Comme la quasi-totalité des reporters, celui du Vatican Insider dresse un bilan très positif du premier voyage du Pape François.
Luca Rolandi
Vatican Insider
RIo De Janiero
Le premier voyage international du Pape a été riche en surprises. Ce qui a frappé d’abord, ce sont la vitalité et la résistance de François qui à aucun moment ne s’est ménagé et qui, malgré des journées épuisantes, n’a jamais montré de signe de fatigue. Au contraire, on peut constater que, dans le rapport avec les personnes, dans le contact avec les jeunes – auxquels il a réservé un accueil extraordinaire – Bergoglio a montré une surprenante énergie.
Il n’y a pas eu de problèmes de sécurité, en dépit des polémiques suscitées par le choix fortement voulu par le Pape de ne pas utiliser la «papamobile» avec vitres blindées, préférant la jeep blanche de la place Saint-Pierre. Il a surpris aussi par son choix de parcourir les rues de Rio de Janeiro pour les déplacements rapides ou quand il pleuvait, à bord d’une petite voiture, une Fiat Idea. La plus petite voiture de tout le cortège papal. Caractéristique de la semaine que François a passée au Brésil, la grande cordialité des rencontres, la disponibilité à aller à la rencontre de tous, sans poser trop de problèmes, sans avoir une grande suite de prélats et de personnes à son service, réduisant au minimum la présence du cortège.
Il est évident pour tous que l’agenda du souverain pontife, les décisions concernant ses déplacements, les modalités de la rencontre avec les gens, tout a été choisi par lui, en dialoguant avec ses collaborateurs les plus proches et avec les gendarmes affectés à sa sécurité. Mais il a toujours eu le dernier mot. Ainsi nous avons pu voir, à quatre reprises au moins, le Pape parcourir les trois kilomètres qui séparent le Forte de Copacabana du lieu sur le front de mer où avait été installé le podium. Ici devaient être célébrés uniquement l’accueil initial du jeudi et la Via Crucis de vendredi. Mais ni la veillée ni la messe de clôture, prévues dans une zone périphérique et équipée à cet effet en marge de la vile, mais qui s’était transformée en un marécage.
Par quatre fois donc, François a accompli dans une jeep découverte un parcours entièrement exposé à une longue rangée de palais, la «skyline» de Copacabana. Le Pape ne s’en est nullement soucié, et les personnes préposées à sa sécurité ont dû prendre leur mal en patience face à sa volonté d’embrasser les jeunes, de s’arrêter constamment pour bénir et saluer les enfants et les malades. Autre nouveauté : les petits chapeaux, drapeaux, tee-shirts et lettres, que les jeunes ont lancés tout au long du parcours sur la «papamobile».
Souvent le Pape réussissait à attraper au vol ces objets, d’autres étaient recueillis par les gendarmes, d’autres fois encore pleuvaient sur la tête du secrétaire, don Alfred Xuereb, qui prestement les repliait en les empilant par terre dans la voiture.
Le voyage au Brésil a été décisif également pour les messages. Plus que sur les discours, le nouveau Pape a misé sur les signes et sur les gestes. La visite à la favela surnommée la «Bande de Gaza de Rio» a été le point d’orgue, avec un François heureux de rencontrer les pauvres du bidonville qui, voici encore un an, était le théâtre d’affrontements sanglants entre dealers et toxicomanes. Malgré la pluie et la boue, Jorge Mario Bergoglio était heureux d’embrasser tous ceux qui se trouvaient sur son passage.
Durant la semaine au Brésil, le Pape a livré des messages précis aux politiques : il a invité à suivre obstinément la voie du dialogue et de la rencontre, dit que la «pacification ne suffit pas », car aucune société ne sera jamais pacifiée si demeurent les inégalités sociales. Il a demandé aux politiques de s’engager pour éradiquer la pauvreté. A ceux qui manifestent pour changer les choses et descendent sur la place publique, François a rappelé que
la violence ne peut être la voie juste. Et que chaque véritable réforme part toujours du changement du cœur de l’homme. Deux discours du Pape ont eu la tonalité de textes «programmes» et représentent à ce jour les plus engagés du pontificat. François a parlé à l’Eglise et a demandé un profond changement des mentalités et du regard.
Il a rendu plus systématique et fondée sa critique du cléricalisme, des pasteurs bureaucrates et fonctionnaires, de l’Eglise qui se fie trop à ses structures, aux approches «disciplinaires», qui «privilégient les principes, les comportements, les procédures d’organisation», mais «bien évidemment » sont «sans proximité, sans tendresse, sans caresse». Il a critiqué les actions pastorales «mises en place avec une telle dose de distance qu’elles sont incapablesd’arriver à la rencontre» des hommes et des femmes d’aujourd’hui. Valeurs et doctrine ne changent pas.
Mais François a dénoncé une approche qui transforme l’Eglise en « contrôleur ». Une Eglise-douane qui «contrôle» la foi des personnes au lieu de la favoriser.
L’enthousiasme des jeunes, l’urgence de l’appel à la mission restent gravées dans la mémoire de ces Journées mondiales de la Jeunesse. Mais nul doute que tout ce qui s’est passé à Rio de Janeiro et que l’appel de François à une révision et un changement profond valent également pour l’Eglise de l’Ancien continent.
Traduction Elisabeth de Lavigne
Source article italien : http://vaticaninsider.lastampa.it/nel-mondo/dettaglio-articolo/articolo/gmg-26828/