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Quand l’Église a-t-elle commencé à utiliser des hosties ?

Hostie
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Lucia Graziano - publié le 04/03/23
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L’utilisation des hosties rondes et sans levain est certes très ancienne, mais elle ne remonte pas au début de l’ère chrétienne.

Les évangiles sont clairs : lors de la dernière Cène, Jésus a "pris du pain" (Lc 22,19). Nous savons aussi que Jésus a utilisé du pain azyme, et donc sans levain, symbole de la Pâque juive. Pourtant, le pain azyme et les hosties ne sont pas exactement la même chose et n'ont pas non plus la même apparence. Alors, quand la coutume d'utiliser les hosties rondes et plates lors des célébrations liturgiques est-elle apparue ?

La coutume est certes très ancienne, mais ne remonte pas au début de l’ère chrétienne. En effet, si les prêtres des premiers siècles consacraient des pains au levain ordinaires, ce n’est probablement qu’au VIIe siècle que les hosties ont commencé à être utilisées.

La diffusion des hosties dans l'Europe carolingienne

En 693, le seizième concile de Tolède décide que les pains qui vont être consacrés doivent être préparés spécifiquement pour la messe et que l'on s'assurera de les fabriquer de petite taille. Au VIIIe siècle, le savant et théologien anglais Alcuin d'York se prononce en faveur des pains plats sans levain, en soulignant leur similitude avec le pain sans levain que Jésus avait consommé lors de la Cène. À la même époque, le moine bénédictin et théologien Raban Maur souligne également que l'Ancien Testament interdisait explicitement l'utilisation de pain au levain pour les sacrifices. Même si la Nouvelle Alliance avait permis aux chrétiens de sortir de nombreux interdits, le saint considérait que les hosties sans levain devaient être privilégiées. 

Au IXe siècle, la coutume est bien établie. De nombreux liturgistes semblent la tenir pour acquise et les archives ecclésiastiques commencent à garder trace de l'achat massif de moules pour hosties, souvent décorés avec des images à thème sacré. Plus significatifs encore, les écrits des Xe et XIe siècles rapportent les protestations de certains "traditionalistes" qui n'appréciaient pas cette innovation et auraient voulu continuer à consacrer les pains au levain habituels. Ce sont précisément ces critiques isolées qui nous permettent de deviner la diffusion de cette nouvelle pratique à l’époque.

Comme de petites monnaies blanches pour enrichir l'âme

Ces hosties étaient préparées exclusivement par des religieux qui profitaient de ces moments pour prier ou chanter des hymnes sacrés. Puis ils distribuaient les hosties aux églises qui en faisaient la demande. Cependant, il ne s’agissait pas encore des hosties que nous connaissons aujourd'hui. Selon les sources de l’époque, leur diamètre était plus grand. Il était habituel par exemple de les empiler sur le calice de la messe, ce qui présuppose évidemment que les hosties étaient plus grandes que le calice. D’autres sources nous disent aussi qu’elles étaient assez grandes pour en consommer les fragments pendant plusieurs semaines. 

Pour éviter que de petits fragments ne se dispersent pas lors de la rupture répétée du pain, les moines ont ressenti le besoin de passer à des "portions individuelles".

Cependant, la consistance des hosties était extrêmement friable. Alors pour éviter que de petits fragments ne se dispersent pas lors de la rupture répétée du pain, les moines ont ressenti le besoin de passer à des "portions individuelles". C’est ainsi que sont nées les petites hosties rondes qui sont encore aujourd’hui utilisées à la messe. 

Même dans ce cas, certains moralistes furent en désaccord car ces hosties ressemblaient à des pièces de monnaie. Cependant, cette critique fut rapidement réinterprétée sous un jour positif par le théologien Honoré d’Autun (XIIe siècle). L’analogie était tout à fait pertinente. Il était en effet intéressant de voir que le nom de Dieu était imprimé sur les hosties, tout comme le nom des rois de la terre sur les monnaies. Les hosties aussi, en effet, sont des pièces de monnaies, et parmi les plus précieuses : les seules avec lesquelles il est possible d’enrichir l’âme et de jouir du privilège d’entrer en cœur à cœur avec Dieu. 

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