separateurCreated with Sketch.

Ni Génois, ni catholique ? L’ADN de Christophe Colomb révèle ses surprenantes origines

Tomb-Cristobal-Colon-Seville-shutterstock

Tombe de Christophe Colomb (Séville).

whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Clémence Nava - publié le 18/10/24
whatsappfacebooktwitter-xemailnative
Une étude génétique menée sur les restes du navigateur Christophe Colomb a mis au jour des résultats inattendus, en attente de validation scientifique, autour de son ascendance.

Il s’agit probablement de l’une des figures de l’époque moderne sur lesquelles les historiens ont le plus écrit. Plus de cinq siècles après sa mort en 1506, Christophe Colomb n’avait peut-être pas encore livré tous ses secrets. Un documentaire diffusé sur la chaîne publique espagnole RTVE le 12 octobre dernier, date anniversaire du premier débarquement de l’explorateur dans le Nouveau Monde, est venu bousculer le récit traditionnel. Intitulé L’ADN de Colomb, sa véritable origine, le programme révèle, sur la base de recherches menées par le médecin légiste espagnol José Antonio Lorente, que Christophe Colomb ne serait ni Génois, ni catholique, mais d’ascendance juive séfarade : "Nous disposons d’un ADN très partiel, mais suffisant, de Christophe Colomb, expose José Antonio Lorente dans le documentaire, ainsi que l'ADN de son fils, Fernando. Et tant dans le chromosome Y (masculin) que dans l'ADN mitochondrial (transmis par la mère) de Fernando, il y a des traces compatibles avec une origine juive." 

Attention, pas moins de 25 origines ont été attribuées à “l’amiral de la mer Océane”. Bien que son lieu de naissance n’ait pu être déterminé avec exactitude, José Antonio Lorente avance une possible origine dans l’arc méditerranéen occidental. Après avoir écarté plusieurs zones dont l’Italie et la France, “nous avons retenu la région méditerranéenne espagnole et les îles Baléares”, soutient le médecin légiste de l’université de Grenade. 

Authentification des restes de Christophe Colomb à Séville

Ces conclusions, qui viendraient clore plusieurs siècles de spéculations, doivent être accueillies avec prudence notamment en raison de l’absence de publication dans une revue scientifique. "Ce type d’enquête requiert une validation par les pairs et une publication aurait normalement dû suivre la diffusion de ce documentaire. Nous l’attendons", note Philippe Charlier, médecin légiste et directeur du laboratoire anthropologie, archéologie, biologie de l’université UVSQ/Paris-Saclay. 

En ce qui concerne la détection d’une "origine juive", là encore, une réserve s’impose. "La religion ou la culture d’un individu ne sont en aucun cas inscrites dans les gènes”, insiste Philippe Charlier. Pas plus que les "conversions forcées ou consenties au catholicisme" courantes dans l’Espagne du XVe siècle. "En revanche, l’appartenance à un groupe humain au sens d’une communauté qui partage un pôle génétique en commun, peut avoir un sens", commente-t-il. De façon plus certaine, l’analyse ADN conjointe des ossements de Christophe Colomb, de son fils et de son frère, a permis de confirmer que le squelette partiel conservé dans la cathédrale de Séville était bien celui du navigateur. 

A la fin du XIXe siècle, le mystère entourant les origines de l’explorateur avait déjà constitué une pierre d’achoppement dans le projet de canonisation porté par le Français Roselly de Lorgues et certains catholiques américains. "Christophe Colomb n’a aucun point d’attache. Il n’est donc pas possible d’engager l’enquête sous l’autorité de l’évêque d’un lieu, ce qui est la forme requise", écrivait l’anthropologue Daniel Fabre dans la revue Terrain en 1998 pour expliquer, entre autres raisons, pourquoi le projet de canonisation n’avait jamais abouti. Il n’empêche, dans l’attente d’un consensus scientifique, les hypothèses nées de cette enquête pourraient ouvrir de nouvelles perspectives d’étude sur l’existence de celui qui reste pour la postérité l’homme qui a "découvert l’Amérique". 

Vous aimez le contenu de Aleteia ?

Aidez-nous à couvrir les frais de production des articles que vous lisez, et soutenez la mission d’Aleteia !

Grâce à la déduction fiscale, vous pouvez soutenir le premier site internet catholique au monde tout en réduisant vos impôts. Profitez-en !

(avec déduction fiscale)