separateurCreated with Sketch.

La cuisine, le tutoiement…  les outils de François pour réfléchir sur le cœur

CUISINE-shutterstock
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Kathleen Hattrup - publié le 24/10/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
La quatrième encyclique du pape François intitulée "Dilexit nos" et publiée le 24 octobre est un texte philosophique et spirituel. Mais il n’en oublie pas non plus la simplicité qui le caractérise tant par le style que les anecdotes distillées dans le texte.

La quatrième encyclique du pape François Dilexit nos publiée le 24 octobre est d'abord un regard biblique et philosophique sur le concept de "cœur" ainsi qu’une invitation à approfondir et développer la dévotion au Sacré-Cœur de Jésus. Bien que le texte convoque de nombreuses références littéraires et spirituels telles Homère, Dostoïevski, les saints et les papes, il traduit aussi la simplicité du pape François. À commencer par le tutoiement qui créée une proximité et une aisance dans la lecture de l’encyclique.

Et puis il y a ces savoureuses anecdotes dont François fait référence au fil des pages. Parmi elles se trouve la cuisine de sa grand-mère. Et il en parle avec une sincérité et une simplicité chaleureuse :

En guise de métaphore, je voudrais rappeler une chose que j’ai déjà racontée à d’autres occasions : « Pour le carnaval, quand nous étions enfants, notre grand-mère nous faisait des biscuits, et elle faisait une pâte très fine. Ensuite, elle la mettait dans l’huile et cette pâte gonflait, gonflait et, quand nous la mangions, elle était vide. En dialecte, ces biscuits s’appelaient des “mensonges”. Et la grand-mère nous en expliquait la raison : “Ces biscuits sont comme les mensonges : ils semblent grands, mais ils n’y a rien dedans, il n’y a là aucune vérité, il n’y a aucune substance”.»

Avec toute la chaleur que la cuisine d'une grand-mère évoque, il rappelle ainsi qu’« à l’ère de l’intelligence artificielle, nous ne pouvons pas oublier que la poésie et l’amour sont nécessaires pour sauver l’homme. Ce qu’aucun algorithme ne pourra jamais prendre en compte, c’est, par exemple, ce temps de l’enfance dont nous nous souvenons avec tendresse et qui continue à se produire aux quatre coins de la planète, même si les années passent. Je pense à l’utilisation de la fourchette pour sceller les bords de ces panzerotti faits maison avec nos mères ou nos grands-mères.

Ici, il fait référence aux empanadas argentines typiques , mais la même méthode est utilisée pour les tartes à dessert et donc l'image se traduit facilement.

Le Pape continue :

C’est ce moment d’apprentissage culinaire, à mi-chemin entre le jeu et l’âge adulte, où l’on prend la responsabilité de travailler pour aider l’autre. Comme la fourchette, je pourrais citer des milliers de petits détails qui se trouvent dans la biographie de chacun : provoquer un sourire avec une plaisanterie, faire un dessin au contrejour d’une fenêtre, jouer son premier match de football avec un ballon en chiffon, conserver des vers dans une boîte à chaussures, faire sécher une fleur entre les pages d’un livre, s’occuper d’un oiseau tombé du nid, faire un vœu en cueillant une marguerite. Tous ces petits détails – ce qui est ordinaire-extraordinaire – ne pourront jamais faire partie des algorithmes. Parce que la fourchette, les plaisanteries, la fenêtre, le ballon, la boîte à chaussures, le livre, l’oiseau, la fleur... reposent sur la tendresse que l’on conserve dans les souvenirs du cœur.

Bien que les souvenirs soient simples et à la portée de tous, le Pape en profite pour développer un concept philosophique, situé au plus profond de la personne humaine :

Le noyau de tout être humain, son centre le plus intime, n’est pas le noyau de l’âme mais de toute la personne dans son identité unique qui est à la fois âme et corps. Tout s’unifie dans le cœur qui peut être le siège de l’amour avec la totalité de ses composantes spirituelles, émotionnelles et même physiques.

En un mot, si l’amour y règne, la personne réalise son identité de manière pleine et lumineuse, "car tout être humain a été créé avant tout pour l’amour, il est fait dans ses fibres les plus profondes pour aimer et être aimé".

Quand les femmes âgées pleurent

Le pape François a souvent parlé de ses grands-mères. La place des personnes âgées dans une société et une culture est l’un de ses thèmes les plus souvent répétés. Mais la douceur de la cuisine de sa grand-mère mentionnée dans l’encyclique contraste avec une autre référence, celles des grands-mères qui souffrent dans l’horreur de la guerre :

Il suffit de regarder et d’écouter les femmes âgées – de différentes parties en conflit – qui sont prisonnières de ces affrontements dévastateurs. Il est déchirant de les voir pleurer leurs petits-enfants assassinés ou de les entendre souhaiter leur propre mort parce qu’elles ont perdu la maison dans laquelle elles ont toujours vécu. Elles, qui ont été souvent des modèles de force et d’endurance au cours de vies difficiles et sacrifiées, parviennent aujourd’hui à la dernière étape de leur existence et ne reçoivent pas la paix méritée, mais de l’angoisse, de la peur et de l’indignation. Rejeter la responsabilité sur les autres ne résout pas ce drame honteux. Voir des grands-mères pleurer sans que cela nous soit intolérable est le signe d’un monde sans cœur.

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)