Marie saura tout au long de sa vie se soustraire à la notoriété et à toute tentation d’apparaître, ce qui aurait pourtant pu être légitime au regard de sa place et de son rôle. À l’image de son Fils qui délaissa très tôt les honneurs publics jusqu’à l’infamie de la mort sur la croix, la Vierge Marie laisse ce monde pour que l’Église puisse annoncer la Bonne Parole par l’intermédiaire des disciples de son Fils. Le christianisme naissant n’est ainsi pas une affaire de personne mais de foi.
Cependant, cette même Église qui grandira au fil des siècles en nombre et en puissance souhaitera néanmoins rendre hommage à Marie avec le dogme de l’Assomption. Un hommage que la mère de Dieu (du grec Théotokos) méritait assurément, ce que notait déjà au IVe siècle l’évêque et théologien Épiphane de Salamine : "L’Écriture a gardé un silence complet à cause de la grandeur du prodige".
L’Assomption, un dogme
Le terme Assomption ainsi que le rappelle le Dictionnaire de l’Académie française vient du latin assumere qui signifie "prendre avec soi", "enlever" et renvoie à cette conviction selon laquelle Marie au terme de sa vie a été élevée, corps et âme, pour être menée au ciel rejoindre son Fils. Ce dogme de l’Assomption de Marie - qui ne doit pas être confondu avec l’Ascension au ciel de Jésus après sa Résurrection - a été institué seulement au XXe siècle. C’est, en effet, la constitution apostolique Munificentissimus Deus du pape Pie XII, le 1er novembre 1950 précisément, qui posa officiellement le dogme de l’Assomption. Une position audacieuse puisque ce dogme, s’il est absent de la Bible, consacre cependant une longue tradition venue de l’Orient chrétien, notamment sous la plume des Pères de l’Église.
Longue sera en effet la liste de ces théologiens tels Éphrem le Syrien, Épiphane de Salamine, Grégoire de Tours qui souligneront le fait que le corps de la Vierge qui avait donné naissance au Verbe incarné se devait ainsi de participer à la gloire de son Fils après sa vie terrestre en étant élevé aux cieux. Soulignons que l’Église orthodoxe ne retient pas le dogme de l’Assomption de Marie, mais sa Dormition. Enfin, bien qu’orthodoxes et catholiques aient choisi la même date, celle du 15 août, pour fêter la Vierge Marie, Benoît XVI a, cependant, souligné que la Dormition de la Vierge précédait, pour les catholiques, l’Assomption de Marie (Angélus 15 août 2008).
L’Assomption des artistes
Les artistes ont très tôt dans l’histoire figuré le dogme de l’Assomption alors même que celui-ci fut reconnu tardivement en occident au milieu du XXe siècle. Par leurs œuvres, peintres et sculpteurs suggéreront, en effet, de diverses manières l’élévation du corps de Marie. L’une d’entre elles réalisée par le grand peintre italien Giovanni Battista Tiepolo (1696–1770) force l’admiration par sa grâce et majesté. L’œuvre destinée à l’Oratoire de la Pureté en Udine dans le Frioul italien échappa miraculeusement aux nombreuses bombes qui s’abattirent sur l’église lors de la Seconde Guerre mondiale. Cette vaste fresque s’étendant au plafond de l’Oratoire manifeste l’art éclatant de Tiepolo avec ce contraste saisissant du sol de la sépulture entouré de disciples dans la pénombre et l’élévation radieuse de Marie vers les nuées, Marie supportée d’anges célestes l’accompagnant dans la gloire, non point la sienne, mais celle de Dieu qu’elle suggère d’un geste de main évocateur.