À Mossoul, les chrétiens continuent patiemment de panser les plaies de la guerre et font revivre leur patrimoine religieux. Mgr Louis Raphaël Sako, patriarche de l'Église chaldéenne, a inauguré vendredi 5 avril l'église et l'école Notre-Dame du Perpétuel Secours, situées dans le quartier Al-Dawasa. Construites en 1944 et 1946, elles avaient toutes deux été détruites par l'État Islamique, en 2014. La cérémonie d'inauguration s'est déroulée en présence de nombreux représentants et dignitaires de la ville de Mossoul, chrétiens, musulmans, et yézidis confondus. Elle a été suivie d'une messe de bénédiction, à laquelle ont assisté plusieurs évêques et l'ensemble du personnel enseignant de l'école. "C'est une joie spirituelle et culturelle de célébrer l'ouverture de cette église et de cette école, de ce grand édifice éducatif", s'est réjoui Mgr Sako durant son sermon.
Faire revenir les chrétiens de Ninive
Pour Mgr Sako, cette reconstruction est une preuve supplémentaire de la résilience de la communauté chrétienne d'Irak, martyrisée par le règne de Daesh. Le patriarche, toujours en exil au Kurdistan après avoir dû quitter Bagdad, a de nouveau encouragé les chrétiens à revenir sur leur terre après l'avoir massivement quittée. "Il s’agit d’une réalisation remarquable qui pourrait encourager les chrétiens à retourner dans leur chère ville, avec la certitude qu’elle contribuera à instaurer la confiance, à promouvoir une coexistence harmonieuse et à préserver le tissu magnifique et diversifié de Mossoul", a ainsi déclaré Mgr Sako qui a tenu à rappeler la présence multimillénaire des chrétiens dans la plaine de Ninive. "Aujourd’hui, les chrétiens sont toujours en danger et souffrent de la privation de droits, de la marginalisation et de l’exode", a encore affirmé le patriarche avant de formuler un véritable plaidoyer pour la défense des droits des chrétiens irakiens. "Nous attendons avec impatience (...) que le gouvernement actuel prenne des mesures pratiques pour construire un État de citoyenneté, un État de droit, de justice et d'égalité, et non un État basé sur le sectarisme, les quotas et les composantes... un État désireux de parvenir à la paix, à la stabilité, à la confiance, à l'égalité et à la justice."
Si l'Irak est désormais libéré du Califat islamique imposé par Daesh, les chrétiens sont toujours confrontés à de graves difficultés économiques et à de multiples discriminations les empêchant de rester dans leur pays. "Les craintes sont grandes pour l’avenir. Des familles par centaines ont quitté la plaine de Ninive afin de trouver un refuge stable et de pouvoir éduquer leurs enfants. Même si la paix en tant que telle est revenue, ces chrétiens-là ne reviennent pas", avait confié Mgr Sako à Aleteia il y a quelques mois. Avant la chute de Saddam Hussein, l’Irak était le pays du Proche-Orient qui comptait le plus de chrétiens. Ces derniers, pleinement irakiens, vivent sur cette terre depuis près de 2.000 ans. Après la guerre de 2003, la descente aux enfers a progressivement commencé, pour trouver un point d’orgue avec l’avènement de Daesh en 2015. Alors qu'ils étaient 1.5 million en 2003, seuls 500.000 continuent de vivre en Irak, selon les dernières estimations.