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Interprétation du Concile : Le pape François à la lumière de Benoît XVI

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Fr. John Zuhlsdorf - Fr. Z's Blog - publié le 27/11/13
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Dans une lettre au cardinal Brandmüller, le Pape embrasse explicitement «l’herméneutique de la continuité» chère à son prédécesseur.
 (article original en anglais paru le 23/11/2013, traduit le 26/11/2013)

Le 4 décembre  aura lieu le 450e anniversaire de la clôture du Concile de Trente.  Nous aimons célébrer ces grands jalons tout au long de l'histoire du salut.  De grandes célébrations sont ainsi prévues à cette occasion dans le nord de l'Italie, qui fait partie (aussi) du Tyrol germanophone. Comme il est d’usage, le pape François a nommé un envoyé spécial, qui le représentera personnellement. Qui mieux que le cardinal Walter Brandmüller * ?

Lorsque le pape dépêche un cardinal pour une de ces missions, il lui envoie une lettre officielle, dans laquelle il lui confie la tâche que celui-ci aura à accomplir et lui suggère une partie de ses propres espoirs pour l'occasion. L'anniversaire de la clôture du Concile de Trente ne fait pas exception.

Dans sa lettre au cardinal Brandmüller, le pape François cite explicitement le discours du pape Benoît XVI à la Curie romaine, en 2005, définissant les grandes lignes de son pontificat. Dans ce discours, le Saint-Père Benoît XVI évoque l’«herméneutique de la discontinuité et de la rupture » (représentée par la grande foule (…)  de  Karl Rahner et de ses descendants, toujours actifs aujourd'hui) et l’« herméneutique de la réforme », ou « herméneutique de la continuité ».

En faisant cette référence explicite, François s'aligne sur Benoît, sur ce moment clé et ce concept à la base du pontificat de Benoît XVI.

Le pape François avait déjà adressé une lettre à Mgr Marchetto [canoniste, juriste et grand spécialiste du concile Vatican II], la bête noire de l’«herméneutique de la discontinuité et de la rupture», ladite "école de Bologne" d’interprétation du Concile Vatican II. François a sûrement brisé quantité de cœurs libéraux lorsqu’il s’est référé à l’archevêque Marchetto (qui, en la matière, est complètement aligné sur Benoît) comme étant, à sa connaissance, « le meilleur herméneute du Concile Vatican II ».

L’original en latin de lettre de François au cardinal Brandmüller est disponible sur le site de Bollettino.  Voici une traduction rapide de la première partie de la lettre, la plus importante. La deuxième partie  comporte des phrases passe-partout et offre moins d'intérêt :

« A notre Vénérable Frère
Walter Cardinal (de la Sainte Eglise romaine) Brandmüller
Doyen de  St. Julien des Flamands

A l’occasion du 450e anniversaire du jour où le Concile de Trente a été mené heureusement à son terme, il appartient à l’Église de rappeler avec un empressement plus attentionné la doctrine la plus fructueuse qui soit sortie de ce Concile, réuni dans le Tyrol. Ce n'est certainement pas sans raison que l'Eglise a depuis si longtemps apporté le plus grand soin aux décrets et canons de ce Concile, qui doivent être rappelés et observés; vu que, depuis, des questions et problèmes extrêmement graves ont surgi, les Pères du Concile ont tout mis en œuvre pour que la foi catholique apparaisse plus clairement et soit mieux comprise. Nul doute que, inspirés et encouragés par le Saint-Esprit, les Pères ont eu le plus grand souci que soit préservé le dépôt sacré de la doctrine chrétienne, mais aussi que l’humanité soit mieux éclairée, de sorte que l’œuvre salvifique du Seigneur puisse être diffusée sur toute la planète et que l’Evangile soit propagé dans le monde entier.
Toujours à l’écoute du même Esprit, la Sainte Église de notre époque renouvelle et médite sur la richesse de la doctrine du Concile de Trente. En effet, « l’herméneutique du renouveau »,[interpretatio renovationis] que Notre prédécesseur Benoît XVI a expliqué en 2005 devant la Curie romaine, se réfère tout autant au Concile de Trente qu’à celui de Vatican II.
Certainement, ce mode d’interprétation met brillamment en lumière une belle caractéristique de l’Eglise qui est enseignée par le Seigneur lui-même: c'est « un sujet » qui grandit dans le temps et qui se développe, restant cependant toujours le même, l'unique sujet du Peuple de Dieu en marche » (Discours du pape Benoît XVI à la Curie romaine à l’occasion de la présentation des vœux de Noël –  22 Décembre 2005). […] »

C’est une lettre importante.

Tout d’abord, elle affirme que nous pouvons en effet, et à juste titre, lire François à travers Benoît.
Deuxièmement, elle affirme que François, à juste titre, lit François à travers Benoît.
Troisièmement, ce qui est frappant, c’est que le pape François effectue quelques corrections de trajectoire.  Il a peut-être perçu que certains dans «le monde» (par exemple, les libéraux, le MSM) ne le lisent pas correctement.  Son expérience avec la fameuse “interview” lui a sans doute ouvert les yeux. En plus des malentendus et  des interprétations faussées, il a également été mal jugé par beaucoup de l’aile plus conservatrice.

Comme je l'ai toujours dit, le pape François – comme tout pape – doit apprendre à être pape.  Il avait un handicap en arrivant sur le trône de Pierre, c’est qu’il n’avait pas côtoyé la Curie romaine.  Mais il s’adapte peu à peu, apprend, se transforme.  François, comme on peut le constater tous les jours, n'est pas statique dans son travail. Il ne se contente pas d’être sur le régulateur de vitesse.
Continuez à prêter une attention particulière au Pape François, pas seulement à ses petites phrases, mais à ses entretiens, ses discours et ses documents écrits.
Ce n'est pas un os jeté aux conservateurs. C'est le vrai « deal ». C'est François.
 
*Ancien Président du Comité pontifical des sciences historiques (1998 – 2009), créé cardinal par Benoît XVI en novembre 2010.
 
Cet article a été traduit du blog Fr. Z's Blog de Fr. John Zuhlsdorf par Elisabeth de Lavigne pour Aleteia.
 

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