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Des époux bretons bientôt béatifiés ?

Les époux La Garaye

Morgane Afif - publié le 30/07/24
Les enquêtes de canonisation de Claude et Marguerite de La Garaye, surnommés les “époux charitables”, s'ouvriront dimanche 22 septembre 2024 en l’église Saint-Malo de Dinan, près du château où vécut le couple breton au XVIIIe siècle. Une nouvelle qui réjouit l’Église de France et le diocèse de Saint-Brieuc et Tréguier.

Ceux que l’Histoire a surnommés “les époux charitables” verront-ils leur nom porté au canon des autels ? C’est ce qu’espèrent les nombreux fidèles qui, en Bretagne et par-delà ses frontières, ne cessent de porter la mémoire des époux Claude et Marguerite de La Garaye de génération en génération. Nés respectivement en 1675 et 1681, mariés en 1701, c’est cette année seulement que s’ouvrent leurs enquêtes de canonisation. “Jusqu’à une date relativement récente, il n’était tout simplement pas pensable d’envisager la béatification de laïcs, et encore moins celle d’un couple qui n’avait pas été martyrisé, ni manifesté une vie mystique ou été à l’origine d’événements exceptionnels”, explique le Frère Jean-Marie Gueullette (o.p.), président de la commission historique de la cause de béatification des époux La Garaye. La première béatification d’un couple dans l’Église romaine ne date ainsi que de 2001, avec les époux Luigi et Maria Quattrocchi, sept ans avant les époux Martin. Aucun couple n’a été béatifié ensemble depuis. 

La vie exemplaire des époux charitables

“Pourtant, souligne le Frère Jean-Marie Gueullette, un an après la mort de Monsieur, l’évêque de Saint-Malo lui-même a adressé aux fidèles du diocèse une lettre vantant les ‘vertus héroïques’ de Claude de La Garaye, sans que cela n’aille plus loin, tout simplement car cela ne se faisait pas encore dans l’Église”. La mémoire des La Garaye, elle, est restée vive dans leur Bretagne natale, sans rupture et depuis plus de 250 ans, tandis que les publications biographiques et historiques ne se sont jamais taries tout ce temps. Jean Paul II lui-même a ravivé la mémoire de ceux que leur premier biographe, l’abbé Carron, avait nommés en 1782 “les époux charitables” dans ses Vies de M. le Comte et de Mme la Comtesse de La Garaye. L’enquête, d’ailleurs, repose davantage sur l’enthousiasme des fidèles que sur le travail de l’historien et les époux La Garaye s’érigent, par leur vie exemplaire, en modèles pour les couples d’aujourd’hui. 

Ruines du château de la Garaye dans les communs duquel le couple installa son hospice

Un message porté au monde d’aujourd’hui

Frappés par une stérilité causée par une chute de cheval de Madame de La Garaye, le couple trouve sa fécondité ailleurs et traverse l’épreuve ensemble. “L’infertilité fait partie de ce que les époux La Garaye peuvent dire au monde aujourd’hui, estime le Frère Jean-Marie Gueullette. Un couple qui n’a pas d’enfant peut avoir une vie extrêmement riche et riche de sens puisque la fécondité d’un couple ne repose pas sur sa fertilité”. Le couple, ainsi, surmonte le deuil d’une famille nombreuse en s’engageant ensemble, à deux, contrairement au climat général de la vie conjugale du XVIIIe siècle. 

La première enquête portera sur les vertus et la réputation de sainteté, avant le début d’une seconde enquête qui concernera cette fois le miracle nécessaire à une béatification. “Il y aura en fait deux enquêtes, précise le président de la commission historique, une sur chacun des deux époux”. Toutes deux seront tout à fait similaires “car une part considérable de la documentation concerne le couple et non pas un seul des deux époux”. L’intérêt de cette double enquête est aussi de se pencher sur chacun des époux et particulièrement sur Mme de La Garaye qui apparaît souvent en second plan derrière son mari. 

“Je pense pourtant que c’est notamment à elle que le couple doit son équilibre : il était mousquetaire, c’était un homme de feu, tandis qu’elle était beaucoup plus tempérée”. Quand le couple décide de changer de vie pour se mettre au service des pauvres, avec entrain, Monsieur de La Garaye, féru de chasse à courre, décide de vendre l’ensemble de sa très belle écurie. “C’est plus un critère de sagesse que de sainteté, mais c’est elle qui lui a intimé d’en garder quelques-uns pour continuer à monter quotidiennement pendant qu’elle se dédiait à la peinture. On peut y voir un loisir d’aristocrates, mais je pense surtout qu’elle avait conscience que pour tenir dans la durée, dans un travail si épuisant physiquement et émotionnellement, ils avaient besoin de respirer ainsi”. Grâce à cette prudence, ils se dévouent aux pauvres jusqu’à leur mort, pendant 45 ans, pour servir inlassablement et avec une dévotion habitée par une extrême charité ce Dieu souffrant dans les plus petits de ses enfants. 

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