Intérêt vient du latin interesse, intéressé par ce qui importe, ce qui est entre moi et quelque chose ou quelqu’un, dans une attention favorable. Ce peut être curiosité ou attirance, par les sens ou par l’esprit. Forme atténuée de l’anticipation qui est contre la surprise, l’intérêt est contre la distraction. C’est ce qui motive, explique, fait réfléchir, justifie une action quelconque. Quelle belle émotion qui nous fait découvrir tant de choses !
La question est la finalité de l’intérêt : soi ou les autres ? "L’amour… ne cherche pas son intérêt" (1 Co 13, 5) Pour contrer l’égoïsme, le narcissisme, la conversion se situe dans chercher un intérêt, et non son intérêt. C’est tout le sens de la chasteté, où la raison va "châtier" (c’est son étymologie) la convoitise, qui vise à tourner pour soi l’usage exclusif d’un plaisir, pour orienter le cœur vers des plaisirs sains, à user des choses dans leur finalité naturelle, à s’intéresser à l’autre sans prédation, à équilibrer le corps et le cœur en matière de sexualité.
Mal comprise aujourd’hui, elle est plutôt rejetée, alors qu’elle réoriente nos désirs vers des finalités plus hautes. C’est une vertu reine dans les rapports sociaux, dans le mariage comme dans la vie consacrée. La chasteté n’est-elle pas un combat qui vise toujours plus haut en plaçant l’intérêt vers toujours plus loin, plus vrai, plus pur ? Car nous sommes faits pour cela et notre bonheur ne se limite pas à notre intérêt présent. Pourtant pour l’heure, notre bonheur est toujours dans le don, et le don débarrassé de l’intérêt. "L’homme ne peut pleinement se trouver que dans le don désintéressé de lui-même" (Vatican II, Gaudium et Spes 24, 3).