[VIDÉO] Dans le Nord-Kivu, une guerre sans fin ?

C'est une guerre oubliée qui ravage la région des Grands Lacs. Fin janvier, la ville de Goma, capitale du Nord-Kivu en République démocratique du Congo, est tombée aux mains du groupe rebelle M23, soutenu par le Rwanda, qui menace maintenant Bukavu, la capitale du Sud-Kivu. Voilà trois décennies que les guerres s'enchaînent dans cette région à cause de conflits ethniques et frontaliers qui semblent sans fin. Des tensions décuplées par la présence en abondance de terres rares comme le coltan, un composant essentiel à l'industrie informatique et militaire, convoité par le Rwanda et le Burundi voisin. La prise de Goma fait craindre un embrasement de toute la région, ce qui explique les nombreuses tentatives de médiation des pays voisins comme l'Angola. Ou encore de la Cenco, la Conférence épiscopale nationale du Congo, un des rares acteurs pouvant faire consensus dans une région où la majorité des habitants sont chrétiens. En plus de la situation humanitaire catastrophique au Kivu, les combats permettent à des groupes terroristes affiliés à l'État Islamique de s'étendre. Et de commettre des tueries comme à Muhangi le 15 janvier où 32 habitants, majoritairement chrétiens, ont été massacrés à la machette.

Les responsables chrétiens du Congo et de la région des Grands Lacs appellent les populations à rester unies et les différents partis du conflit à retrouver le chemin du dialogue. Un seul exemple, les représentants des Églises catholique et protestante ont annoncé cette semaine le lancement d’un dialogue national qui inclurait les différents acteurs du pays, y compris le M23. Dans cette région martyrisée, tous les observateurs s’accordent à dire que quand l’État fait défaut, l’Église supplée le plus souvent. Saura-t-elle mettre fin à ce drame qui se déroule sous nos yeux ? La guerre du Kivu a fait plusieurs centaines de milliers de morts depuis 2004. C’est l'un des conflits les plus meurtriers du XXIe siècle.