C’est une histoire qui avait profondément choqué l’Australie. Le 23 janvier 1999, Graham Staines, alors qu’il se trouvait dans le village de Manoharpur (Inde) en compagnie de ses deux fils de 10 et 6 ans pour assister au rassemblement annuel de chrétiens de la région, a été attaqué dans sa voiture par une cinquantaine de fondamentalistes hindous armés de haches. Piégés à l’intérieur et empêchés de sortir, lui et ses enfants seront brûlés vifs. C'est son histoire que le réalisateur Aneesh Daniel a décidé de raconté dans le film “Le Prix de la Vérité”, en salles ce mercredi 10 mai. Graham Staines, interprété ici par Stephen Baldwin, était un missionnaire évangélique travaillant depuis 1965 au sein de la Mayurbhanj Leprosy Home, une léproserie qui soignaient les malades les plus pauvres, souvent rejetés par leurs propres familles. Sa veuve, Gladys Staines (Shari Rigby), pardonnera à ses meurtriers, menés par Dara Singh, un activiste membre du Bajrang Dal, une organisation de jeunesse nationaliste.
"Dire à quel point son travail fut beau"
"Il était important pour moi de raconter une histoire vraie, de faire jouer de véritables lépreux, de mettre en scène le lieu même où Graham Staines a soigné ces gens, de raconter à quel point le travail qu’il a accompli en Inde fut beau", confie le réalisateur Aneesh Daniel à Aleteia. "J’ai rencontré sa femme et ceux qui l’ont connu : l’un des acteurs a été, par exemple, son chauffeur, le fils de deux lépreux que Graham a soignés ; Graham Staines et sa femme sont aujourd’hui très connus en Inde, non seulement chez les chrétiens mais aussi parmi les hindous. Les gens se demandent : par quelle force a-t-elle été capable de pardonner aux meurtriers de son mari ?", ajoute-t-il. Le film met également en scène, parallèlement à l’histoire de Staines, celle, fictive, de Manav Banerjee, un jeune journaliste ambitieux qui acceptera d’enquêter, malgré l’absence de preuves, sur les conversions forcées que, par haine ou par intérêt, on attribue alors au missionnaire.
Stephen Baldwin incarne avec force le personnage de Graham Staines dont le caractère énigmatique interroge. Derrière la résolution dont il fait preuve, dissimule-t-il ses véritables intentions ? Le trouble ainsi jeté, le film se lit aussi bien à travers le regard du missionnaire que celui de Manav Banerjee, contraint de travailler pour sauver sa jeune épouse malade et désespérant de ne pas trouver de quoi accuser celui qui, malgré lui, le fascine par son œuvre, au point de se risquer à fabriquer des preuves de toutes pièces.
L’exemple de Graham Staines a contribué à la reconsidération de la place des lépreux dans la société indienne. Malgré tout, les lois anti-conversion, les mêmes qui ont mené à sa mort, sont maintenues, et même nouvellement votées dans plusieurs États du pays. Au sujet des persécutions subies par les chrétiens, Aneesh Daniel déclare : "Les chrétiens sont et seront, du temps de Graham Staines, il y a deux cents ans ou aujourd’hui, victimes de la haine collective. Mais ils sont toujours là. Nous devons faire ce que nous avons toujours fait, nous mettre à genoux et prier, nous dépouiller de nos biens et les donner aux pauvres. C’est ainsi que nous réussirons."
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