Alors que la conférence internationale de paix sur la Syrie s’annonce longue et laborieuse, le Pape témoigne de l’engagement du Saint-Siège et de la force de la prière.
23/01/2014
« Je prie le Seigneur pour qu'il touche le cœur de tous, afin que, cherchant uniquement le bien majeur du peuple syrien, déjà si éprouvé, ils n'épargnent aucun effort pour parvenir d'urgence à la cessation de la violence et à la fin du conflit », a déclaré le pape François au cours de l'audience générale de mercredi, devant 13 000 fidèles réunis sur la place Saint-Pierre à Rome.
Pour la première fois, à Montreux, en Suisse, des représentants du pouvoir syrien et de l'opposition se retrouvent à la même table pour tenter de sortir le pays de trois années de conflit sanglant qui a déjà fait plus de 130 000 morts.
La journée, qui était une première tentative de dialogue avant l’ouverture des travaux proprement dits , le 24 janvier, s’est déroulée dans un climat de tension extrême. Les responsables de la diplomatie des grandes puissances mondiales en sont sortis très perplexes, faisant déjà pressentir un « dialogue long et ardu » entre les parties (cf. synthèse BFMTV).
Ban Ki-Moon souhaite que cette conférence ne tourne pas au dialogue de sourds – « Trop, c'est trop, il est temps de négocier », a plaidé le secrétaire général de l’ONU au terme de la première conférence de presse. Mais la plupart des diplomates le craignent, comme le ministre britannique des Affaires étrangères, William Hague, pour qui « il ne faut pas attendre d'avancées majeures dans les jours à venir ».
Néanmoins, l’espoir demeure : « quand la diplomatie se met en marche, on peut obtenir des choses, on l'a déjà vu dans plusieurs autres dossiers, notamment dans le dossier nucléaire iranien », a déclaré le ministre britannique, rejoint dans ses propos par l’opposant syrien Burhan Ghalioun, qui conseille de « mettre les sentiments de côté et faire prévaloir la raison », affirmant à la presse : « S'il y a 10% de chances de réaliser des progrès dans l'intérêt du peuple syrien, ce sera une bonne chose ».
Le pape François y encourage fermement tous les participants de la conférence afin que « la chère nation syrienne puisse emprunter un chemin résolu de réconciliation, de concorde et de reconstruction, avec la participation de tous les citoyens, où chacun puisse trouver dans l'autre non pas un ennemi, non pas un concurrent, mais un frère à accueillir et à embrasser », a-t-il prié lors de la traditionnelle audience générale du mercredi.
Depuis le début du conflit syrien, en 2011, le Saint-Siège a toujours été très concerné, et le pape François particulièrement actif pour essayer d’éloigner le spectre d’une guerre généralisée : Depuis la journée de prière et de jeûne début septembre pour la Syrie, et le lancement sur Twitter du premier « Hashtag » de son compte @pontifex « prayforpeace », très remarqué par les internautes (cf. Aleteia) , le Souverain Pontife, a mobilisé la diplomatie vaticane, ses experts et les œuvres humanitaires de l'Église, multipliant ses messages et appels au dialogue et à la réconciliation.
« Sur nos actions il y a un jugement de Dieu et aussi un jugement de l’histoire, auxquels on ne peut échapper ! Ce n’est jamais l’usage de la violence qui conduit à la paix. La guerre appelle la guerre, la violence appelle la violence ! », avait-il lancé un dimanche de septembre, à l’angélus.
Mais encore le jour de la saint André, évangélisateur de l’Orient (30 novembre) : « « Dialoguer et dialoguer encore pour trouver des solutions justes et durables à un conflit qui a déjà fait trop de dégâts (…) Nous croyons fermement dans la force de la prière et de la réconciliation, et nous renouvelons notre pressant appel aux responsables afin que cesse toute violence et qu’à travers le dialogue puissent être trouvées des solutions (…) » (cf. Aleteia)
Le Saint-Siège a été invité à participer aux travaux de Genève II. Mgr Silvano Tomasi, Observateur permanent du Saint-Siège auprès des Nations Unies, et Mgr Alberto Ortega Marti, membre de la Secrétairerie d'Etat, espèrent « en la bonne volonté des participants ».
Cette rencontre qui est un « premier face à face » est déjà « un pas positif », a notamment confié Mgr Tomasi dans un entretien à Radio Vatican. Avec « un peu de patience », il peut conduire à « quelque chose de substantiel ». Mgr Tomasi a alors rappelé que « la violence n’aboutit à rien, seulement destruction, mort et souffrance de la population », et la préoccupation « concrète et réelle » du Saint-Siège pour les chrétiens au Moyen-Orient qui doivent « pouvoir jouir des mêmes droits que les autres citoyens, des droits respectés et acceptés, surtout le droit à la vie ».
Dernier souhait de Mgr Tomasi: « Qu’il y ait une nouvelle mentalité », que la crise actuelle puisse aboutir à « quelque chose de positif, de nouveau … qui offre à tous les acteurs de la société la possibilité de contribuer au bien commun ».
Ce même mercredi a débuté la campagne internationale de prière pour la Syrie lancée par le Patriarche grec melkite catholique d’Antioche, d’Alexandrie et de Jérusalem, Grégoire III Laham. Elle durera tout le temps de la conférence. L’Observatoire de la Christianophobie, qui dit s’y associer « de grand cœur » a lancé une neuvaine de prière pour le succès de Genève II, du 21 au 29 janvier, à laquelle un millier de personnes s’est engagé à participer en priant à cette intention.