Après avoir connu l’horreur de la guerre et de la déportation, l’officier de la légion mort ce 26 août témoignait d’une foi tourmentée, humble et traversée de doutes, mais bien vivante.
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Avec la mort, ce 26 août, d’Hélie Denoix de Saint-Marc, une icône vient de s’en aller. Tour à tour résistant, déporté en Allemagne, officier de la Légion étrangère, engagé dans les batailles d’Indochine et d’Algérie, puis emprisonné pour avoir pris part au putsch d’Alger, l’homme avait vécu plusieurs vies. Après un long silence, pendant lequel son exemple fut successivement salué, banni, puis réhabilité (Le Monde), cet homme à la personnalité riche et complexe s’était attiré des milliers d’admirateurs en acceptant de donner son témoignage, à travers plusieurs ouvrages et de nombreuses conférences.
Les articles biographiques aujourd’hui publiés – ou republiés – sur le compte de cet homme de droiture et d’honneur montrent un homme que la notoriété n’a pas enfermé dans des certitudes, comme il le faisait valoir au journaliste spécialiste de l’armée Jean-Dominique Merchet, dans une interview à Libération, aujourd’hui republiée sur son blog : « Au cours de mon existence, j'ai toujours été entouré de directeurs de conscience. A l'extrême soir de ma vie, je ne veux ressembler ni de près ni de loi à un directeur de conscience, à un gourou. Je ne veux surtout pas dérouler un tapis de vérités sur lequel les jeunes avanceraient l'esprit en paix et le sourire aux lèvres. Vous savez, je doute. Il ne faut pas s'installer dans sa vérité mais l'offrir en tremblant. Comme un mystère. »
Après avoir grandi dans une famille bordelaise et avoir été élevé dans un collège jésuite, « à Buchenwald, Saint Marc avait laissé la foi de son enfance », résume Etienne de Montety dans sa longue et riche nécrologie parue dans Le Figaro. « C'était un être profondément inquiet, qui confessait que sa foi se résumait à une minute de certitude pour cinquante-neuf de doute. Le mal, la souffrance, le handicap d'un enfant, ces mystères douloureux le laissaient sans voix. »
« Oui, le doute m’habite, comme la question de la mort, parce que je l’ai frôlée, que beaucoup de mes amis l’ont connue, et que je l’ai donnée », témoignait encore le vieux soldat à l’étonnante lucidité, dans un entretien à Famille Chrétienne.
Des doutes qui toutefois n’arrêtaient pas le vieil homme dans sa quête de sens et d’éternité : « J’ai une foi vacillante, mais cela ne m’empêche pas d’être catholique pratiquant. Les sacrements et la liturgie qui nourrissent cette foi sont porteurs de mystère. Ils peuvent, à la longue, atténuer mes doutes. »
Pour aller plus loin :
Famille Chrétienne publie en libre accès sur son site une rétrospective des articles consacrés à Hélie de Saint-Marc « en hommage à cet infatigable combattant avide de sens » :
http://www.famillechretienne.fr/societe/histoire/le-dernier-combat-dhelie-de-saint-marc-est-acheve_t7_s34_d70776.html