Le Carême, une opportunité de réfléchir sur ce qui est au cœur de la vie chrétienne : la charité.
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04/03/2014
Gianni Epifani
A la veille de l'entrée en Carême, pourquoi ne pas se re pencher un instant sur la notion de charité, sur ce qu'elle devrait être concrètement.
Je me rappelle une histoire tout particulièrement significative. Une histoire vraie, tirée du livre La Cité de la Joie. C’est le récit d’une pauvre enfant, que l’auteur, Dominique Lapierre, rencontre dans un village et à laquelle il donne l’unique chose qui lui reste dans sa poche : un biscuit. L’enfant l’accepte avec plaisir et s’en va. Quelques mètres plus loin, se trouve un chien affamé. Elle s’arrête, rompt le biscuit et lui en offre la moitié. Si je devais donner un titre à cette histoire, je l’intitulerais « La charité » et je l’introduirais par une citation de l’écrivain américain Jack London : « Donner un os à un chien n’est pas de la charité – et il ajoute ensuite –, la charité, c’est partager l’os avec le chien, quand vous êtes aussi affamé que lui ». Une façon simple pour signifier que la charité n’est pas seulement un geste matériel, c’est également un geste du cœur.
Le terme caritas vient du grec chàris dont l’équivalent latin est gratis. C’est celui qui « ne cherche pas son propre intérêt » – explique Saint Paul dans la première lettre aux Corinthiens. Ainsi, la caritas est gratuite et cette dernière, elle aussi, devient une expression de charité. Mais il existe un autre sentiment qui, par nature, est également dénué d’intérêt. L’amour. Les grecs l’appelaient agape, ne signifiant pas par ce terme l’amour physique, l’eros, mais le don de soi à celui qui en a besoin, l’écoute de la souffrance de l’autre et l’attention que l’on porte à son prochain. La charité n’est alors pas simplement l’aumône ni l’attitude que l’on porte envers celui qui est faible, démuni et seul.
Ce n’est donc pas seulement le don d’un biscuit. Entendu ainsi, son sens serait véritablement appauvri. La charité n’est qu’amour, dans sa signification la plus profonde. Et l’Eglise, dont le devoir prend son essence même dans la notion d’aimer, « expression du don de soi et de sa propre vie » – a déclaré Benoit XVI dans l’encyclique Deus caritas est – à travers la Caritas, est le meilleur témoignage de la charité. « La charité – continue le pape émérite – n’est pas pour l’Eglise une sorte d’activité d’assistance sociale », même si elle inclut certainement l’acte de donner « envers ceux qui requiert la nécessité immédiate : les affamés doivent être nourris, les nus vêtus, et les malades guéris ». La charité est « l’intention du cœur » envers ceux qui ont en besoin. C’est l’essence même de la vie chrétienne, au sein de laquelle elle trouve tout son sens.
Traduit de l’édition italienne d’Aleteia par Mathilde Dehestru