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"Notre-Dame de Paris fait partie de moi. En la voyant brûler je me suis dit que c’était à mon tour de lui venir en aide, comme elle l’a fait pour moi des dizaines de fois." Aujourd’hui âgée de 92 ans, Jacqueline n’a jamais douté de Notre-Dame. Au moment de l’incendie, lorsque la flèche s’est effondrée avec fracas dans les flammes, elle n’a pas retenu ses larmes. Et elles ont coulé longtemps. De tristesse, de douleur et d’abandon. Mais pas de fatalité. "Les deux tours étaient encore debout. Je savais qu’elle allait se relever." Et pas question pour elle de ne pas en être. Dans les jours qui ont suivi elle a fait un don pour rebâtir Notre-Dame. Un don qu’elle a renouvelé chaque année jusqu’à l’achèvement de sa reconstruction. Ce mercredi 11 décembre matin, elle a pu voir enfin de ses yeux le résultat lors de la messe dédiée aux mécènes et donateurs de la cathédrale.
Bien sûr, tout le monde ne pouvait y entrer. Depuis l’incendie de la cathédrale en avril 2019, ce ne sont pas moins de 340.000 mécènes qui se sont mobilisés permettant de récolter un total de 846 millions d’euros entièrement dédiés à la cathédrale. Mais seuls quelque 1.500 donateurs ont pu assister à la messe, essentiellement sur tirages au sort, et représentatifs des différents organismes de collecte des dons : la fondation Notre-Dame, la fondation du Patrimoine, la fondation de France, l’établissement public Rebâtir Notre-Dame, le CMN et la fondation américaine Friends of Notre-Dame de Paris. La fondation Notre-Dame demeure néanmoins le premier financeur des travaux de restauration avec 358 millions d’euros collectés. "En cinq ans, ce sont 62.000 donateurs particuliers – dont 91% de Français – qui ont témoigné d’un attachement profond à ce monument emblématique du patrimoine français", détaille Sylvie Bretones, déléguée générale de la fondation. "Et ça a été un élan national, 70% de nos donateurs ne sont pas d’Ile-de-France !"
La beauté des pierres, de l’aménagement mais surtout la beauté du travail, de la fraternité, tout cela, vous l’avez permis.
"Du plus modeste au plus grand donateur, tous vous avez été indispensables", les a accueillis l’archevêque de Paris, Mgr Laurent Ulrich, au début de la célébration. "Aujourd’hui votre effort, votre don est récompensé ! La beauté des pierres, de l’aménagement mais surtout la beauté du travail, de la fraternité, tout cela, vous l’avez permis." Passionnés du patrimoine, croyants, Parisiens… Chacun a eu ses raisons de donner pour participer au relèvement de la cathédrale. Jean-François a donné 500 euros dans les jours qui ont suivi l’incendie. "J’ai eu envie de participer à cet élan de solidarité, je me suis senti happé par lui", confie-t-il volontiers. Lui-même bénévole à la fondation du Patrimoine, il ne pouvait passer à côté d’une telle mobilisation. Et aujourd’hui, lorsque ses yeux ont découvert avec ravissement la blondeur de la pierre et le chatoiement des couleurs des chapelles rayonnantes, il nourrit l’espoir qu’un tel exemple irrigue l’ensemble des chapelles et églises actuellement en restauration en France. "On a atteint un niveau de perfection et d’excellence incroyable", poursuit-il. "J’espère que cela va servir ailleurs."
Un peu plus loin, une jeune femme déambule sur l’un des côtés et s’arrête quelques instants devant la statue d’une sainte. Carole travaille à la cité de l’architecture et du patrimoine, plus spécifiquement au fonds Geoffroy-Dechaume. C’est son savoir qu’elle a mis à disposition pour rebâtir Notre-Dame. "Proche collaborateur de Viollet-le-Duc sur le chantier de Notre-Dame au XIXe siècle, Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume a notamment dirigé la création de la collection de moulages monumentaux", explique-t-elle. "Après l’incendie, nous avons mis à disposition notre savoir, nos documents… Tout ce qui était nécessaire pour le chantier de Notre-Dame." Et le résultat est à la hauteur de ses espérances.
Donateurs anonymes, représentants d’entreprises, de fondations, de collectivités… En ce 11 décembre au matin, ils ont tous trouvé leur place dans Notre-Dame, qu’ils aient été présent physiquement ou par la pensée et la prière. "Une plaque à l’entrée sud a été installée pour vous, donateurs", a ainsi rappelé l’évêque dans son homélie. "Elle est certes discrète mais permettra à celles et ceux qui passeront devant de prier à vos intentions." Et l’évêque de citer le mot émouvant ayant accompagné un don reçu peu après l’incendie : "Je ne serai sans doute plus de ce monde lors de la réouverture de Notre-Dame. Mais je souhaite que les générations futures puissent continuer de venir prier à Notre-Dame." Prier, se recueillir, s’émerveiller, se retrouver… Après cinq années d’absence, la cathédrale retrouve enfin le rôle qui est le sien grâce à la générosité de ces mécènes et donateurs. Mais pour Christine, nul besoin de remerciement. "Ce que nous avons fait est tout à fait normal", assure-t-elle. "Croyants ou non-croyants, Notre-Dame nous a aidé tellement de fois à traverser les tempêtes de nos vies. C’est nous qui devons la remercier, pas l’inverse." Et ce n'est pas Geneviève et Christophe, donateurs réguliers depuis quelques années, qui vont la contredire : "Nous sommes heureux de la retrouver en pleine forme", lancent-ils gaiement. "Et tant mieux car nous avons beaucoup de choses à demander à la Vierge !"