Un verdict qui passe mal pour l’Église catholique du Gujarat, État de l’ouest de l’Inde. Le 23 janvier, la Haute cour suprême du pays a donné raison à la décision du gouvernement de nommer lui-même les enseignants des écoles secondaires catholiques (équivalent des collèges en France). L’Église, qui assure la gestion de 57 établissements au Gujarat, prévoit de faire appel devant la cour suprême de l’Inde. Un acte qui renforce l'oppression des chrétiens au Gujarat. "Bien que notre équipe juridique ait souligné que la nomination du personnel est notre droit fondamental, il est décevant que le juge ait approuvé la prise de contrôle par le gouvernement", a déploré à l’agence CNA Mgr Thomas Macwan, archevêque de Gandhinagar (capitale du Gujarat)
En 2021 déjà, le gouvernement du Gujarat avait déposé un amendement pour modifier la Constitution indienne. Celle-ci précisait auparavant à l’article 30 que "toutes les minorités, qu'elles soient fondées sur la religion ou la langue, ont le droit de créer et d'administrer les établissements d'enseignement de leur choix". Les écoles secondaires privées d'enseignement supérieur sont subventionnées par l’État, qui paie le salaire des enseignants et d’autres membres du personnel, mais les équipes de direction des écoles restaient libres du choix de leurs salariés, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui. "Le droit de nommer le personnel est notre droit fondamental, et il est très crucial pour la bonne gestion de nos institutions", a déclaré à l’agence CNA le père Teles Fernandes, secrétaire du conseil de l’éducation des institutions catholiques du Gujarat et vicaire général de l’archidiocèse de Gandhinagar.
Une situation délicate pour les chrétiens en Inde
Cette décision constitue un pas de plus dans la dégradation des droits fondamentaux des chrétiens dans le pays. Pour mémoire, ils représentent moins de 1% de la population indienne, composée de 64 millions d’habitants. Si les institutions catholiques ne sont pas les seules concernées par ces nouvelles directives qui touchent aussi d’autres écoles confessionnelles, la liberté religieuse dans le pays y est de moins en moins acquise. Depuis son arrivée au pouvoir en 2014, Narendra Modi, l’actuel Premier ministre, a mis en place une législation restrictive sur la pratique religieuse, à travers des lois anti conversion. La conversion d'hindous au christianisme est passible d’une sévère réprimande. Les chrétiens sont également discriminés dans l’emploi et l’accès aux soins. Dans l'État d’Assam au nord-est de l’Inde, des écoles chrétiennes avaient d’ailleurs été sommées de retirer leurs symboles religieux en février 2024. Avec les institutions éducatives qui sont désormais visées, le pays s’enfonce de plus en plus dans la radicalité.