"Quitte ton pays, ta parenté et la maison de ton père, et va vers le pays que je te montrerai" (Gn 12, 1). Ces mots que le Seigneur adresse à Abraham, Geneviève, infirmière, Sylvain, professeur de musique et Jean-Emmanuel, qui travaille dans la restauration, les ont reçus à leur tour lorsque la question de partir en mission leur est apparue. Ces jeunes trentenaires, tous les trois déjà bien installés dans leur vie professionnelle, ont décidé de mettre de côté le confort de leur vie quotidienne de citadins pour se donner au service des plus démunis.
Au service de l’autre pour retrouver un sens à sa vie
Parisienne, Geneviève réussit brillamment sa carrière professionnelle. Partagée entre son travail dans un hôpital privé du XIVe arrondissement et "une vie bien rangée à Paris, entre sa carrière, ses amis et ses loisirs", la jeune femme ressent un vide qui peu à peu fait naître en elle l’envie de se donner davantage. "Pendant mes études, explique-t-elle, j’ai travaillé au SAMU social et j’ai aimé le contact avec les personnes en situation de précarité. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai d’ailleurs choisi ce métier. Au bout de quelques années en hôpital privé, auprès de patients aisés, j’ai voulu retrouver ce qui m’avait donné le goût de ce métier et ce contact avec les plus démunis, alors j’ai mis fin à mon CDI et je suis partie".
Après des études de musicologie et l’obtention des concours de l’enseignement, Sylvain a travaillé plusieurs années dans un établissement scolaire des Hauts-de-Seine comme professeur de musique. Envoyé par les MEP à l’Île Maurice, lui aussi explique avoir eu besoin "d’un certain renouveau" : "J’étais bien installé dans ma carrière d’enseignant et ma vie tranquille en région parisienne. J’avais besoin de sortir de cette routine confortable dans laquelle je m’endormais. Avant de me décider à partir en mission, j’ai d’abord pensé à changer d’établissement ou de région, puis à prendre des responsabilités dans la direction ou l’accompagnement d’élèves".
Depuis Taïwan, Jean-Emmanuel témoigne à son tour : "Je suis arrivé à un moment où ma vie me semblait manquer de sens. Plusieurs choix s’offraient alors à moi : partir loin et profiter de la vie, me lancer un grand défi sportif ou choisir la charité pour partir en mission. C’est cette troisième option qui me paraissait répondre à ce que je cherchais. Travaillant dans la restauration, le Covid est venu bouleverser mon milieu professionnel et ce métier de contact, de joie et de partage. Il m’a semblé que changer de pays et me donner au service de l’autre et de l’Église m’aiderait à y voir plus clair, alors j’ai quitté mon CDI et je me suis donné un an pour vivre de mes petites économies avant de revenir en France pour retrouver du travail".
Trouver Dieu pour se trouver soi-même
Envoyée au Timor oriental, un petit pays au Sud-Est de l’Indonésie, pour une mission d’un an, Geneviève travaille comme infirmière dans un dispensaire tenu par des Jésuites. "C’est sûr, travailler comme infirmière ici n’a presque rien à voir avec ce que j’avais l’habitude de faire à Paris. On a beaucoup moins de matériel : le Timor ne possède aucune usine et est complètement dépendant des pays frontaliers, notamment de l’Indonésie. Les médicaments sont tous importés et les approvisionnements incertains". Si fondamentalement, son travail ne change pas, c’est une manière complètement différente de l’exercer, et la jeune femme y voit aussi l’occasion de développer ses qualités professionnelles ailleurs qu’en France. "Je vois aussi dans la mission le moyen de développer ma relation à Dieu et de me replonger dans ce lien qui s’était un peu distendu, enfoui dans le confort de ma vie quotidienne à Paris. Ici, je suis loin de mes proches, je rencontre des gens qui traversent des choses difficiles, et je retrouve quelque chose de l’essentiel et de cette amitié intime, simple et belle, avec le bon Dieu".
"Prendre du recul pour réfléchir à sa carrière"
"Je ne suis pas encore fixée sur mon retour, témoigne Geneviève. Plusieurs options s’offrent à moi : reprendre dans le libéral ou dans une structure différente de l’hôpital, reprendre des études pour me spécialiser ou pour devenir directrice d’EHPAD, donner des cours dans une école d’infirmière ou me former en art-thérapie. Cette année est aussi l’occasion de prendre du recul pour réfléchir à ma carrière et d’ailleurs, je ne suis pas certaine de reprendre du service dès mon retour".
Sylvain lui aussi se laisse du temps pour réfléchir à la suite : "L’avantage de mon métier, c’est que j’ai pu demander une disponibilité : ce n’était donc pas un grand pas dans le vide, puisque je suis assuré de retrouver un poste à mon retour. J’ai cependant assez vite balayé l’idée de retourner dans le même établissement, et je pense finalement reprendre à mi-temps pour faire évoluer ma carrière différemment".
"Sur la partie technique, ajoute Jean-Emmanuel, c’est vrai qu’on lâche son appartement, on dit au revoir à ses amis, à ses petits plaisirs, à son confort et même à une certaine insouciance. Aujourd'hui, je pense reprendre dans la restauration mais avec des objectifs bien plus affirmés : c’est un milieu exigeant mais qui me plaît et dans lequel je m’épanouis profondément". Sylvain, lui, conclut : "Mes projets ne sont plus les mêmes qu’en partant. Si professionnellement, je n’envisage pas non plus une reconversion, j’ai vraiment à cœur de chercher à faire coïncider avec mon travail cet esprit missionnaire que l’on touche ici plus concrètement. Je pense même que je repartirai, d’une manière ou d’une autre".
Pratique
Prochaines dates de formation : du 23 au 29 octobre 2023 et du 29 janvier au 4 février 2024.
Pour plus d’informations, il est possible de contacter Jean-Louis Ghazal à cette adresse: jeanlouisghazal@volontairemep.com, ou rendez-vous sur : volontairemep.com.
En partenariat avec Volontaire MEP