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Les 7 et 8 décembre, Notre-Dame va recommencer à vivre au rythme des offices liturgiques – plus de 2.000 par an. Les voûtes de la cathédrale parisienne résonneront de nouveau des voix des chantres de la Maîtrise et des tuyaux du grand orgue. Même avant que Maurice de Sully, au XIIe siècle, pose la première pierre de l’édifice gothique, la musique sacrée habite en cette église-mère du diocèse de Paris. Le répertoire n’est cependant pas figé : à l’occasion de la réouverture, un Magnificat a été composé par le titulaire de l’orgue de chœur, Yves Castagnet, sorti en CD ce 29 novembre. Suivront cinq autres créations dans la cathédrale pour marquer l’événement, et qui prennent place dans le programme exceptionnel de la saison 2025. Voici donc plus de mille ans de compositions, des débuts de la polyphonie à la musique modale plus contemporaine en passant par les motets, dont la sélection qui suit, subjective et partielle, voudrait donner un aperçu.
Un chant marialO Maria, stella maris d’Adam de Saint-Victor
"Ô, Marie, étoile de la mer", chante cette hymne, reprenant une appellation traditionnelle de la Vierge Marie. Son compositeur, Adam de Saint-Victor (mort vers 1146), fut chantre de Notre-Dame de Paris dès 1107, avant, donc, les débuts de la construction de l’édifice gothique par Maurice de Sully (1163). Il mourut à l’abbaye de Saint-Victor, aujourd’hui dans le quartier de la Mutualité (Paris Ve), lieu d’efflorescence intellectuelle fondée par un écolâtre de l’École cathédrale.
Pour louer DieuCongaudeant catholici du Magister Albertus Parisiensis
Considéré comme le premier maître de ce qu’on appelle l’École de Notre-Dame, le Magister Albertus Parisiensis (mort vers 1177) est aussi le successeur d’Adam de Saint-Victor. Le Congaudeant catholici ("Qu’on se réjouisse universellement") est issu du Codex Calixtinus qui est le premier manuscrit à donner le nom des chantres. C’est l’une des premières compositions polyphoniques, un nouveau genre musical créé à Notre-Dame.
Un psaume Viderunt Omnes de Léonin
S’il ne fut pas le premier, Léonin (Leoninus, 1150-1210 environ) est connu comme le fondateur de l’École de Notre-Dame. Il a mis en partition les morceaux composés alors et appelés organum ou conductus. Le Viderunt omnes est de la première catégorie, soit une mélodie de plain-chant à laquelle s’ajoutent des contre-chants, ici à deux voix. Il reprend le psaume 98, chanté à Noël : "La terre tout entière a vu, le salut de notre Dieu."
Pour fêter l’Enfant-Jésus Alleluia de la Nativité de Pérotin
Avec Léonin, Pérotin (1160-1230 environ) est le plus connu des maîtres de l’École de Notre-Dame, plus moderne que son prédécesseur et plus complexe, notamment par l’usage de quatre voix. Les sources manuscrites mentionnent que les Alleluia les plus développés sont chantés pendant l’Octave de la Nativité, comme celui-ci.
Pour commencer l’annéeHac in die salutari d’un anonyme
Œuvre d’un anonyme Hac in die salutari ("Pour être sauvé en ce jour") était chanté le premier jour de l’année. Il représente l’émergence des motets, morceaux polyphoniques dans lesquels une syllabe correspond à un mot ("motet" veut dire "petit mot"). L’un des initiateurs de ce style musical fut maître de l’École de Notre-Dame de 1217 à 1236, qui a composé des musiques mêlant sacré et profane.
Une méditation marialeSicut lilium inter spinas d’Antoine Brumel
Antoine Brumel (1460-1515 environ) est un représentant de la composition d’époque Renaissance à Notre-Dame. Influencé par la polyphonie flamande, il est maître de musique en 1498. Sicut lilium inter spinas ("Comme un lys parmi les épines") est une antienne de la fête de l’Assomption, qu’il écrit pour quatre voix.
Un cantique populaireVotre bonté grand die de Claude-Bénigne Balbastre
En 1725, est créé le Concert spirituel. Une institution qui organise des concerts, très en vogue alors aux Tuileries. Claude-Bénigne Balbastre (1724-1799) y joue ses morceaux, puis les reprend à Notre-Dame où il devient organiste en 1760. Une foule nombreuse vient l’écouter (et ses confrères), notamment pour cette composition qui n’a rien de liturgique. L’engouement suscité conduit même l’archevêque de Paris à annuler certaines représentations par peur de troubles à l’ordre public !
Pour honorer le Saint-Sacrement O salutaris hostia de Joseph Pollet
L’hymne eucharistique Ô salutaris hostia (« Ô réconfortante hostie ») a donné lieu à de nombreuses compositions. Parmi elles, une de Joseph Pollet (1806-1883), organiste de Notre-Dame pendant six ans, à partir de 1834. Une période qui marque le retour au faste pour l’orgue dans la cathédrale.
Une messe tout entière La Messe solennelle de Louis Vierne
Même dans la mort Louis Vierne (1870-1937) est associé à la cathédrale. Il meurt à la tribune, lors d’un concert, après trente-sept ans comme titulaire du grand-orgue où il fait venir de grands noms (Gabriel Fauré, Camille Saint-Saëns) et forme des élèves prometteurs (Maurice Duruflé, Marcel Dupré). Il a notamment composé cette Messe solennelle, ici interprétée à l’orgue par Pierre Cochereau, fameux successeur de Vierne de 1955 à sa mort en 1984.
Pour le RessuscitéLe Victimae paschali Laudes harmonisé par Jehan Revert
Avec Pierre Cochereau, Jehan Revert (1920-2015) est l’autre figure emblématique de la musique sacrée à Notre-Dame au XXe siècle. Comme maître de chapelle, de 1959 à 1991, il a mis en valeur le patrimoine musical de la cathédrale, organisé de nombreux concerts en France et à l’étranger, mais aussi harmonisé à nouveaux frais d’antiques pièces. La plus connue : le Victimae paschali laudes, séquence du jour de Pâques.