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Trois Évangélistes, Marc, Matthieu et Luc, rapportent ce court épisode ayant eu lieu, tout comme le miracle de Jésus marchant sur les flots, sur le lac de Tibériade. Seuls Jésus et ses disciples sont témoins de cet évènement dont Marc (Mc 4,35-41) retient une présentation sobre alors même que la scène sera aussi brève qu’exceptionnelle, écoutons-le :
Survient une violente tempête. Les vagues se jetaient sur la barque, si bien que déjà elle se remplissait. Lui dormait sur le coussin à l’arrière. Les disciples le réveillent et lui disent : "Maître, nous sommes perdus ; cela ne te fait rien ?"
Il n’était pas rare qu’éclatent de violentes tempêtes sur ce lac qui pouvait alors se transformer en une véritable mer démontée. Mais, à l’étonnement de ses disciples, Jésus dort, mentionne l’évangéliste avec cette surprenante précision – sur un coussin à l’arrière - rendant plus réaliste encore le récit. Or, ces hommes pourtant habitués à pêcher et à la dureté des éléments prennent peur et doutent : leur fin est proche et Celui qui est là pour les sauver sommeille… Cette angoisse pointe dans leur interrogation jusqu’à ce que Jésus s’éveille, menace le vent en lui intimant de se taire et que le calme revienne immédiatement. Jésus les questionne alors "Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?" comme pour mettre cette dernière à l’épreuve. Deux éléments centraux structurent ainsi ce bref récit : le pouvoir divin de Jésus sur les éléments soumis à sa volonté et la foi encore fragile de ses disciples, ces derniers toujours dans une grande crainte malgré le calme revenu s’interrogeant encore au terme de ce miracle : "Qui est-il donc, celui-ci, pour que même le vent et la mer lui obéissent ?"…
La maîtrise des éléments
La mer déchainée, les cieux tourmentés et la barque malmenée par les éléments sans oublier les disciples apeurés offrent dans ce récit biblique un contraste saisissant avec le calme absolu de Jésus qui à peine éveillé va enjoindre à la tempête de se taire… Bien avant cet épisode rapporté par les évangélistes, le thème même de la tempête sur les flots était déjà évoqué dans l’Ancien Testament notamment aux psaumes qui développent cette dimension ou force divine sur les éléments. Ainsi, le Psaume 88 rappelle très précisément cette puissance : "C'est toi qui maîtrises l'orgueil de la mer ; quand ses flots se soulèvent, c'est toi qui les apaises."
Le Psaume 106 reprend également cette symbolique :
Dans leur angoisse, ils ont crié vers le Seigneur, et lui les a tirés de la détresse, réduisant la tempête au silence, faisant taire les vagues. Ils se réjouissent de les voir s'apaiser, d'être conduits au port qu'ils désiraient.
Arriver à bon port, malgré les tempêtes de la vie, sera effectivement le souhait de bien des hommes, mais cela ne sera possible que grâce au soutien divin…
Le pape François dans son homélie du 27 mars 2020 commentera ce miracle en relevant que c’est la première fois que nous "voyons "Jésus dormir, contraste saisissant avec l’angoisse et l’effroi qui saisissent ses disciples en pleine nuit propice à la peur. "Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?" Face au questionnement de Jésus, le Pape relèvera alors : "Seigneur, tu nous adresses un appel, un appel à la foi qui ne consiste pas tant à croire que tu existes, mais à aller vers toi et à se fier à toi", cette confiance qu’il nous appartient de cultiver en séparant ce qui est nécessaire de ce qui ne l’est pas. Cette réorientation de la vie symbolisée par le cheminement de la barque parmi les éléments déchainés peut ainsi offrir à chacun de nous une belle méditation de tous les instants.
Stupeur et effroi saisis par les artistes
Le miracle de La Tempête apaisée a inspiré bien des artistes notamment le grand peintre flamand, Rembrandt, qui a su au XVIIe siècle en une œuvre puissante rendre toute la dimension dramatique du court passage des Évangiles rapportant cet évènement. Pour cette toile - Christ marchant sur les flots (1632-33) - malheureusement volée au musée de Boston en 1990 (et non encore retrouvée), le peintre a fait choix de retenir un Jésus tout juste réveillé par ses disciples et encore accoudé au coussin qui protégeait sa tête lors de son sommeil… c’est le calme et l’assurance de la foi qu’a à l’évidence souhaité rendre Rembrandt par ce tableau chargé de symbolique.
Le peintre Eugène Delacroix, deux siècles plus tard, dans une œuvre intitulée "Jésus endormi pendant la tempête" réalisée en 1853 préférera quant à lui retenir le début de l’épisode au cours duquel le Maître reste assoupi une main appuyée sous sa tête auréolée alors que la tempête se déchaine et que les disciples s’affolent et prennent peur…
Si la force dramatique retenue par l’artiste français semble quelque peu plus réaliste que celle de Rembrandt dans l’évocation d’une tempête en pleine mer, l’œuvre de Delacroix témoigne surtout de manière plus marquée de l’affolement général des disciples (à l’exception d’un seul qui demeure endormi aux côtés de Jésus, probablement Jean toujours proche de lui) et qui se pensent perdus… "Pourquoi êtes-vous si craintifs ? N’avez-vous pas encore la foi ?", demandera alors Jésus faisant taire la tempête…