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La réponse du scoutisme dans les quartiers vidés de sens

Les Scouts et Guides de France (SGDF) jouent de la guitare alors qu'ils participent au camp du Jamboree Scout de France 2012, au Château de Jambville

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Benoist de Sinety - publié le 26/05/24
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Quand les aumôniers nationaux des Scouts et Guides de France rencontrent des représentants des groupes des quartiers nord de Marseille, raconte le père Benoist de Sinety, le scoutisme se souvient qu’il a d’abord été créé pour des jeunes dont personne ne voulait s’occuper.

Ils arrivent de leurs quartiers, discrets et souriants, pour témoigner du quotidien. Dans un univers marqué avant toute autre chose par une incohérence qui évoque l’injustice. Sous nos yeux, la baie phocéenne qui s’étend, tranquille et scintillante, reflet plein d’espérance d’une réalité plus austère. D’un côté, les aumôniers nationaux des Scouts et Guides de France réunis en session pour évoquer les joies et les espoirs des différentes branches du mouvement, et du scoutisme en général. Et puis, ce soir-là, avec eux, des représentants des groupes des quartiers nord de la ville.

Ils disent l’importance de proposer dans ces cités abandonnées par des décennies de non-choix politiques, et qui ne tiennent que par le génie et le courage d’un tissu associatif inouï, un horizon pour ces enfants que les parents retiennent chez eux de peur que dehors ils ne tombent entre de mauvaises mains. Ils rappellent que le scoutisme a d’abord été créé pour des jeunes dont personne ne voulait s’occuper, afin de leur rendre ce dont on les privait par négligence ou par cynisme : le goût de vivre ensemble dans une fraternité responsable, et la découverte de leur place dans la création, enfants d’un même Père.

Inclure les enfants les plus fragiles

« Inclusion » : ce mot qui fait si souvent soupirer ou sourire dans certains milieux catholiques où rien ne compte tant que de préserver sa position. Le voici qui retrouve ici sa pleine signification. Inclure les enfants les plus fragiles, porteurs de handicaps psychiques par exemple, ou accueillir des jeunes de différentes religions et travailler avec confiance avec des musulmans qui se savent, paisiblement, inscrits dans un mouvement chrétien sans pour autant s’y sentir suspects. Permettre aux jeunes Arméniens issus des différentes vagues de migrations de pouvoir avancer ensemble et de prendre place dans un pays qui est le leur alors qu’ils sont réputés venir d’ailleurs...

Comment le scoutisme, poussé par toutes ces énergies, cet enthousiasme, cette foi aussi, est-il une réponse aux questions vertigineuses que posent à notre société ces ceintures humaines qu’on a vidé de sens en y stérilisant l’espoir ? On est loin des grands discours généraux qui ne savent que dilapider des paquets d’argent, à la manière de parents absents qui achètent le pardon de leurs enfants en les inondant de billets de banque. Avec l’idée toujours factice qu’ils leur en seront, finalement, reconnaissants. 

Un témoignage à porter

Avec d’autres initiatives, comme le Rocher par exemple, les baptisés cherchent à annoncer le Royaume en tentant de relever les ruines qui se trouvent à leur portée. Annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle du salut ; aux captifs la délivrance ; aux affligés, la joie : n’est-ce pas la condition pour manifester la présence du Ressuscité au cœur du monde ?

À l’heure où, de Nouméa à Paris, les discours s’inquiétant d’un « grand remplacement » créateur de peurs et de violences, semblent s’imposer sur toute parole rationnelle ; à l’heure où l’on explique, sans crainte du ridicule, qu’il faudrait élever un mur physique aux frontières de l’Europe, il est des hommes simples qui savent bien que l’avenir du monde se situe dans ce don de soi, sans naïveté, mais avec confiance. Car ils croient en la puissance de l’Amour et du Bien : ils en connaissent la source. Ils essayent de manifester dans leurs engagements que cette foi n’est pas qu’une culture à défendre, mais un témoignage à porter.

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