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Se confesser, libération ou aliénation ?

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L'1visible - publié le 30/03/14

Se confesser, ou pas ? Pourquoi ? Comment ? Débat sans détours entre la journaliste Lili Sans-Gêne et le Père Christian Venard, aumônier militaire.

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30/03/14

Le Père Christian Venard est aumônier militaire catholique depuis 1998. Il a accompagné les troupes françaises dans une dizaine d’opérations extérieures, notamment en Afghanistan, au Kosovo, en Côte d’Ivoire, au Liban… Aumônier, entre autres, du 17e Régiment de Génie-Parachutiste de Montauban, il était sur les lieux après la tuerie perpétrée par Mohammed Merah, en mars 2012.
Journaliste, Lili Sans-Gêne s’est toujours intéressée aux questions religieuses. Elle a lu la Bible. Elle pose sans complexe les questions que beaucoup n’osent pas poser.

Lili Sans-Gêne : En maintenant cette pratique rétrograde de la confession, l’Église oblige les gens à s’accuser de fautes dont ils ne sont pas vraiment responsables : nos actes sont le fruit de conditionnements, liés à nos gênes, nos blessures etc.
Père Christian Venard : Si tous nos actes n’étaient que le fruit de nos conditionnements, alors ce serait désespérant : où serait notre liberté? C’est bien parce que l’être humain est doté de deux qualités immenses –l’intelligence et la volonté – qu’il est capable de poser des actes libres. Bien sûr, il y a le poids de l’héritage familial, biologique, culturel, etc. Mais nous restons des êtres libres, capables précisément de sortir des contingences culturelles, sociales ou biologiques. Le fait d’objectiver mon péché, et surtout d’aller le confier à Dieu par l’intermédiaire du prêtre, me fait sortir de la spirale vicieuse de la culpabilité, pour entrer dans la démarche vivante du pardon !

Lili Sans-Gêne : Pourquoi donc passer par un prêtre ? C’est une invention de l’Église. Il n’en est pas question dans la Bible.
Père Christian Venard : Est-ce une invention de l’Église ? En fait, dans les Évangiles, Jésus confie bien à ses apôtres (et donc à leurs successeurs) le soin de lier ou de délier les péchés : « Ceux à qui vous remettrez les péchés, ils leur seront remis. » (Jn 20, 23). Refuser la médiation du prêtre, n’est-ce pas dans le fond refuser d’une certaine manière l’Incarnation, le principe de médiation, et enfin le sacerdoce lui-même ?

Lili Sans-Gêne : Le prêtre est un homme comme les autres : je préfère être en relation directe avec Dieu. Il n’y a que Dieu qui puisse pardonner les péchés.
Père Christian Venard : C’est très vrai : Dieu seul peut pardonner les péchés. Et nous le voyons bien quand Jésus, à la grande stupéfaction des juifs de son époque, ose dire : « Je te pardonne tes péchés », à tel ou tel dans les Évangiles (Lc 5, 17-26). Mais nous voyons bien que, par l’institution des sacrements, ce même Jésus a voulu déléguer à son Église et à ses prêtres le « pouvoir » de transmettre sa grâce à ceux qui viendraient la leur demander. Cela dit, dans chaque sacrement, c’est bien Jésus qui agit directement « à travers » la personne du prêtre. Quand le prêtre dit à la messe : « Ceci est mon corps livré pour vous », c’est bien au nom même du Christ qu’il parle. Et quand, dans la confession, il dit : « Et moi, je te pardonne tous tes péchés », c’est aussi au nom même de Jésus. L’unique médiateur entre Dieu et les hommes, c’est Jésus. Et ce même Jésus a voulu s’associer d’autres hommes, comme participant de son unique médiation.

Lili Sans-Gêne : Le prêtre est un homme comme les autres : je préfère être en relation directe avec Dieu. Il n’y a que Dieu qui puisse pardonner les péchés.
Père Christian Venard : C’est très vrai : Dieu seul peut pardonner les péchés. Et nous le voyons bien quand Jésus, à la grande stupéfaction des juifs de son époque, ose dire : « Je te pardonne tes péchés », à tel ou tel dans les Évangiles (Lc 5, 17-26). Mais nous voyons bien que, par l’institution des sacrements, ce même Jésus a voulu déléguer à son Église et à ses prêtres le « pouvoir » de transmettre sa grâce à ceux qui viendraient la leur demander. Cela dit, dans chaque sacrement, c’est bien Jésus qui agit directement « à travers » la personne du prêtre. Quand le prêtre dit à la messe : « Ceci est mon corps livré pour vous », c’est bien au nom même du Christ qu’il parle. Et quand, dans la confession, il dit : « Et moi, je te pardonne tous tes péchés », c’est aussi au nom même de Jésus. L’unique médiateur entre Dieu et les hommes, c’est Jésus. Et ce même Jésus a voulu s’associer d’autres hommes, comme participant de son unique médiation.

Lili Sans-Gêne : C’est humiliant et aliénant de se confesser à un prêtre. Et puis, c’est curieux d’aller confier ses secrets les plus intimes à un homme qui est aussi faillible que moi, sinon davantage.
Père Christian Venard : Cela, je le comprends très bien, puisque moi même prêtre, quand je dois aller me confesser, je peux le ressentir…Ce n’est pas toujours très drôle d’aller dire devant un autre nos misères ! Cette forme d’humilité, en fait, est aussi salutaire pour nous. Dans une des paraboles de Jésus, faut-il rappeler que c’est le publicain, humble, qui est pardonné ? « Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé. » (Luc 18, 9-14). On peut toujours imaginer que Jésus confie ce ministère à des anges, pourquoi pas ? Mais non, précisément il a voulu confier son Église, ses sacrements, depuis le début, à de pauvres hommes. Et dans le fond, aller se confier à un prêtre, lui aussi pauvre pécheur, n’est-ce pas la confiance de trouver justement quelqu’un qui partage avec moi cet état de pécheur et donc qui peut encore mieux me comprendre ?

Lili Sans-Gêne : Ça ne sert à rien de répéter inlassablement les mêmes peccadilles sans intérêt. De toute façon, on sait bien qu’on va recommencer les mêmes erreurs !
Père Christian Venard : Quelle chance, ma chère Lili, si vous n’avez jamais que des peccadilles à vous reprocher ! Mais votre réflexion ne prend pas en compte un élément pourtant assez saisissant : Dieu est parfait et ne peut supporter en nous le péché… même infime ! Prenons deux images. Un seul grain de poussière sur une vitre placée au soleil vient en gâcher la propreté ; ou bien, un petit oiseau peut voler très haut dans le ciel, mais un seul petit fil attaché à l’une de ses pattes le prive de la possibilité de monter plus haut. C’est pourquoi nous essayons, à la suite du Christ, d’être saints avec Dieu, c’est-à-dire sans péché (même minuscule !). Sur ce chemin de la perfection, quotidiennement, jusqu’à notre dernier jour, nous serons confrontés à notre faiblesse, à notre état de pécheur. Dans ce beau sacrement, qui va de pair avec l’eucharistie, Jésus vient précisément nous aider à lutter contre nos mauvais penchants ; il vient nous fortifier dans le combat spirituel. Or ce qui est demandé au baptisé dans ce combat, ce n’est pas de n’être jamais blessé ; c’est d’avoir le courage (comme le fils prodigue) de se relever et de repartir au combat. Rappelons nous toujours la parole du Christ : « Ce ne sont pas les gens bien portants qui ont besoin de médecin, mais les malades. Je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs » (Mc 2, 17). Gardons-nous surtout de nous croire bien portants !

Lili Sans-Gêne : Justement, je ne vois pas de quoi j’irais me confesser. Je n’ai rien à me reprocher.
Père Christian Venard : Chère Lili, surtout ne bougez pas, je viens me mettre à genoux devant vous, vous devez être la Sainte Vierge ! Sincèrement : quel orgueil pour oser affirmer cela, quand la Sainte Bible, la Parole de Dieu affirme que le juste lui-même pèche sept fois par jour ! (Pr 24, 16). Saint Jean va plus loin encore en écrivant : « Si nous disons que nous sommes sans péché, nous nous abusons nous-mêmes, et la vérité n’est point en nous » (1 Jn 1, 8).
« Dans l’Évangile Jésus confie à ses apôtres le soin de délier les péchés »

Lili Sans-Gêne : Aujourd’hui, les gens vont plutôt chez le psy !
Père Christian Venard : Eh bien, ce n’est pas faux ! De fait, il y a aussi dans la confession un aspect psychologique. En effet, les sacrements s’adressent à l’homme tout entier, corps, esprit et âme. Dans le sacrement de réconciliation, faire sortir de nous le péché, par la verbalisation, permet son objectivation et offre un apaisement bien connu des psychothérapeutes. Reconnaître cette dimension « psy », ce n’est pas pour autant diminuer la portée spirituelle la plus profonde du sacrement qui est bien l’effacement de nos péchés et la guérison intérieure de notre âme. Alors en effet, la désaffection actuelle de ce sacrement conduit sans doute beaucoup de chrétiens vers les psys. Et pourtant, jamais un psy ne vous dira : « Je te pardonne tous tes péchés. » notre âme. Alors en effet, la désaffection actuelle de ce sacrement conduit sans doute beaucoup de chrétiens vers les psys. Et pourtant, jamais un psy ne vous dira : « Je te pardonne tous tes péchés. »

Lili Sans-Gêne : Faire croire aux gens qu’ils sont pardonnés, après quelques Ave et Pater, les pousse à recommencer juste après !
Père Christian Venard : D’abord, ce ne sont pas quelques Pater ou trois Ave qui effacent les péchés. C’est la puissance du Christ et seulement elle qui le peut ! C’est dans la mort et la résurrection du Christ que se trouve la puissance de la miséricorde divine, et nulle part ailleurs. En outre, si je vais me confesser avec l’idée de ne rien changer dans ma vie et de recommencer aussitôt les mêmes péchés, alors, cette confession risque fort de ne pas valoir grand-chose, car il y manquera un élément essentiel : le désir de tout faire pour éviter le péché.

Pour aller plus loin, vous pouvez lire :
– La confession, mode d’emploi par le Père Christian Vénard, Éditions Artège, 2012
– petit guide pour se confesser Éditions de Solesmes, Éditions de l’Emmanuel

Article initialement paru dans les colonnes du mensuel l’1visible

Tags:
Confession
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