Des manifestants toujours sur les barricades, la Russie sur ses gardes, mais un nouveau chef de l’Etat par intérim… Le nouvel échiquier politique ukrainien se met en place.24/02/2014
« Leur mort doit avoir un sens, provoquer un vrai changement. On ne veut pas seulement des nouvelles têtes au Parlement et au gouvernement, mais voir la fin de la corruption et du régime policier », déclare un passant dans le centre de Kiev, au lendemain de la destitution de Viktor Ianoukovitch. Au milieu de dizaines de milliers de personnes, il est venu observer de ses propres yeux les dégâts engendrés par la crise de ces dernières mois et rendre hommage aux victimes des violences de la semaine passée.
Après plusieurs journées de violences terribles, causant la mort de près de plus de 80 personnes, les événements ont pris un nouveau tour samedi et dimanche en Ukraine. Au lendemain d'un accord signé par le président ukrainien, en présence des médiateurs européens, l'opposition a pris le contrôle du parlement, qui a voté la destitution du président ukrainien Viktor Ianoukovitch, élu en 2010, et fait libérer l'opposante Ioulia Timochenko, après deux ans d’incarcération.
Viktor Ianoukovitch, voyant ses partisans lui tourner le dos les uns après les autres, se serait réfugié dans l'est du pays, son fief politique, après avoir dénoncé un « coup d'Etat ». Après trois mois de crise politique aigüe, son propre parti l'a déclaré responsable dimanche des récents «événements tragiques». Il est aujourd’hui introuvable.
Le président du Parlement Oleksandre Tourtchinov, un proche de l'opposante Timochenko, a été élu à une très large majorité chef de l'Etat par intérim. Un gouvernement d’union nationale devrait se former d’ici mardi 25 février et une élection présidentielle anticipée a été fixée au 25 mai.
Et quelle n’a pas été la surprise des habitants de Kiev de découvrir la train de vie de leur ex président : « Un domaine immense, des intérieurs de marbre, des icônes couvertes d'or, armures anciennes… un parcours de golf et même un zoo privé et un musée de véhicules militaires soviétiques. … », décrit BFMTV. Des milliers de visiteurs ont déjà visité la demeure jadis protégée par des gardes d’élites. « Je suis sous le choc… Dans un pays où il y a autant de pauvreté, comment une personne peut-elle avoir autant ? Ce doit être un malade mental », déclare Natalia Roudenko, militaire à la retraite, au micro de BFMTV. « Il faut que le monde voit ça et qu'on le traîne devant la justice », insiste-t-elle.
Après lla destitution de Ianoukovitch, la transition reste délicate : comme souligné par Le Parisien, ce pays de 46 millions d'habitants est toujours très divisé entre l'est russophone et russophile, majoritaire, et l'ouest nationaliste et ukrainophone. La communauté internationale redoute que la crise de ces derniers mois n'ait davantage creusé le fossé entre eux.
Les quatre grandes question du moment demeurent : Qui gouvernera ? Comment réagira la Russie ? Y-a-t-il risque de scission ? Comment affronter la faillite financière ? La représentante de la diplomatie européenne, Catherine Ashton, a appelé les responsables politiques ukrainiens à agir « de manière responsable » pour maintenir l' « intégrité territoriale » et l' « unité » du pays.