenue le 24 mai dernier contre le Musée juif de Bruxelles, qui a fait quatre morts, dont un couple israélien, suscitant une forte émotion dans tout le royaume, en particulier au sein de la communauté juive.
 
Ce lundi matin, après avoir prié et glissé son petit billet dans une fissure du Mur des Lamentations (cf. Aleteia)  et avoir déposé sa signature sur le livre d’or, comme l’avaient fait ses prédécesseurs, Benoît XVI et Jean Paul II, le souverain pontife s’est rendu au Mémorial de Yad Vashem, en souvenir des  victimes d’une tragédie qui, avait-t-il souligné dimanche, «  demeure comme un symbole du point où peut arriver la méchanceté de l’homme quand, fomentée par de fausses idéologies, il oublie la dignité fondamentale de chaque personne, qui mérite un respect absolu quel que soit le peuple auquel elle appartient et la religion qu’elle professe ».

Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu avait aussitôt  salué la position ferme du pape François qui a plaidé pour « une éducation où l’exclusion et l’affrontement laissent place à l’inclusion et à la rencontre », souhaitant encore une fois qu’i n’y ait jamais plus de place » pour l’antisémitisme, quelle que soit la forme sous laquelle il se manifeste, ni pour une quelconque expression d’hostilité, de discrimination ou d’intolérance envers des personnes et des peuples. ».
 
La visite du pape François au mémorial de Yad Vashem, ce lundi 26 mai, était la troisième visite d’un pape, après celle de Jean-Paul II en 2000 et de Benoît XVI en 2009. Il est venu y raviver la flamme de la Salle du souvenir et, par ce geste, réaffirmer l’engagement commun à lutter contre toutes les formes d’antisémitisme et d’anti-humanisme, comme le veut la « vision et la mission » de Yad Vashem, bien résumée par son slogan « Se souvenir du passé, façonner l’avenir».
 
Après des chants émouvants interprétés par un chœur de jeunes filles et le rappel des horreurs vécues par six millions de juifs dans le monde, il y a 70 ans, par le président du Mémorial, le pape a pris la parole, très visiblement ému, pour pronconcer son discours. Un discours sous forme de prière remplie d’interrogations face la « terrible tragédie de l’Holocauste », dont voici le texte intégral :
 
« Adam, où es-tu ? » (cf. Gn 3, 9)

Où es-tu, homme ? Où es-tu passé ?
En ce lieu, mémorial de la Shoah, nous entendons résonner cette question de Dieu : « Adam, où es-tu ? ».
En cette question il y a toute la douleur du Père qui a perdu son fils.
Le Père connaissait le risque de la liberté ; il savait que le fils aurait pu se perdre. Mais peut-être, pas même le Père ne pouvait imaginer une telle chute, un tel abîme !
Ce cri : « Où te trouves-tu ? », ici, en face de la tragédie incommensurable de l’Holocauste, résonne comme une voix qui se perd dans un abîme sans fond.
Homme, qui es-tu ? Je ne te reconnais plus.
Qui es-tu, homme ? Qu’est-ce que tu es devenu ?
De quelle horreur as-tu été capable ?
Qu’est-ce qui t’a fait tomber si bas ?
Ce n’est pas la poussière du sol, dont tu es issu. La poussière du sol est une chose bonne, œuvre de mes mains.
Ce n’est pas l’haleine de vie que j’ai insufflée dans tes narines. Ce souffle vient de moi, c’est une chose très bonne (cf. Gn 2, 7).

Non, cet abîme ne peut pas être seulement ton œuvre, l’œuvre de tes mains, de ton cœur… Qui t’a corrompu ? Qui t’a défiguré ? Qui t’a inoculé la présomption de t’accaparer le bien et le mal ?
Qui t’a convaincu que tu étais dieu ? Non seulement tu as torturé et tué tes frères, mais encore tu les as offerts en sacrifice à toi-même, parce que tu t’es érigé en dieu.
Aujourd’hui, nous revenons écouter ici la voix de Dieu : « Adam, où es-tu ? ».
Du sol s’élève un gémissement étouffé : Prends pitié de nous, Seigneur !
A toi, Seigneur notre Dieu, la justice, à nous le déshonneur au visage, la honte (cf. Ba 1, 15).
Un mal jamais survenu auparavant sous le ciel s’est abattu sur nous (cf. Ba 2, 2). Maintenant, Seigneur, écoute notre prière, écoute notre supplication, sauve-nous par ta miséricorde. Sauve-nous de cette monstruosité.
Seigneur tout-puissant, une âme dans l’angoisse crie vers toi. Écoute, Seigneur, prends pitié.
Nous avons péché contre toi. Tu règnes pour toujours (cf. Ba 3, 1-2).
Souviens-toi de nous dans ta miséricorde. Donne-nous la grâce d’avoir honte de ce que, comme hommes, nous avons été capables de faire, d’avoir honte de cette idolâtrie extrême, d’avoir déprécié et détruit notre chair, celle que tu as modelée à partir de la boue, celle que tu as vivifiée par ton haleine de vie.
Jamais plus, Seigneur, jamais plus !
« Adam, où es-tu ? ».
Nous voici, Seigneur, avec la honte de ce que l’homme, créé à ton image et à ta ressemblance, a été capable de faire.
Souviens-toi de nous dans ta miséricorde.
 
 

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