La finalité du chantier
Avant d’être une œuvre d’art unique, Notre-Dame est d’abord une église, l’expression de la foi de tout un peuple. Non seulement le témoignage d’une ferveur ancestrale mais aussi le moyen de s’adresser au Ciel, l’espace pour entrer en communion avec Dieu. Les médias se focalisent avec raison sur le formidable travail des ouvriers de ce chantier hors norme qui a permis la restauration de l’édifice parisien. On s’extasie sur le déploiement sans précédent des prouesses techniques des métiers d’art qui ont œuvré à l’entreprise de reconstruction. Mais à trop s’enthousiasmer pour les moyens, ne risque-t-on pas de passer sous silence la finalité religieuse de l’ouvrage et d’oblitérer ainsi sa dimension spirituelle chrétienne ?
Il est fait rarement mention de la foi dans la plupart des commentaires que suscite la réouverture de la cathédrale de Paris. Tout se passe comme si l’homme célébrait son propre génie à travers sa restauration.
À l’origine, le premier chef de chantier de Notre-Dame fut… Dieu Lui-même ! C’est Lui qui insuffla la foi aux premiers bâtisseurs — cette foi sans laquelle jamais ils n’auraient eu l’idée, le courage et la ferveur persévérante nécessaires à la construction d’un chef-d’œuvre aussi grandiose. Or, il est fait rarement mention de cette foi dans la plupart des commentaires que suscite la réouverture de la cathédrale parisienne. Tout se passe comme si l’homme célébrait son propre génie à travers sa restauration. Curieux renversement de perspective !
Le danger de se croire quitte envers le Seigneur
Mais il y a plus grave que cette autocélébration. Il ne faudrait pas que la ferveur engendrée par la réouverture de Notre-Dame vaille quitus de nos devoirs envers Dieu, que nous nous sentions quittes envers Lui. En un mot, il est souhaitable que la restauration de Notre-Dame ne serve pas d’alibi aux Français pour continuer à vaquer à leurs affaires sans se soucier du Seigneur. Une telle attitude serait alors semblable à celle des scribes qui donnaient de grandes offrandes au Temple de Jérusalem afin de se prouver à eux-mêmes qu’ils étaient en règle avec Celui qui y habitait. On connaît la prophétie de Jésus au sujet du bel édifice dont un de ses disciples lui vantait la splendeur : "Maître, regarde, quelles pierres ! Quelles constructions !" Et Jésus lui dit : "Tu vois ces grandes constructions ? Il n’en restera pas pierre sur pierre !" (Mc 13, 1-2.) Il ne suffit pas de rebâtir Notre-Dame, encore faut-il qu’elle retrouve sa finalité première d’être un lieu de prière. Et pour cela, encore faut-il que les Français retrouvent le chemin de Dieu !
Au milieu de l’unanimisme qui sera de mise pour la réouverture de la cathédrale, un autre chantier plus essentiel et plus coûteux nous attend : rechercher Dieu et retourner à Lui par Jésus dans l’Esprit.
Il ne s’agit pas de jouer les oiseaux de mauvais augure mais de hiérarchiser les priorités. La première chose qu’il incombe aux Parisiens, et plus largement à la nation française, ce n’est pas de s’extasier sur la prouesse technique et artistique du chantier de Notre-Dame mais de renouer avec la foi de leurs ancêtres. Au milieu de l’unanimisme qui sera de mise pour la réouverture de la cathédrale, un autre chantier plus essentiel et plus coûteux nous attend : rechercher Dieu et retourner à Lui par Jésus dans l’Esprit.
Et restons vigilants vis-à-vis des promesses des personnes publiques. Souvenons-nous de la prophétie de Benoît XVI : "N’importe quelle future dictature antichrétienne serait probablement plus subtile que toutes celles que nous avons connues jusqu’à maintenant. Elle se montrera amicale envers la religion, mais à condition que ses propres modèles de conduite et de pensée ne soient pas remis en question" (cité par Greg Watts, Benoît XVI. Son histoire, Salvator).
[EN IMAGES] Notre-Dame de Paris s’est révélée, et c’était beau