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Le lien entre le blé, fruit de la terre et du travail des hommes, et le pain n’a rarement été aussi peu fait par ceux qui consomment leur baguette quotidienne. Le travail de la terre souvent ignoré, méprisé parfois. Pourquoi ? par manque de culture. Pour la première fois depuis l’histoire de l’humanité, l’homme contemporain ne met pas les mains dans la terre, ne fait pas le lien entre la nourriture et la terre nourricière. Haro donc sur les bassines ! Des milliers de manifestants, plus assoiffés de violence que de réflexion sur le bon usage des biens de la nature, ravagent une exploitation agricole, une ville, des commerces.
Le monde agricole incompris
Ces saccages sont bien évidemment inacceptables, inconcevables. Dans l’histoire, les actes de vandalisme n’ont conduit qu’à des malheurs et jamais rien construit pour le bien de l’humanité. Mais au-delà de ces destructions inqualifiables, il y a la cause affichée, une absence de compréhension du monde agricole qui a pour conséquence le rejet de toute évolution pourtant nécessaire pour s’adapter et mieux travailler.
Cette non-culture ou plutôt cette culture faussée par les a priori et les fausses images des fermes urbaines, des rêves bio et d’un bien-être animal qui s’exprime sans imaginer ce qu’est l’élevage d’une vache ou d’un mouton, frôle l’insulte envers les ruraux.
Pourquoi les métiers de la terre sont-ils négligés ou caricaturés ? Tout d’abord les changements importants dans le monde agricole ont ponctué le cours des siècles. D’abord cueilleurs puis chasseurs, les anciens sont devenus ensuite les éleveurs et les agriculteurs qui ont façonné les populations dans toute l’histoire de l’humanité et quelle que soit la civilisation. Les moines du beau XIIIe siècle, les botanistes du XVIIIe ou les physiocrates du XIXe ont précédé les ingénieurs actuels qui tous ont œuvré pour augmenter les récoltes, obtenir plus de qualité, optimiser le travail et surtout nourrir leurs contemporains. Nous descendons tous, à des degrés divers, d’agriculteurs, ce qui devrait produire du respect, de la considération et une certaine curiosité pour ce métier maintenant exercé par une minorité. Las, la solidarité ponctuelle qui s’est manifestée l’hiver dernier lors des grandes manifestations paysannes, a été vite oubliée : les saccages des anti-bassines et anti-tout sont revenus sans qu’un mouvement d’opinion ne soutienne les agriculteurs agressés.
Le lien agriculture et nourriture
Ces déprédations manifestent une méconnaissance dramatique de la nature et de ceux qui la magnifient pour nous nourrir tout en respectant les cycles des saisons, les caprices de la météo, les cours mondiaux aléatoires des céréales, les contraintes de l’élevage et tant de difficultés inhérentes à un métier difficile et passionnant à la fois. Cette non-culture ou plutôt cette culture faussée par les a priori et les fausses images des fermes urbaines, des rêves bio et d’un bien-être animal qui s’exprime sans imaginer ce qu’est l’élevage d’une vache ou d’un mouton, frôle l’insulte envers les ruraux. Comment peut-on juger et condamner ce que l’on ne conçoit pas ? "Tu seras agriculteur, mon fils", qui dit cela aujourd’hui en ville ?
Ils sont les bergers, les moissonneurs, les vignerons de l’Évangile, ils font le lien éternel entre l’humanité et la nature respectée, aimée tant elle est généreuse.
Et pourtant, l’on constate des vocations nouvelles, des retours à la terre qui peuvent être éphémères ou plus solides. Il en faut, car nous ne devons pas oublier ce qui nous permet de manger tous les jours. Ce lien entre agriculture et nourriture est rompu ou pas assez apparent, à l’image de ces manifestants contre l’installation d'une porcherie « industrielle » qui défilent en avalant un sandwich jambon-beurre. D’où vient le cochon ? Certainement pas d’une soue comme on en voyait encore il y a cent-cinquante ans et personne n’imaginerait élever un porc chez soi. À l’image aussi des transformateurs agroalimentaires qui affichent fièrement "nourriture végétale" sur leurs nuggets alors que ce n’est pas naturel : chacun sait qu’un poulet mange des vers de terre quand il est dans une cour de ferme.
Le vendangeur de l’Évangile
Cette culture de la nature paradoxalement, nous la côtoyons chaque dimanche. Jésus a vécu dans une civilisation rurale et les paraboles évangéliques nous font découvrir les métiers d’alors consacrés à produire de la nourriture : le pasteur et ses brebis, le vigneron, le moissonneur et son champ de blé… Quel lien entre le vendangeur de l’Évangile et celui d’aujourd’hui, entre le laboureur d’hier et son homologue, notre contemporain ? Ce sont les mêmes, seules les méthodes ont changé : respect de la terre, des saisons, travail acharné et difficile et fierté de nourrir les hommes et les femmes de son temps.
Ne serait-il pas temps de s’intéresser à l’agriculteur et le rencontrer directement, pas au salon de la porte de Versailles, pas non plus dans ces fermes idéalisées et militantes mais sur le terrain, chez lui. Certes, l’on n’est jamais certain d’être spontanément bien accueillis tant son métier est décrié. Certes, un bâtiment d’élevage ne semble pas très romantique et pourtant, quelle passionnante histoire peuvent nous raconter ces hommes et ces femmes qui chaque jour travaillent pour nous nourrir ! Ils sont les bergers, les moissonneurs, les vignerons de l’Évangile, ils font le lien éternel entre l’humanité et la nature respectée, aimée tant elle est généreuse. Ils sont aussi le lien du temps, des civilisations qui incessamment œuvrent pour nourrir les corps et les âmes. Relire l’Évangile sous un regard agricole : bien étrange proposition. Reprenons l’Évangile des champs, une autre lecture et si contemporaine… et nous ne mangerons plus une olive de la même façon !